Les gestes de Benoît XVI envers les intégristes: des tensions en France |
11 Septembre 2008 - AFP - ladepeche.fr |
11 Septembre 2008 Les gestes de Benoît XVI envers les intégristes: des tensions en France de Benoît XVI envers les intégristes, comme la messe en latin, ont créé des tensions dans l'Eglise en France, le clergé se retrouvant sous la pression de traditionalistes, qui bien que minoritaires, estiment avoir le vent en poupe. Depuis le début de son pontificat, Benoît XVI, qui, en tant que préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi en 1988, a tenté jusqu'au dernier moment d'éviter le schisme avec le Français Mgr Lefebvre, a multiplié les gestes pour rétablir l'unité de l'Eglise catholique. Il a notamment publié un motu proprio (décret) facilitant la pratique de la messe en latin, la seule reconnue par les intégristes qui refusent les évolutions de Vatican II. Il est également revenu à des usages liturgiques anciens comme la communion à genoux. En juin, le Vatican a enfin renoncé à exiger explicitement de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), fondée par Mgr Lefebvre, la reconnaissance du concile Vatican II (liberté religieuse et ouverture à la société). La FSSPX réclame encore la levée des excommunications prononcées en 1988. Les opposants à Vatican II apprécient ces "petites choses ponctuelles et concrètes très sympathiques", selon l'expression de l'abbé Philippe Laguérie, ancien de la FSSPX rallié au Vatican et supérieur général de l'Institut du Bon Pasteur à Bordeaux. "Mais il y a beaucoup plus important: sa réinterprétation, chaque fois qu'il en a l'occasion, dans le sens de la tradition du concile Vatican II", se félicite-t-il. Il regrette cependant que le motu proprio soit "appliqué par les évêques avec beaucoup de timidité et de parcimonie". "C'est très positif bien sûr", lui fait écho l'abbé intégriste Xavier Beauvais, responsable de l'église "occupée" Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris. Mais pour lui, "il n'y a pas de schisme. Nous n'avons jamais nié l'autorité du pape". Le père Dominique Schubert, qui célèbre à la fois l'ancienne messe en latin et la nouvelle en français à Saint-Germain l'Auxerrois à Paris, voit dans le motu proprio "un geste positif et d'espérance" et "un pas vers la normalisation". Il rappelle que des messes en latin sont célébrées à Paris depuis 1988: "de facto, on vit à Paris depuis lors ce que le motu proprio préconise". Mais le clergé en place, qui subit sur le terrain les pressions des traditionalistes, généralement proches de l'extrême droite, est plus réservé. Le père Henri Madelin, jésuite, voit ainsi des "tensions assez fortes" dues à "la manière dont les fondamentalistes ont l'air d'avoir à Rome un traitement assez favorable". "Cela indispose un certain nombre d'évêques qui ont sur place des difficultés liées à cette tension", ajoute-t-il. "L'épiscopat français est content que le pape vienne montrer en France sous les caméras qu'il a un rapport sain et franc avec les évêques parce que beaucoup de traditionalistes disent: +le pape pense cela mais vous, les évêques, vous n'êtes pas de bons fidèles+", affirme-t-il. Pour le père Antoine Herouard, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, selon qui les intégristes et traditionalistes français sont "assez actifs", les évêques, en appliquant le motu proprio, "ont eu le souci de ne pas avoir une espèce d'Eglise parallèle qui se mette en place à l'intérieur". Mgr Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, voit cependant dans les gestes de Benoît XVI un souci que "le renouveau de la liturgie donné par Vatican II ne soit en aucune façon une diminution du mystère même de l'eucharistie". |
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