SOURCE - Laurent Dandrieu - Valeurs Actuelles - 11 décembre 2007
Dimanche 9 décembre. Bien à l’abri de la pluie diluvienne qui s’abat sur la capitale italienne, j’assiste à la première messe solennelle célébrée à Rome par le jeune abbé René-Sébastien Fournier, de l’Institut du bon-Pasteur. Le cadre, prestigieux, est celui de la Trinité-des-Monts, encore magnifié par deux chorales, grégorienne et polyphonique, qui font résonner entre ces murs couverts de fresques baroques la splendeur de cette antique liturgie. Pour cette première célébration en cette église de la forme extraordinaire du rite depuis sa réhabilitation par Benoît XVI, le secrétaire général de l’Etat du Vatican, Mgr Renato Boccardo, avait tenu à prononcer lui-même l’homélie, dans un français impeccable. Venant d’un prélat peu suspect de traditionalisme, ce geste est un pas important dans la "réacclimatation" de ce rite longtemps tenu en suspicion. La veille, pour fêter le 25e anniversaire du pèlerinage traditionnel de Chartres, le cardinal Castrillon Hoyos le célébrait également, à Versailles, en présence de plus de 2000 fidèles. Le président de la commission vaticane Ecclesia Dei n’a pas eu les honneurs de la cathédrale, mais a dit la messe traditionnelle en présence de Mgr Aumonier, évêque du lieu. Pourtant, des quatre coins de la France remonte l’écho de l’accueil le plus souvent glacial opposé par la hiérarchie catholique aux fidèles demandant à bénéficier de ce rite comme le pape les y invite. A tel point que le secrétaire de la congrégation pour le Culte divin, Mgr Ranjith, s’est senti obligé de rappeler à deux reprises aux évêques que l’obéissance au pape n’est pas facultative. Souvent idéologique, comme le rappelait Mgr Ranjith, cette résistance d’arrière-garde ne prive pas seulement les fidèles d’un trésor liturgique, mais aussi l’Eglise tout entière d’un précieux instrument d’évangélisation, comme elle laisse de côté de nombreux prêtres qui ne demandent qu’à apporter leur pierre à l’édifice commun. Dans la crise que traverse le catholicisme européen, combien de temps encore l’Eglise de France va-t-elle ainsi se payer le luxe de diviser ses forces au lieu de les unir ?