Le supérieur de la Fraternité saint Pie X affirme ne pas rejeter l'ensemble du concile mais dénonce "un esprit dangereux qui le parcourt". Il déplore notamment que l'Eglise n'ait plus "la volonté de convertir".
Dans une interview aux hebdomadaires Famille chrétienne et France catholique à paraître mercredi 11 février, Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité saint Pie X, ne rejette pas l'ensemble du concile Vatican II mais s'explique sur certaines de ses réserves. Il distingue "l'esprit et la lettre" du concile : "il y a un esprit dangereux qui parcourt tout le Concile et dans ce sens on le refuse", dit-il, "mais lorsqu'on parle de la lettre, il ne s'agit pas de le rejeter en bloc tel quel", ajoute-t-il. Il rappelle la position de Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité, pour qui il fallait garder du concile ce qui était conforme à la tradition et rejeter le reste. Mgr Bernard Fellay ajoute que "l'Eglise ne peut pas se séparer de son passé".
Prière pour la conversion des juifs
La position de la Fraternité qui consiste à rester en dehors de l'Eglise de Rome "présente un danger objectif au niveau sociologique, sur un plan purement humain, c'est le danger de rester entre nous", admet-il. (...) "Nous essayons de tout faire pour empêcher une attitude de rupture. (...) Nous sommes totalement catholiques, fermement attachés à l'Eglise, et nous l'avons toujours été", insiste-t-il.
Il s'explique aussi sur l'œcuménisme où il voit un risque de "connivence avec tout le monde" et déplore que l'Eglise n'ait plus "la volonté de convertir".
Quant aux juifs, "ils sont nos frères aînés dans la mesure où nous avons quelque chose en commun (l'Ancien Testament ndlr), pour autant cela ne leur suffit pas à être sauvés", souligne le supérieur de la Fraternité qui continue à prier pour la conversion des juifs.
Interrogé sur l'enjeu spirituel et/ou doctrinal du rapprochement avec Rome, Mgr Bernard Fellay y voit "un bénéfice pour toute l'Eglise" si on "arrive à redonner de la clarté sur beaucoup de points".
Enfin il estime que les débats entre Rome et la Fraternité saint Pie X vont "certainement démarrer rapidement" mais il ne sait pas sous quelle forme.
Distances d'avec Williamson
Dimanche, la Fraternité intégriste Saint Pie X a pris ses distances avec les affirmations négationnistes de Mgr Richard Williamson, précisant qu'il ne dirigeait plus le séminaire de La Reja, à 40 km à l'ouest de Buenos Aires.
En effet, ddeux jours avant le décret pontifical qui levait l'excommunication frappant depuis 20 ans les quatre évêques intégristes de la Fraternité sacerdotale saint Pie X et ouvrait la voie à un dialogue, l'un d'entre eux, Richard Williamson avait déclaré à une télévision suédoise : "Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz (...) Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration mais pas un seul dans les chambres à gaz".
Le pape a ensuite condamné fermement ces propos et le Vatican a sommé Richard Williamson de se rétracter. |