Un an après la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum et à 10 jours de la venue de Benoît XVI à Paris : Quel est l'avenir de la forme extraordinaire en France ? |
2 septembre 2008 - lettre 141 de paixliturgique.com |
Un an après la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum et à 10 jours de la venue de Benoît XVI à Paris : Quel est l'avenir de la forme extraordinaire en France ? Lettre 141 - 2 septembre 2008 Il y a un peu plus d'un an, le 7 juillet 2007, notre Saint Père le Pape Benoît XVI promulguait le Motu Proprio Summorum Pontificum clarifiant le statut de la liturgie traditionnelle, appelée depuis lors forme extraordinaire du rite romain. A cette occasion, Rome rappela notamment que la liturgie de 1962 n'avait jamais été interdite. Nous tentons aujourd'hui d'établir une première appréciation de ce que va probablement devenir cette forme liturgique au cours des prochaines années en nous fondant sur les très nombreux contacts que nous avons établis depuis un an avec la Commission Pontificale Ecclesia Dei à Rome, avec certains de nos pasteurs, avec de nombreux prêtres français et des centaines de groupes de fidèles.Voici ce qu'il en ressort. 1 - LA FORME EXTRAORDINAIRE DU RITE ROMAIN VA SE GENENERALISER ET SE BANALISER Malgré les imprécations de La Croix et du Figaro qui affirmaient dès septembre 2007 que "le tsunami n'avait pas eu lieu" ou plus drôle encore "que le Motu Proprio ne faisait pas recette" (...le jour même de son entrée en vigueur), les faits sont là : depuis un an, ce sont des centaines de demandes qui ont été formulées auprès des curés et des évêques de France. Plus de 55 célébrations nouvelles ont été instaurées, augmentant de près de 45 % le nombre des chapelles où est désormais célébrée la messe traditionnelle en communion avec l'ordinaire du lieu. Mais cela n'est qu'un modeste début car les menaces, les manipulations et les pressions cléricales et séculières (comme à Coëtquidan par exemple) ont été et demeurent efficaces. C'est ainsi qu'il est courant d'entendre, lorsque l'on fait une demande : "il nous faut conserver l'unité, il ne faut pas que vous provoquiez la zizanie, vous devez respecter la pastorale diocésaine, armez-vous de patience, nous avons du mal à garder un bon cap n'en rajoutez pas...". Mais nous le savons par nos contacts dans les paroisses, malgré ces pressions, là où une seule demande a pu s'exprimer en 2007, il y en aura 3 en 2008 et encore plus en 2009. Cela signifie que demain, ce seront des centaines de messes nouvelles selon la forme extraordinaire qui seront célébrées; et encore, ce phénomène ne fait que commencer et les obstacles mis en place ne tiendront pas longtemps. Comment ne pas comprendre ce mouvement ? Rappelons ce que nous ont révélé les sondages réalisés auprès d'organismes indépendants et professionnels (IPSOS EN 2001 et CSA en novembre 2006) : la messe traditionnelle en France est souhaitée par un minimum de 15 % des fidèles. Elle l'est même aujourd'hui probablement par plus de 25% d'entre eux (ces études ayant été faites à une époque où de nombreuses personnes croyaient que la liturgie traditionnelle était interdite ! ). Ce noyau de catholiques est entouré par la sympathie ou la neutralité bienveillante du plus grand nombre des autres paroissiens. Ajoutons qu'une part significative des jeunes prêtres français - bien que contraints au silence en raison du tabou que continue de constituer l'attachement à cette vénérable liturgie - approuve l'orientation à la pastorale de l'Eglise initiée par Jean-Paul II et continuée par Benoît XVI. Ainsi, il paraît assuré que malgré les réticences institutionnelles, les célébrations de la forme extraordinaire du rite romain vont très rapidement se multiplier. Elles vont nécessairement quitter la marginalisation actuelle qui les a réduite au ghetto pour se généraliser dans toutes les paroisses encore vivantes de l'Hexagone. C'est ainsi que la liturgie traditionnelle va connaître une véritable "banalisation" c'est-à-dire qu'elle va devenir une forme que l'on retrouvera célébrée partout... parce que partout on l'appréciera et on la souhaitera. Voilà pourquoi les familles doivent, de plus en plus nombreuses, se " jeter à l'eau" et mettre en oeuvre toutes les demandes nécessaires à la réussite de cette généralisation. 2 - ET S'EPANOUIR DANS LE CADRE DES PAROISSES Cette banalisation ne sera possible que par son épanouissement "paroissial". En effet, la structure paroissiale est le fondement de l'organisation de notre Eglise. C'est dans les paroisses que se trouvent les jeunes prêtres bienveillants qui demain célèbreront la messe traditionnelle. C'est dans les paroisses que se trouvent la majorité des fidèles qui, bien qu'attachés à la forme traditionnelle de la liturgie, sont toujours restés attachés et fidèles à leurs paroisses territoriales. Il va de soi que si ces bons prêtres et ces fidèles ont pendant des décennies accepté d'avaler des couleuvres, ce temps est fini. En effet, en lisant Benoît XVI répétant par deux fois dans Summorum Pontificum que jamais la liturgie tridentine n'avait été interdite, il devient impossible de continuer à subir l'insupportable; et