A quand le vrai dialogue ? |
La Lettre de Paix liturgique - n°56 – 12 octobre 2006 |
A quand le vrai dialogue ? A quand la vraie paix ? À quand l’application des largesses promises depuis si longtemps ? Que devons-nous espérer de la prochaine réunion de la conférence épiscopale de France ? ► Des décisions récentes de notre pape benoît XVI semblent étonner certains milieux cléricaux… où l’on fait mine de découvrir seulement maintenant, en 2006 ( !), l’existence d’une forte demande de nombreux fidèles en faveur de la liturgie traditionnelle de l’Eglise. Cette « surprise », cette « découverte », pourrait être touchante si elle ne tentait pas de masquer – bien maladroitement du reste – la politique d’apartheid liturgique menée dans l’écrasante majorité des diocèses de France depuis trente ans et d’ailleurs encore en vigueur à ce jour. Nous remercions le magazine « La nef » de nous avoir autorisé à reproduire le billet d’humeur que Loic Mérian président du Centre International des Etudes Liturgiques vient de publier à l’occasion de cette actualité. Ce billet, bien senti, résume parfaitement la situation actuelle. Voici le texte :
Les réactions de Paix liturgique : Comment comprendre qu’aujourd’hui encore, dans plus de 30 diocèses français, il ne soit toujours pas permis, malgré les demandes répétées des fidèles, de célébrer la liturgie traditionnelle ? Pourquoi dans ces diocèses, l’autorité ecclésiastique continue-t-elle de traiter les familles attachées à cette antique liturgie moins bien que des pestiférés ? Comment ne pas penser à l’intolérance inouïe qui sévit à Langres, à Reims où à Metz ? Nos évêques attendent-ils de s’y voir contraints par une décision pontificale alors qu’il serait si facile de dialoguer dans la charité avec les fidèles de ces diocèses… Comment comprendre également que dans plus de 15 diocèses de France où la messe traditionnelle est « autorisée » – on devrait plutôt dire « à peine tolérée » – ce qui a été accordé aux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle est tout simplement indigne et irrespectueux ? Ainsi que penser par exemple de la célébration de la messe par quinzaine quand on sait d’avance que cela interdit aux familles de vivre décemment leur foi catholique en union avec Rome au rythme de la liturgie traditionnelle dans le respect de leurs convictions ? Oui, qu’en penser quand on sait d’avance que ce rythme irrégulier décourage de nombreuses familles qui du coup ne viennent pas et permet à certains manipulateurs d’affirmer ensuite que ces expériences ne sont pas concluantes… et doivent cesser (comme à Beauvais par exemple, alors que ce qui est proposé implique dès son principe que la grande majorité des fidèles refusent de s’associer à ce qu’ils considèrent comme une parodie de largesse…) Comment comprendre dans l’amour et la charité les refus opiniâtres d’étendre aux familles le privilège d’user à leur profit de la totalité des livres liturgiques traditionnels et particulièrement de leur octroyer les baptêmes selon l’ancien rituel ? Cela entraîne une situation ubuesque et hypocrite puisque ce qui est refusé ici est de toute façon autorisé et célébré ailleurs. Ainsi par exemple, les fidèles du diocèse de Nanterre qui vont à la messe à Sainte-Marie-des-Fontenelles sont-ils contraints d’aller faire baptiser dans les diocèses voisins (Paris et Versailles), plus accueillants sur cette question… Alors oui, les parents chrétiens, exclus de leurs propres diocèses vont trouver ailleurs ce dont ils ont besoin pour leurs enfants, si nécessaire, dans les prieurés de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Que dire de toutes ces humiliations à l’égard des fidèles et des prêtres attachés à la liturgie traditionnelle ? Comment comprendre par exemple que l’été dernier, Monseigneur Pican, évêque de Bayeux-Lisieux interdisait à un prêtre Ecclesia Dei de célébrer la messe de mariage de son propre frère ( !). Comment comprendre que malgré des dernières volontés écrites, on refuse souvent la célébration d’enterrements de prêtres ou de laïcs, dans la liturgie traditionnelle (comme par exemple à Langres, à L’Aigle ou à Troyes) ? Que dire du traitement réservé pendant le dernier pèlerinage national de Lourdes aux fidèles et aux prêtres attachés à la liturgie traditionnelle ? Certes la messe selon le missel de 1962 