SOURCE - Christian Laporte - La Libre Belgique - 13 octobre 2006
Le Pape s'apprête à réhabiliter pleinement la messe en latin. Une partie de la Curie estime cependant qu'il va trop loin. Les traditionalistes jubilent car le Vatican est prêt à faire des concessions. Depuis plusieurs semaines, les traditionalistes annoncent avec une joie non dissimulée mâtinée d'accents triomphalistes que Benoît XVI va publier un Motu proprio qui va pleinement réhabiliter la messe traditionnelle de Pie V. Singulier contraste : au Vatican, on confirme l'information tout en manifestant une certaine gêne à s'exprimer sur le sujet. C'est qu'il divise au sein même de la hiérarchie ecclésiale : une bonne partie de la Curie estime que le Pape va trop loin. En effet, en donnant raison aux intégristes, ces derniers pourraient en conclure que la haute hiérarchie ecclésiale serait aussi prête à reculer sur les acquis du concile Vatican II et à revenir sur l'ouverture au monde et aux autres religions qui caractérisent l'Eglise depuis le milieu des années 60. Ce serait introduire le loup dans la bergerie avec le risque de provoquer la bisbrouille entre les catholiques eux-mêmes...
Mais voilà, alors qu'il n'est pas aussi favorable au dialogue interreligieux que son prédécesseur - que l'on se rappelle la mise au pas de la communauté d'Assise - le Pape a, à l'inverse, toujours été un grand supporter de la messe célébrée selon le rite tridentin. Il avait même écrit un livre sur la question et ce n'est pas un hasard s'il a été réédité en italien et présenté avec un certain faste, le printemps dernier, à la salle de presse du Vatican. Il faut dire qu'il n'hésita pas à condamner "les fanatismes (!) du débat post-conciliaire sur la liturgie". Et comme il ne pouvait plus le dire lui-même, il avait fait donner de la voix par Mgr Malcolm Ranjith Patabendig, le "numéro deux" responsable des cultes et de la discipline des cultes au Vatican. Bigre, tout en vantant les mérites de la messe dos au peuple, cet ancien nonce considérait certaines modernisations comme "des directions erronées". Et de s'en prendre à "l'abandon du sacré, la confusion des rôles entre les laïcs et les prêtres ou encore certains changements qui ont vidé les églises en les protestantisant". Et pour ceux qui auraient osé en douter "l'ancien missel de la messe dite de Pie V n'a jamais été aboli".
Selon les indiscrétions romaines, le texte du Pape qui remplacera celui de 1988, lorsque Mgr Lefebvre s'était mis hors de l'institution, ira encore un peu plus loin puisqu'il mettrait sur le même pied les deux rites mais en affirmant qu'il n'y en a qu'un sous deux formes égales : l'un ordinaire, entendez : la messe actuelle et l'autre extraordinaire, à savoir la messe en latin. Les conséquences ne sont pas minces : là où aujourd'hui, les prêtres et les groupes traditionalistes devaient demander une dérogation à l'évêque du lieu, il n'y aura plus aucun obstacle à ce qu'ils disent la messe "à l'ancienne".
Ce n'est pas le seul cadeau fait aux intégristes : après sa rencontre-surprise avec Mgr Fellay, le successeur de Marcel Lefebvre, le Pape a réintégré un groupe de dissidents bordelais et on annonce d'autres gestes en direction des schismatiques.
De quoi faire froncer quelques sourcils épiscopaux. Certes, beaucoup ne se confient que dans la discrétion mais l'évêque de Metz, Mgr Pierre Raffin, a dit tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. Dans un article de la "Revue d'éthique et de théologie morale", il a dit qu'il s'inclinerait devant Rome mais ajoutait que pour lui "la messe n'est pas un saint spectacle auquel assistent des fidèles recueillis". Mais sa plus grande crainte est que cela nuise à l'unité de l'Eglise catholique. Benoît XVI n'ignore pas que sa décision fera l'objet de débats tranchés. C'est pourquoi il a décidé de promulguer un décret d'initiative. Le texte a déjà été lu et relu mais on dit que le Pape n'est pas pressé...
Mais voilà, alors qu'il n'est pas aussi favorable au dialogue interreligieux que son prédécesseur - que l'on se rappelle la mise au pas de la communauté d'Assise - le Pape a, à l'inverse, toujours été un grand supporter de la messe célébrée selon le rite tridentin. Il avait même écrit un livre sur la question et ce n'est pas un hasard s'il a été réédité en italien et présenté avec un certain faste, le printemps dernier, à la salle de presse du Vatican. Il faut dire qu'il n'hésita pas à condamner "les fanatismes (!) du débat post-conciliaire sur la liturgie". Et comme il ne pouvait plus le dire lui-même, il avait fait donner de la voix par Mgr Malcolm Ranjith Patabendig, le "numéro deux" responsable des cultes et de la discipline des cultes au Vatican. Bigre, tout en vantant les mérites de la messe dos au peuple, cet ancien nonce considérait certaines modernisations comme "des directions erronées". Et de s'en prendre à "l'abandon du sacré, la confusion des rôles entre les laïcs et les prêtres ou encore certains changements qui ont vidé les églises en les protestantisant". Et pour ceux qui auraient osé en douter "l'ancien missel de la messe dite de Pie V n'a jamais été aboli".
Selon les indiscrétions romaines, le texte du Pape qui remplacera celui de 1988, lorsque Mgr Lefebvre s'était mis hors de l'institution, ira encore un peu plus loin puisqu'il mettrait sur le même pied les deux rites mais en affirmant qu'il n'y en a qu'un sous deux formes égales : l'un ordinaire, entendez : la messe actuelle et l'autre extraordinaire, à savoir la messe en latin. Les conséquences ne sont pas minces : là où aujourd'hui, les prêtres et les groupes traditionalistes devaient demander une dérogation à l'évêque du lieu, il n'y aura plus aucun obstacle à ce qu'ils disent la messe "à l'ancienne".
Ce n'est pas le seul cadeau fait aux intégristes : après sa rencontre-surprise avec Mgr Fellay, le successeur de Marcel Lefebvre, le Pape a réintégré un groupe de dissidents bordelais et on annonce d'autres gestes en direction des schismatiques.
De quoi faire froncer quelques sourcils épiscopaux. Certes, beaucoup ne se confient que dans la discrétion mais l'évêque de Metz, Mgr Pierre Raffin, a dit tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. Dans un article de la "Revue d'éthique et de théologie morale", il a dit qu'il s'inclinerait devant Rome mais ajoutait que pour lui "la messe n'est pas un saint spectacle auquel assistent des fidèles recueillis". Mais sa plus grande crainte est que cela nuise à l'unité de l'Eglise catholique. Benoît XVI n'ignore pas que sa décision fera l'objet de débats tranchés. C'est pourquoi il a décidé de promulguer un décret d'initiative. Le texte a déjà été lu et relu mais on dit que le Pape n'est pas pressé...