Liturgie : Benoît XVI rappelle le cap |
14 mars 2007 - Hervé Yannou - Le Figaro - lefigaro.fr |
Le Pape confirme la doctrine de l'Église en matière de célibat des prêtres ou de communion des divorcés remariés. Sur la liturgie, il critique certains «abus» tout en saluant les «richesses» de Vatican II. DANS le deuxième document majeur de son pontificat, Benoît XVI confirme les enseignements traditionnels de l'Église catholique sur des questions délicates comme le mariage des prêtres, les normes liturgiques ou la cohérence des personnalités politiques catholiques. Un an après son encyclique sur l'amour et la charité, sa première exhortation apostolique, Sacramentum caritatis (Sacrement de l'amour), publiée hier, s'en tient aux propositions faites par les évêques du monde entier réunis au Vatican en octobre 2005. Le Pape réaffirme ainsi les principes de l'Église catholique. Il confirme le « caractère obligatoire » du célibat des prêtres catholiques, l'indissolubilité du mariage et donc l'impossibilité pour l'Église de donner les sacrements aux divorcés remariés. Il invite aussi les hommes politiques catholiques à « se sentir particulièrement interpellés par leur conscience » face aux législations sur l'avortement, les unions homosexuelles ou bioéthiques. Il rappelle ainsi que l'accès à la communion n'est « automatique » pour aucun fidèle. Le Pape estime enfin que le déficit en ressources humaines de l'Église catholique pourrait être résolu par « une plus juste répartition des prêtres (...) là où il en est besoin, même au prix de sacrifices ». Le texte pontifical est sans grande surprise. Le Pape a respecté la règle de la collégialité en reprenant point par point les cinquante propositions qui lui avaient été faites lors du onzième synode des évêques. Benoît XVI a respecté le consensus trouvé au cours de ces « états généraux » où l'ensemble des courants de l'Église, des plus « progressistes » aux plus « conservateurs », avaient pu s'exprimer. Ce texte pontifical risque ainsi de décevoir d'une part ceux qui espéraient des ouvertures en matière de discipline ecclésiastique et d'autre part les catholiques les plus traditionalistes. « Obéissance fidèle » aux normes en vigueur En effet, le Pape n'y aborde pas directement la question de la messe tridentine qui leur est chère. Mais il donne des pistes. Tout en constatant les « difficultés » et les « abus » de la réforme survenue après Vatican II, Benoît XVI réaffirme clairement « l'influence bénéfique » du « renouveau liturgique » postconciliaire, « en continuité avec toute la grande tradition » de l'Église. Si le Souverain Pontife appelle à « l'obéissance fidèle » aux normes liturgiques en vigueur, encourage le recours au latin, langue internationale de l'Église, lors des grandes cérémonies internationales, invite à la valorisation du chant grégorien et du tabernacle dans les églises tout autant qu'à la confession fréquente des fidèles, il envisage aussi de nouvelles réformes et rappelle que les évêques doivent « sauvegarder l'unité unanime des célébrations » dans leur diocèse. Il fait ainsi écho aux craintes des évêques français face à une possible « libéralisation » de l'ancien rite. Les célébrations accordées à de petits groupes « doivent être harmonisées avec l'ensemble de la proposition pastorale du diocèse » et « servir à unifier la communauté, non à la fragmenter », rappelle le Pape. Pour le cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise et rapporteur général du synode, ces indications devraient « contribuer à assainir des difficultés et des incompréhensions » avec les intégristes catholiques. Et le cardinal de rappeler « qu'il n'est jamais arrivé que l'introduction d'un nouveau rite coïncide avec l'abolition du rite précédent ». On ne peut « jeter d'ombre » ni sur l'ancienne messe ni sur « l'importance des réformes de Vatican II ». Ainsi dans la perspective d'un décret papal libéralisant la messe d'avant-Vatican II, des imprimeurs catholiques italiens ont déjà préparé des épreuves du missel abandonné après 1969. |
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