était bien célébrée chaque jour mais tout était fait pour que dans les faits, cette célébration soit un échec et qu’on puisse dire « cela n’intéresse personne » : changements d’église quotidiens et toujours de dernières minutes, célébrations à… 6 heures du matin ( !). Ces attitudes sont-elles dignes ? Mais qu’on nous dise enfin quel est le problème ! Car ne nous trompons pas, nous qui sommes attachés à Rome ne comprenons pas le caractère d’alliance objective qui est celui de trop nombreux prélats avec les courants les plus durs de la Fraternité Saint Pie X. A ceux qui pensent que nous exagérons, nous rappellerons simplement que Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris n’existe que parce que les évêques de Paris n’ont jamais octroyé, malgré une énorme demande, pour les catholiques parisiens attachés à Rome et à la liturgie traditionnelle, une ou plusieurs vraies églises dignes de ce nom, avec une vraie vie de paroisse… Par ailleurs, comme s'il fallait encore en rajouter, certains curés vont jusqu'à jouer à la « guéguerre » digne de Clochemerle avec les pauvres fidèles comme à Saint-Eugène-Sainte-Cécile (9ème arrondissement de Paris) avec le seul souci de provoquer des durcissements et des colères : bel exemple du dialogue de la charité prôné par Paul VI à propos des réconciliations nécessaires… Toujours pour ceux qui pensent que nous exagérons, comment comprendre l’attitude incompréhensible de monseigneur Thierry Jordan, évêque de Reims, qui contre toute charité, refuse avec obstination, non seulement les demandes de ses fidèles attachés à la liturgie traditionnelle, mais aussi tout dialogue avec eux… Serait-ce pour ne pas avoir à revenir sur ces propos incroyables, autant archaïques que sectaires, prononcés lors d’une récente réunion de l’assemblée des évêques (Nous y reviendrons dans une de nos prochaines lettres) ? Cette politique incompréhensible et obscurantiste est d’autant plus inimaginable qu’elle ne tient pas compte de la réalité et de l’attrait des jeunes pour cette vénérable liturgie. Comment alors s’étonner qu’en cette rentrée 2006/2007 alors que les séminaires diocésains français accueillent seulement 102 nouveaux séminaristes, les séminaires traditionnels – c’est-à-dire dans lesquels la messe traditionnelle est célébrée chaque jour et dans lesquels les candidats au sacerdoce se destinent à célébrer selon cette forme – accueillent dans leurs maisons plus de 45 jeunes français soit plus de 30 % du total des vocations sacerdotales françaises… Qui osera dire ensuite que la famille traditionnelle ne représente rien … ou très peu ? Qui osera également affirmer que les vocations accueillies dans les séminaires traditionnels ne seraient pas d’une excellente qualité alors qu’aujourd’hui des dizaines de prêtres diocésains en poste dans les paroisses actuelles sont issus de ces mêmes séminaires… et que ce phénomène s'accentue toujours plus actuellement. Alors armons-nous tous de courage et entamons une vraie paix Une paix qui aboutira à une authentique réconciliation Entre nous Entre frères Entre les fidèles et leurs évêques Pour que tous ensemble nous puissions, enfin réunis, mettre en œuvre l’indispensable nouvelle évangélisation de notre pays en voie de paganisation. Voilà ce que nous demandons à nos évêques qui vont bientôt se réunir à Lourdes. Voilà pourquoi nous les implorons de faire cesser les querelles et d’instaurer sans plus attendre ni tergiverser, enfin l’amour et la charité entre les différentes sensibilités du catholicisme français. Nous ne sommes pas des problèmes à régler ou à éradiquer ! Le temps des manœuvres n’a que trop duré. Nous voulons êtres traités comme tous nos frères chrétiens et plus comme des chrétiens de seconde catégorie. C’est au prix ces courageuses concessions que le règlement des querelles liturgiques franco-françaises pourra se faire chez nous et que nous ne verrons pas imposer d’en haut des actes d’autorités Sylvie Mimponte |
