Vérités à ne plus négliger concernant la « messe tradi » |
23 mai 2007 - Jean Madiran - Présent daté du 24 mai - leforumcatholique.org |
Vérités à ne plus négliger concernant la « messe tradi » A la manière d’une simple incidente allant de soi, le cardinal Castrillon Hoyos a donc parlé de faciliter l’accès à la messe traditionnelle « comme l’avait demandé la première Commission cardinalice en 1986 ». C’est dans son discours au Brésil (Présent de mardi). En si peu de mots et sans avoir l’air d’y toucher, le Cardinal a bouleversé l‘état officiel de la question. Lisons bien. Il y eut donc une « première » Commission cardinalice, dit le Cardinal actuellement président de la « Commission Ecclesia Dei ». Celle-ci est donc la seconde commission chargée de la messe traditionnelle. « Comme l’avait demandé » cette première commission en 1986. Mais on ne l’avait pas su. On avait ignoré jusqu‘à l’existence d’une telle commission pontificale. Elle avait été instituée par Jean-Paul II, elle avait travaillé, elle avait conclu dans le plus grand secret. Un secret resté absolument intact pendant neuf années. La première révélation de son existence fut faite discrètement par une conférence privée du cardinal Stickler à Fort Lee, dans le New Jersey. Pendant cinq années, cette conférence ne fut pas connue en Europe. Aujourd’hui encore, douze années après avoir été prononcée, elle reste très peu et très mal connue. Une autre source ne l’est pas mieux, c’est une lettre d’Eric de Saventhen publiée par La Nef en 1998. L‘état actuel de nos connaissances fragmentaires à ce sujet a été résumé dans Présent du 3 juin 2006 (page 4), il est détaillé aux pages 66 à 72 du livre de l’abbé Aulagnier sur La bataille de la messe. Le Pape avait institué en 1986 une commission de huit cardinaux (Saventhen) ou de neuf (Stickler) pour tirer au clair la situation de la messe traditionnelle et de ses fidèles. La réponse fut qu’elle n’avait jamais été [valablement] interdite (d’ailleurs elle n’aurait pas pu l‘être) et qu’on pouvait en faciliter la célébration par un certain nombre de mesures adéquates. Voilà donc ce que, jusqu’en ce mois de mai 2007, nous savions et que la quasi-totalité des paroisses continuaient à ignorer ou ne voulaient pas savoir. Pour la première fois, une voix officielle, et quelle voix, celle du Cardinal qui préside l’actuelle commission, vient publiquement confirmer l’existence de la « première » commission, celle de 1986, et le sens dans lequel elle s‘était prononcée. Dramatique conséquence du secret, Mgr Marcel Lefebvre ignorait en 1988 l’existence et le verdict de la première commission cardinalice. Il n’en a rien su tout au long de la négociation Lefebvre-Ratzinger de cette année-là. S’il l’avait su, cela n’aurait peut-être pas modifié son attitude, mais qui peut en être sûr ? En tout cas il aurait été en mesure de motiver soit son acceptation soit son refus des nouvelles normes réclamées par la commission, et cela eût contribué à clarifier la situation. En 1990 le cardinal Ratzinger écrivait que le pape Jean-Paul II avait bien voulu concéder l’usage de la messe traditionnelle à tous ceux qui y sont attachés. Ici aussi, lisons bien. Il n‘écrivait pas : le Pape « va » concéder, il n’annonçait pas une intention, mais un acte accompli. Et non pas en faveur de quelques-uns, mais pour « tous ». Le cardinal Ratzinger était bien placé pour l’affirmer. Or on n’en a point vu la réalité dans les paroisses. Et aujourd’hui, dix-sept ans après cette affirmation non équivoque, on ne la voit toujours point se réaliser. Ce n’est pas un mystère. C’est à cela que se mesure la puissance insolente de l’opposition, relativiste et gauchiste, à l’intérieur de l’Eglise, et infiltrée jusque dans la Curie romaine. Où peut-on lire, demandera-t-on peut-être, cet écrit insolite et inconnu, cet écrit introuvable du cardinal Ratzinger ? – Il est très facilement accessible, il est parfaitement public, à la portée de tous. C’est, datée du 18 juillet 1990, sa lettre de présentation en tête du « missel du Barroux », c’est-à-dire du missel publié par les moines de l’abbaye Sainte-Madeleine. JEAN MADIRAN Article extrait du n°6342 daté du Jeudi 24 mai 2007 de PRESENT p.1 |
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