Si la nouvelle de la levée des excommunications est confirmée (ce qui serait une heureuse nouvelle en cette semaine pour l'unité des chrétiens), tout ne sera pas réglé pour autant. Cependant ne créons pas des obstacles supplémentaires à la réconciliation; Le journaliste démocrate-chrétien Jean-Marie Guénois écrit dans Le Figaro de ce jour que la réintégration de la FSSSPX "ne résoud pas un différend doctrinal majeur à propos du concile Vatican II. Mgr Lefebvre, outre la nouvelle liturgie, lui reprochait l'ouverture au monde et le dialogue avec les autres religions. Des points et un concile sur lesquels Rome refuse de transiger."
Cet argument journalistique n'a strictement aucune signification. Outre que la "nouvelle liturgie" est postérieure à Vatican II (et que Mgr Lefebvre était un défenseur d'une certaine réforme liturgique) et donc est un objet théologique distinct du concile, comment évaluer "l'ouverture au monde" ? S'il s'agit de ce qui figure sur ce thème dans Gaudium et Spes, la majorité des théologiens (à la suite de J. Ratzinger il y a plus d'un quart de siècle!) considèrent aujourd'hui que cette constitution dite pastorale est en large partie obsolète en raison de son son optimisme naïf et de l'absence d'une compréhension de ce qu'est le monde moderne. Quant au "dialogue avec les autres religions", il peut prendre de multiples formes, et on trouvera avec peine dans les actes de Vatican II une définition rigoureuse d'un oecuménisme "labellisé" s'imposant à tous !
Il est particulièrement amusant de constater que la discussion autour de Vatican II est beaucoup plus libre à Rome qu'en France. Ne faisons pas du fondamentalisme (pseudo ou para)-magistériel une condition nécessaire à la réconciliation. |