Pour abonner un ami, une paroisse, une institution et nous aider à développer notre mouvement, envoyez un message à l'adresse suivante : contact@paixliturgique.com Le calendrier liturgique, ultime provocation des adversaires de la paix ? ► Depuis quelques semaines, on entend dire que le pape Benoît XVI serait sur le point de prendre des mesures d’apaisement pour répondre aux aspirations des très nombreux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle. Les "fuites" vaticanes et les nombreux articles parus dans la presse décrivent des mesures qui devraient satisfaire le plus grand nombre. Deo Gratias ! On s'acheminerait donc enfin vers la paix des cœurs et le développement de véritables liens de charité. Voilà un beau motif de réjouissance car n’est-ce pas là ce que chacun doit souhaiter, en particulier les chrétiens et au premier plan d’entre eux, les pasteurs du troupeau, nos évêques ? Pourtant, contre toute raison et avant même que le texte du Saint-Père n'ait été publié, on assiste à une levée de boucliers agitatrice et autoproclamée représentative de certains clercs aigris. Plus incroyable encore, des "propositions" qui vont à l’opposé du souhait de paix du pape se profilent ci et là. En effet, dans certains diocèses, l'autorité ne craint pas de décréter qu'elle conditionnera la célébration de la messe traditionnelle à certaines "exigences pastorales"... Une de ces conditions sera d'imposer aux fidèles d’assister en alternance un dimanche sur deux à la nouvelle liturgie, comme s'ils ne la connaissaient pas, une autre sera d'exiger que ces célébrations traditionnelles adoptent le nouveau calendrier. De telles provocations devraient faire sourire si elles ne masquaient pas l'opposition farouche de certains ecclésiastiques prêts à tout pour faire échouer dans la pratique la politique pleine d'amour du Saint-Père. Certains osent même couvrir cette dernière innovation de l’onction du pape lui-même en affirmant que, dans une conférence donnée à Fontgombault en 2001, celui qui était alors le cardinal Ratzinger, se serait lui-même fait l’avocat d’une telle solution. Afin de rétablir la vérité, nous avons voulu disposer d’un avis autorisé. C’est pourquoi nous reproduisons ici un entretien exclusif que nous a accordé un prêtre français, ancien collaborateur du CNPL (Centre national de la pastorale Liturgique) qui a souhaité conserver l’anonymat. Qu’est-ce que le « calendrier traditionnel » et le « nouveau Calendrier » ?
Pourquoi peut-on être attaché au calendrier traditionnel ?
Mais l’on parle souvent du nouveau lectionnaire qui est plus riche que le précèdent ?
Que pensez-vous de l’idée de certains qui affirment qu’il faudrait appliquer à la célébration de la messe de saint Pie V le calendrier liturgique du missel de Paul VI ?
Mais on dit que le pape Benoît XVI, lorsqu’il était encore le cardinal Ratzinger a pourtant été dans ce sens lors des rencontres liturgiques de Fontgombault en juillet 2001 ?
Le fait d’avoir plusieurs calendriers n’est-il pas un problème pour l’Unité ?
Comment voyez-vous l’avenir du calendrier traditionnel ?
► Les réflexions de paix Liturgique Cette interview exclusive prend d'autant plus de relief, qu'hier, le 26 octobre 2006, Monseigneur Vingt-Trois, archevêque de Paris, prononçait les paroles ci-après à un colloque universitaire organisé à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Institut Supérieur de Liturgie : "Je pense que la communion progressera plus largement encore si l’on veut bien renoncer aux anathèmes et aux surenchères. Un signe de ce progrès serait sans doute que tous puissent célébrer l’Eucharistie en suivant le même calendrier liturgique et le même lectionnaire. Comme l’unité progresserait si nous entendions tous chaque dimanche la même Parole de Dieu, si nous célébrions ensemble les mêmes fêtes du Seigneur et si nous fêtions ensemble les mêmes saints !" De telles paroles nous surprennent et nous peinent. Quel est le but réel d'une telle demande ? Serait-ce donc vraiment l'unité ? Il est étonnant de voir cette volonté soudaine pour l'application du nouveau calendrier liturgique à la messe de Saint Pie V alors que depuis trente ans on a abandonné les fidèles et les prêtres attachés à la messe traditionnelle dans une situation d’exclusion dont les conséquences sont gravissimes. Et quand, en de rares occasions, on leur a accordé quelque chose, c'est par une application restrictive et humiliante des mesures d'apaisement de Jean Paul II. Plutôt que d’essayer de faire échouer cette mesure bienveillante du Saint-Père, l’urgence n’est-elle pas au contraire de l’accompagner avec bienveillance ? Hier avec la question de la concélébration, aujourd’hui avec celle du