Je vous livre en vrac quelques réflexions sur le Motu proprio. En vrac, car étant, comme souvent ces derniers temps, assez pressé par diverses obligations, je n'ai pas le temps de rédiger. 1) Jamais, de mémoire d'homme, un document papal n'aura été autant préparé : réunions inter discatèrielles, consultations d'évêques, présentation du document hier par le Pape lui-même devant les responsables des conférences épiscopales et enfin lettre de quatre pages pour expliquer la décision. Ce luxe de précautions explique que le document ait mis autant de temps à sortir et que la décision pour le Pape n'a pas du être aussi facile à prendre tant les oppositions qui lui étaient présentées devaient être nombreuses et fortes.
2) Fait exceptionnel également : le Motu proprio a suscité des oppositions en dehors de l'Eglise, certains juifs, craignant, de manière totalement infondée, la réhabilitation d'une liturgie par essence anti sémite. [*]
3) Les évêques semblent déjà faire la tête (cf. l'interview de Mgr Le Gall). Sans être prophète, cela signifie que ce Motu Proprio ne saura être un simple élargissement du précédent MP de 1988, mais réhabilitera en profondeur le rite de 1962. Il sera désormais impossible, comme le fit naguère Mgr Raffin, de parler de "parenthèse miséricordieuse".
4) Si le document contiendra un bel éloge de la liturgie traditionnelle, il est probable également que l'on rappellera aux tradis que le rite "ordinaire" de l'Église est le rite de 1969 et qu'il convient de cesser au sujet de celui-ci toute polémique stérile, en affirmant notamment que le rite de 1969 n'est pas "légal" "légitime" ou que sais-je encore.
Puisse le document du Pape être reçu sereinement des deux côtés.
Réginald
[*] Aux journalistes qui me liraient, la liturgie de 1962 contient bien des lectures tirées de l'Ancien Testament. Par ailleurs, la mention aux "judeis PERFIDIS" est supprimée et l'on génuflecte bien lors de la prière du vendredi saint pour le peuple d'Israël. |