Mgr Fellay devrait demander au Vatican la fin de l'excommunication des évêques de la Fraternité Saint-Pie X. Dernière condition au feu vert de Benoît XVI. Mgr Bernard Fellay serait sur le point de répondre à la très simple condition posée par Rome pour une levée de l'excommunication qui pèse sur les évêques de la Fraternité Saint-Pie X depuis 1988 : en faire la demande officiellement au Pape. Le supérieur de cette Fraternité fondée par Mgr Marcel Lefebvre en 1970 a en effet annoncé au Figaro son intention d'envoyer un courrier à Benoît XVI contenant cette requête ainsi qu'une demande de libéralisation de la messe selon le rite tridentin (messe en latin). « Cette lettre, qui est aussi une lettre de soutien au Pape face aux adversités présentes et à venir, devrait être envoyée avant la fin du mois », a-t-il assuré.
«Ce serait un grand geste»
Elle serait une réponse à un courrier envoyé il y a quatre mois environ par le cardinal Dario Castrillon Hoyos. Le préfet de la Congrégation pour le clergé l'y aurait assuré d'une prochaine remise à l'honneur de la messe en latin par Benoît XVI, mais aussi d'un rétablissement de la pleine communion avec le siège de Pierre s'ils en faisaient la demande.
Mgr Fellay, prudent, ne souhaite pas s'exprimer sur le texte libéralisant le rite tridentin qui pourrait être prochainement publié par le Pape. « Nous ne connaissons ni les délais ni le contenu », argumente-t-il. Mais le prélat suisse, d'habitude impassible, frémit tout de même de satisfaction en l'évoquant : « Ce serait un grand geste, un acte de poids, de ceux que nous demandons depuis si longtemps. » Un geste d'un « tout autre niveau » que celui qui a permis la création en septembre de l'Institut du bon pasteur. Pour lui, cet institut, qui rassemble d'anciens prêtres de la Fraternité Saint-Pie X revenus à Rome, est tout juste « un ballon d'essai, destiné au cas très particulier de la France ». Même si cet institut, qui célèbre exclusivement selon le rite latin, est une épine plantée dans le pied des lefebvristes, Mgr Fellay, bravache, le balaie d'un revers de main : « Ce ne sont pas les quelques unités parties ou en partance vers cet institut qui vont nous perturber. » « Nous sommes plus de 470 prêtres répartis dans le monde », aime-t-il à rappeler.
Apercevant peut-être la lumière au bout d'un tunnel dont la traversée aura pris près de vingt ans, Mgr Fellay présage que la sortie au grand jour s'accompagnera « d'une guerre dans l'Église », d'un retentissement « identique à celui d'une bombe atomique ». Comme une preuve, selon lui, des combats que se livrent le bien et le mal dans l'Église...
Pour autant, si Mgr Fellay semble avoir l'intention d'accepter la main tendue par Rome, il tentera de garder son autonomie de parole et d'action. « Il pourrait y avoir une relation entre Rome et nous. Mais ce ne serait pas encore une relation juridique. » Le supérieur suisse fraîchement réélu renâcle à parler de solution administrative avant toute discussion doctrinale. Du bout des lèvres, il évoque une structure sur mesure pour la Fraternité Saint-Pie X : « Répartie dans le monde entier et indépendante des évêques. » Mgr Fellay sent bien qu'il risque de perdre la main, et celle d'une bonne part de ses fidèles, s'il n'attrape pas celle de Benoît XVI. |