calendrier, c’est encore une fois la même méthode : on ne veut pas accepter l’idée de donner une place normale à des fidèles qui n’ont commis d’autres crimes que d’être fidèles à une liturgie et à un esprit chrétien, dont le pape Paul VI lui-même disait : « Le Missel romain, promulgué en 1570 par Notre prédécesseur saint Pie V, sur l’ordre du Concile de Trente, a été reçu par tous comme l’un des fruits nombreux et admirables que ce saint Concile a répandus dans l’Eglise du Christ tout entière. Durant quatre siècles, en effet, non seulement il a fourni aux prêtres du rite latin la norme de la célébration du sacrifice eucharistique, mais encore les saints prédicateurs de l’Evangile l’ont répandu dans presque tout l’univers. De plus, d’innombrables saints ont abondamment nourri leur piété envers Dieu par ses lectures des Saintes Ecritures ou par ses prières, dont l’ordonnance générale remontait pour l’essentiel à saint Grégoire le Grand. » Cette surenchère ne s’arrêtera donc jamais ? Oui, face au drame que connaît l’Eglise de France qui dans dix ans aura vu disparaître 80% de son clergé, face au dynamisme des communautés traditionnelles qui dans l’Eglise apportent chaque jour leur part à l’évangélisation de notre société, cette querelle byzantine sur le calendrier nous semble bien mesquine. Est-ce cela l’enjeu aujourd’hui ? Est-ce que vraiment les problèmes de l’Eglise, du lamentable état des célébrations liturgiques et de l’exclusion de fidèles qu’on pousse à l’abandon de la foi, valent qu’on impose ce nouveau « dogme » du calendrier de 1969 qui est tout d’un coup devenu la seule chose vitale… alors qu’il n’est pas si parfait que cela ? Personne ne prétend qu’il n’est pas souhaitable d’avoir le même calendrier… nous regrettons toutes ces belles fêtes qui se célèbrent dans les communautés traditionnelles et dont ont été privés les fidèles de la nouvelle liturgie. C’est dommage, mais est-ce LE problème ? Demain que nous demandera-t-on ? D’abandonner le latin ? Les génuflexions ? La communion sur les lèvres ? L’orientation de la célébration ? Et après-demain, le texte du credo qui est trafiqué dans de nombreuses célébrations ? Au motif que c’est ce qui se fait dans les paroisses et que nous devons faire comme les autres, au nom de l’unité ? Nous dira-t-on : "Je pense que la communion progressera plus largement encore si l’on veut bien renoncer aux anathèmes et aux surenchères. Un signe de ce progrès serait sans doute que tous puissent célébrer l’Eucharistie dans la même langue vernaculaire, sans se tourner le dos mais en se faisant face, sur la même simple et austère table, et avec les mêmes gestes pour la communion, debout et dans la main. Comme l’unité progresserait si nous chantions tous chaque dimanche les mêmes chants niais, si nous célébrions ensemble avec les mêmes prières fabriquées de toutes pièces et si nous fêtions ensemble les mêmes évènements profanes que l’actualité nous propose !" ? Quelle est donc cette unité d’un genre nouveau qu’on brandit comme un étendard, qui serait le rouleau compresseur uniformisateur des traditions de l’Eglise, alors que la réalité est qu’en France il existe quasiment autant de célébrations différentes que de paroisses ? A quelle unité nous demande-t-on de nous raccrocher ? Nous ne la voyons pas ! N’est-ce pas Mgr Bernard Lagoutte, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, qui écrivait le 12 mai 2000 : « S’il est vrai, par exemple, que peu d’assemblées sont désormais à même de célébrer la messe en latin et chant grégorien, il y a tout de même quelques églises où l’Ordo de Paul VI est observé avec rigueur » !! Quel modèle devrions-nous suivre ? Il n’y en a plus ! Pour notre part, nous condamnons cette hypocrisie qui sous couvert d'unité, cache une nouvelle tentative de faire échouer la réussite pratique de la réconciliation souhaitée par Benoît XVI. Nous souhaitons être respectés et traités dignement. C'est pourquoi nous sommes déterminés à ne pas nous laisser manipuler. Nous condamnons cette attitude et disons très clairement que nous n'accepterons pas que quiconque mente aux fidèles et au Saint-Père et tente d'imposer des conditions mesquines dans le but de faire échouer la paix. Nous nous y opposerons avec la dernière énergie. Sylvie Mimpontel |
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