SOURCE - Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique - 5 février 2012
Le sermon de surenchère prononcé à Winona, le 2 février, par Mgr Fellay étonne grandement par ses omissions. Mgr Fellay rend public un refus, qu’il avait pratiquement exprimé depuis le début du mois dernier, d’accepter le Préambule doctrinal remis le 14 septembre par le cardinal Levada – plus exactement d’accepter de considérer la démarche d’un Préambule doctrinal –, et son refus, par voie de conséquence, du décret portant érection d’une prélature personnelle exempte de l’autorité des évêques, dont il aurait été le prélat à vie.
Le sermon de surenchère prononcé à Winona, le 2 février, par Mgr Fellay étonne grandement par ses omissions. Mgr Fellay rend public un refus, qu’il avait pratiquement exprimé depuis le début du mois dernier, d’accepter le Préambule doctrinal remis le 14 septembre par le cardinal Levada – plus exactement d’accepter de considérer la démarche d’un Préambule doctrinal –, et son refus, par voie de conséquence, du décret portant érection d’une prélature personnelle exempte de l’autorité des évêques, dont il aurait été le prélat à vie.
« Si vous nous acceptez, répond-il, c’est sans changement, sans obligation d’accepter ces choses ; alors nous sommes prêts ; mais si vous voulez nous les faire accepter, alors c’est non ». Mais pourquoi Mgr Fellay omet-il de préciser qu’on lui a remis ce Préambule, le 14 septembre, comme un texte modifiable ? qu’il a été informé dans les jours qui ont suivi que les points qu’il estimait inacceptables pouvaient être écartés ? qu’il lui a été indiqué à plusieurs reprises que toutes ses requêtes seraient entendues ? autrement dit que Rome acceptait en effet la FSSPX « sans changement », ce dont aucun observateur sérieux n’a jamais douté depuis la levée des excommunications ? Autant de questions que l’on se pose et que nous posons après avoir contacté plusieurs sources proches du dossier.
Si Mgr Fellay avait pris la peine de retravailler le texte qu’on lui présentait, comme tentait jadis de le faire Mgr Lefebvre avec les textes conciliaires (mais les temps ont bien changés : c’est Rome aujourd’hui qui invite les fils de Mgr Lefebvre à insérer leurs modi), il pouvait devenir, joint à la reconnaissance de la FFSSPX, une étape aussi importante que le Motu Proprio dans l’évolution de l’après-Concile. Alors, pourquoi, comme l’ont révélé les blogues italiens, a-t-il, à deux reprises depuis le 14 septembre, botté en touche, sans jamais donner un commencement de réponse à la question qu’on lui posait : « Que désirez-vous modifier dans cette déclaration préalable » ?
Il est vrai que le Préambule du cardinal Levada était marqué par la « confusion » dénoncée par Mgr Fellay : il contenait et la possibilité de critiquer Vatican II et l’affirmation qu’il fallait le recevoir selon « l’interprétation de continuité » donné par le Catéchisme de l’Église catholique. Mais pourquoi Mgr Fellay n’a-t-il pas saisi la possibilité qu’on lui laissait de le modifier ? Si de la part de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, présenter le Préambule à la FSSPX tel qu’il avait été rédigé était une erreur, de la part de la FSSPX, refuser d’en rectifier la rédaction est une faute.
S’agit-il pour Mgr Fellay de gagner encore un peu de temps dans son « splendide isolement », au risque de plus en plus grand d’y rester pour toujours ? Et sans plus de justification. Car si le refus de Mgr Fellay se donne les apparences d’un refus de Vatican II, il est en réalité un refus de prendre les moyens d’une critique « à l’air libre » de Vatican II : Mgr Fellay refuse le contenu du Préambule, mais… il refuse de modifier le contenu du Préambule. Si ce refus pour le moins confus se confirmait, et si le Saint-Siège en prenait acte, ce qui heureusement pour l’heure n’est pas assuré, la FSSPX s’engagerait certes dans une impasse institutionnelle, ce qui après tout la regarde, mais plus gravement pour le bien de l’Église, 50 ans après l’ouverture du Concile, elle achèverait d’enterrer son talent en s’abstenant de peser « de l’intérieur » sur la vie de l’Église à un moment décisif.