Messe en latin, intégristes: inquiétudes chez les catholiques |
18 oct 2006 - AFP |
PARIS, 18 oct 2006 (AFP) - Messe en latin, intégristes: inquiétudes chez les catholiques Les projets du Vatican pour faciliter la messe en latin et rallier les intégristes inquiètent nombre de catholiques français, y compris des évêques alors que l'épiscopat se réunit début novembre en assemblée plénière. "Autour de moi, aussi bien les laïcs que les prêtres sont bousculés", observe un prêtre lyonnais sous couvert de l'anonymat qui ajoute: "Certains fidèles me disent qu'ils se posent la question d'aller chez les protestants, des prêtres se demandent s'ils vont continuer leur ministère si l'intention du pape devenait effective". "Il y a une réelle inquiétude de nombreux évêques en France", affirme-t-il, "cette histoire de messe en latin après la création de l'institut du Bon Pasteur, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, on réveille de vieux démons". Un décret papal ("motu proprio") pourrait être publié prochainement pour faciliter le retour des intégristes, en permettant à n'importe quel prêtre, si un groupe constitué de fidèles le demande, de célébrer la messe de Saint Pie V d'avant Vatican II (1965), un rite de 1570 dit "tridentin" car fixé au concile de Trente en 1563. Ce décret remplacerait celui de 1988, autorisant la messe tridentine sous conditions strictes pour favoriser le ralliement des "traditionalistes" qui n'ont pas suivi les "intégristes" rassemblés autour de Mgr Marcel Lefebvre et sa Fraternité Saint Pie X dans leur rupture avec le Vatican. Les catholiques schismatiques sont évalués à quelque 150.000 dans le monde, avec un fort noyau en France. "Si jamais on voulait, de manière autoritaire, imposer un biritualisme, on serait dans une situation grave et préoccupante", déclare à La Vie l'évêque d'Angoulême, Mgr Claude Dagens. "Nous, les évêques, nous souhaitons être informés". Il critique aussi le feu vert du Vatican le 8 septembre à la création par cinq transfuges de la Fraternité Saint Pie X de l'institut du Bon-Pasteur, qui pourra célébrer exclusivement selon le missel de Saint Pie V. L'institut sera à Bordeaux, ville du président de la Conférence des évêques de France, le cardinal Jean-Pierre Ricard, qui s'était pourtant opposé en justice à l'occupation de l'église Saint-Eloi par l'abbé Philippe Laguérie, chef de file des transfuges. Dans son journal diocésain du 6 octobre, Mgr Ricard souligne vouloir demander à Rome "une information complémentaire" sur les modalités de l'acceptation de Vatican II par ces intégristes, dont l'accueil doit se faire "dans la charité et la vérité". L'évêque de Chartres, Mgr Michel Pansard, regrette, lui, d'apprendre par la presse la création d'un séminaire du Bon-Pasteur à Courtalain dans son diocèse: "je suis étonné qu'à ce jour aucun contact, par respect du droit ecclésial (canon 733) ou ne serait-ce que par politesse, n'ait été pris avec moi de la part des responsables de cet institut", écrit-il sur son site internet. Alors que l'institut du Bon-Pasteur prévoit une conférence à la Mutualité le 20 novembre -- face à l'égile Saint-Nicolas du Chardonnet, occupé par les intégristes depuis 1977 et où il fut longtemps curé --, l'abbé Laguérie explique à l'AFP avoir entrepris de contacter les évêques. "J'ai eu un très bon contact avec Mgr Dominique Rey", l'évêque de Fréjus-Toulon, assure-t-il. Il espère aboutir "courant novembre" dans ses négociations sur Saint-Eloi avec Mgr Ricard. Quant au décret sur la messe en latin, il aimerait le voir publié avant l'assemblée épiscopale prévue du 4 au 9 novembre à Lourdes: "ce serait bien, les évêques se positionneraient". |
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