SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - décembre 2011
La question de la doctrine proposée par Vatican II concernant la liberté religieuse dans l’ordre social et civil, dont la synthèse a été promulguée par la déclaration conciliaire Dignitatis Humanæ, a été l’un des « points chauds » du Concile, peut-être le plus contesté.
En simplifiant, on peut dire que la doctrine de Dignitatis Humanæ sur la liberté religieuse s’articule en deux points. D’une part, l’affirmation (tout à fait traditionnelle, et qui n’est contestée par personne) que nul ne doit être forcé d’embrasser la vraie foi. D’autre part, l’affirmation (nouvelle et inusitée) que nul ne doit être empêché d’exprimer une croyance religieuse quelconque. Ce deuxième point est contesté par nous, depuis toujours, non pas dans les faits (à beaucoup d’égards, il est nécessaire de tolérer aujourd’hui dans l’ordre civil l’expression de croyances diverses), mais bien pour un droit à l’erreur qu’aurait la personne humaine et que devrait reconnaître l’État.
Rappelons donc, pour éviter toute équivoque, que la doctrine traditionnelle n’empêche nullement de dire qu’il peut être nécessaire et légitime, du point de vue de la prudence politique, d’accorder la liberté civile en matière religieuse, donc de ne pas empêcher ou proscrire les cultes autres que celui de l’Église catholique. Cette possibilité d’une tolérance, même très large, a été explicitement envisagée par le pape Pie XII en 1953.
Autre chose toutefois est une tolérance de fait, voire une liberté civile, et autre chose d’affirmer que l’homme, par nature, posséderait un droit à une telle liberté.
La critique fondamentale faite à cette nouvelle doctrine est qu’elle est contraire à l’enseignement unanime et constant de l’Église. Les documents les plus évidents de l’histoire de l’Église l’attestent abondamment, comme le montre, au moins sur certains points, le rapide dossier du présent numéro.
Notre contestation ne signifie donc nullement un « choix » de notre part, un jugement « personnel » que nous opposerions à la doctrine du Magistère.
C’est, au contraire, appuyés sur le Magistère certain, constant et obligatoire antérieur au Concile que nous disons et redisons encore que la doctrine de Vatican II sur la liberté religieuse, en ce qu’elle a de nouveau, est opposée à la doctrine catholique telle qu’avant 1962 elle a été enseignée et crue ubique, semper et ab omnibus (partout, toujours et par tous), selon les mots célèbres du Commonitorium de saint Vincent de Lérins.
Abbé Régis de CACQUERAY