Benoit XVI rappelle à lui les moutons noirs de l'Eglise Ils avaient été excommuniés en 1988 par Jean-Paul II malgré la médiation du cardinal Ratzinger : devenu Benoît XVI aujourd'hui, le souverain pontife aurait signé la ré-intégration de ces quatre évèques ultraconservateurs, dont l'un d'entre eux ne cache nullement son négationnisme.
Depuis le début de son pontificat en avril 2005, le souverain pontife multiplie les gestes d'ouverture envers les catholiques ultraconservateurs, accédant à leur désir de la messe en latin, dos du célébrant tourné aux fidèles -sans que l'évêque du diocèse ne puisse plus pratiquement s'y opposer.
Le journal italien Il Giornale a révélé que le pape devrait bientôt rendre publique la levée de l'excommunication prononcée en 1988 par Jean Paul II contre les quatre évêques traditionalistes ordonnés par Mgr Lefebvre, dont celle de son successeur Mgr Bernard Fellay ainsi que celles d'Alfonso de Gallareta, Bernard Tissier de Mallerais et Richard Williamson.
Le Vatican n'a pas souhaité commenter, ni démentir cette information : selon deux journaux italiens, elle devrait être rendue publique dans les jours qui viennent.
Cette ouverture aux traditionalistes a déjà provoqué des tensions entre le Vatican et l'Église de France, et au sein même de cette Église, notamment avec la mise en place du "motu proprio", cette lettre apostolique émise par le pape de sa propre initiative.
Benoît XVI, dès son arrivée, a travaillé directement à ce dossier qu'il connaît comme personne : la réintégration de ces évêques a toujours été l'un des objectifs affichés du souverain pontife.
La résolution de cette crise aura donc inévitablement un caractère historique et restera comme l'un des actes majeurs - mais très controversé -, du pontificat de Benoît XVI.
L'excommunication des évêques en 1988
Dans les années 1960, Mgr Lefebvre s'était rebellé contre les réformes adoptées par le Vatican lors du concile Vatican II pour moderniser la pratique religieuse, notamment la suppression de la messe en latin.
Le 27 février 1977, des fidèles traditionalistes et associés au projet liturgique de Mgr Lefebvre investissent l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet et célèbrent de nouveau les rites en latin.
Mgr Lefebvre cultive ensuite des "amitiés sélectives", déclarant admirer les régimes qu'ont mis en place Franco et Salazar, ou accordant son soutien au Président du Front national, en tant que "seul homme politique clairement opposé à l'avortement".
En 1987, Mgr Lefebvre envoie une lettre où il expose les raisons de son non-respect des ordres donnés par Jean-Paul II, estimant que "la vraie lumière de la Tradition doit dissiper les ténèbres qui obscurcissent le ciel de la Rome éternelle"
Une plaie ouverte aussi pour Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger, devenu Benoît XVI, qui avait été chargé, dès 1988, de trouver une issue en tant que préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi. Mais la tentative de réconciliation échoue.
Le 30 juin 1988, sans l'accord de Jean-Paul II, Mgr Lefebvre nomme alors évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta.
Le lendemain, le cardinal Gantin, préfet de la Congrégation des évêques, déclare les quatre nouveaux évêques, ainsi que Mgr Lefebvre et son co-célébrant.
L'âme noire de Richard Williamson
Faisant partie des quatre évêques intégristes dont l'excommunication aurait été levée par le pape Benoît XVI, il a mis en doute l'existence des chambres à gaz dans un entretien diffusé par la télévision suédoise.
"Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz. Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul Juif n'a été tué dans les chambres à gaz. Ce sont des mensonges", a-t-il déclaré il y a deux jours au cours de l'émission "Uppdrag gransning".
Ou encore : "L'Allemagne a payé des milliards et des milliards de Deutschemarks et à présent d'euros parce que les Allemands souffrent d'un complexe de culpabilité pour avoir gazé six millions de Juifs, mais je ne crois pas que six millions de Juifs aient été gazés". |