lentement mais sûrement la demande prend forme et s'installe définitivement. Ainsi, petit à petit, des fidèles sollicitent leurs prêtres pour qu'expérimentalement, des messes soient célébrées dans la forme extraordinaire, puis que de fil en aiguille, elles le deviennent régulièrement, à la grande satisfaction de fidèles qui, de plus en plus nombreux, apprécieront ce qu'il n'ont jamais connu, mais dont ils savoureront bien vite les richesses spirituelles et théologiques. De nombreux prêtres vont ainsi progressivement célébrer la forme extraordinaire du rite romain, certains par goût personnel, d'autres car ils y seront invités par leurs fidèles. De plus, le grand nombre de familles qui vont découvrir cette forme liturgique et l'apprécier, à qui va s'associer de fait le puissant mouvement des silencieux qui aujourd'hui n'ont guère eu le choix, va faire "exploser" les schémas actuels de la forme extraordinaire circonscrite jusqu'alors par obligation au ghetto. Ce mouvement irréversible va déboucher sur une situation où la célébration de la forme extraordinaire du rite romain va devenir, en quelques années, une forme comme une autre dans les paroisses françaises. Elle deviendra alors ce magnifique outil de réconciliation et d'évangélisation désiré par le Saint Père. Cette explosion devrait avoir pour résultat que d'ici 3 à 5 ans, la forme extraordinaire sera célébrée par les curés et leurs vicaires dans plus de 1000 paroisses françaises (ce qui correspond en gros à la demande actuelle des fidèles). D'ici 5 à 10 ans, cette forme liturgique sera probablement célébrée - au moins de temps en temps pour les fêtes, des cérémonies familiales ou d'autres occasions - dans 2000 à 3000 paroisses françaises, c'est-à-dire dans tout ce qui restera des paroisses françaises vivantes à ce moment. Ainsi, en 2010 la forme extraordinaire du rite romain ne sera plus circonscrite à quelques ghettos, mais sera devenue une célébration paroissiale généralisée. 3 - AVEC LE SOUTIEN DE PLUS EN PLUS NECESSAIRE ET INDISPENSABLE DES COMMUNAUTES ECCLESIA DEI Le développement paroissial de la forme extraordinaire pourrait nous faire croire que le rôle des communautés Ecclesia Dei aurait vécu et que désormais l'avenir de la forme extraordinaire deviendrait essentiellement le fait des nombreux prêtres diocésains devenus bi-formalistes. Une telle analyse serait parfaitement inexacte. Tout d’abord, les communautés Ecclesia Dei ont un rôle central dans la formation des jeunes lévites. Les dizaines de séminaristes qui les rejoignent chaque année sont les prêtres de demain. Ils reçoivent dans ces maisons une formation doctrinale et liturgique qui leur permettra de pouvoir répondre généreusement à la nouvelle évangélisation. Ces communautés ont également un rôle de référence et de permanence. Elles assurent un complément indispensable aux célébrations traditionnelles faites dans le cadre paroissial, un véritable rôle de formation pour tous ceux – prêtres et laïcs – qui cherchent à connaître cette forme liturgique, et un rôle de soutien notamment en assurant les grands moments de l'année liturgique, comme les offices de la semaine sainte où les célébrations estivales qui font parfois défaut dans les célébrations actuelles mises en place dans les paroisses. La légitimité et l’opportunité des communautés Ecclesia Dei n’en sont que plus grandes lorsque l’on mesure le véritable drame de l'Eglise de France qui n'a plus assez de prêtres. Cette raréfaction du clergé implique naturellement que les communautés Ecclesia Dei sont de plus en plus sollicitées pour suppléer, même là où hier encore il était de bon ton de jurer que jamais l'on ne s'adresserait à elles. Enfin, les communautés Ecclesia Dei pallient aussi l’absence de réponse aux attentes des fidèles qui, de plus en plus, ne trouvent plus chez leur clergé diocésain les interlocuteurs "utiles" pour leurs besoins sacramentaux (funérailles, confession...). Ce n'est pas exagéré de le dire alors que quotidiennement l'on nous prévient déjà que les diocèses ne peuvent plus et pourront de moins en moins faire face à leurs besoins. C'est donc naturellement que les communautés Ecclesia Dei qui attirent de plus en plus de vocations sacerdotales et religieuses vont se voir confier par nos évêques des responsabilités ecclésiales qu'on pense encore aujourd'hui inenvisagables... Pourquoi cette évolution ? Tout simplement parce que, petit à petit, les groupes de fidèles isolés et désespérés vont reprendre de l'espoir en voyant leurs amis aboutir à des résultats qu'ils ne croyaient pas possible d’atteindre. Tout simplement parce que des prêtres suivront progressivement les lévites exemplaires qui courageusement, héroïquement parfois, auront eu le courage de se lancer seuls, parfois contre tous, dans l'aventure de l'obéissance au Saint Père, pour tenter dans leurs paroisses l'expérience du pluralisme et de la forme extraordinaire. On le voit, les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ont mille raison d’espérer et en se mettant au travail pour solliciter leurs pasteurs ils s'écrient : "Merci Très Saint Père !" |
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