Rien d’autre à dire sur les cathos ? |
29 janvier 2009 - Emmanuel Pic - la-croix.com |
Mercredi, 14h, dans la sacristie : Marcel s’affaire avant les obsèques prévues pour dans une demi-heure : et que je te brique l’encensoir, et que je te rince le bénitier. « Alors, Marcel, tu en penses quoi de tout ça ? » On dirait bien que ma question ne lui plaît pas, au Marcel. Mais alors là, pas du tout. Marcel, c’est un fidèle, au sens propre du terme : fidèle, celui qui a la foi, et pour qui ça veut dire plein de trucs – rendre service à tout le monde, prendre sa place dans la vie de l’Eglise, annoncer l’Evangile et essayer de la vivre, bref tout ce qu’un chrétien fait sans même se demander pourquoi. - Franchement ? - Oui, franchement. - OK. Ce que j’en pense : il y a plein d’autres choses à dire sur l’Eglise avant de parler de « ça ». Moi, ça me navre, continue-t-il. Depuis que je suis dans l’Eglise, je me rends compte de tout ce qu’elle apporte, de toute l’importance qu’elle a pour la vie de tellement de gens. Et au lieu de raconter ça, voilà qu’on nous bassine avec des histoires qui concernent une poignée de personnes. Alors, moi, je pense qu’il vaudrait mieux ne pas en parler, car on va encore se foutre de moi parce que je suis chrétien. Sacré Marcel, il m’a fait gamberger. C’est peut-être pour ça, finalement, que cette histoire de levée des excommunications ne m’a pas paru si importante. Je constate que, pour certains de mes confrères, l’affaire Lefebvre occupe une grande place, à cause de leur histoire personnelle. Je peux comprendre que, pour ceux qui sont restés fidèles envers et contre tout alors que leur cœur aurait plutôt penché du côté de la nostalgie, on soit déçu. J’entends aussi – ça, c’est terrible : c’était hier soir, en équipe d’ACI - la révolte de ceux qui ne s’estiment pas assez entendus, ou qui sont toujours écartés des sacrements, quand d’autres sont pardonnés sans avoir demandé pardon ; n’oublions pas que la déchirure de l’Eglise est bien plus grande de ce côté-là que de celui du « schisme » lefebvriste. Je me rends compte, aussi, de l’énorme erreur de communication, et de la désastreuse impression provoquée par l’« évêque » négationniste. Mais en même temps, toute cette histoire, j’en suis loin, aussi loin que l’est de moi le petit abbé ensoutané qui passe de temps en temps devant mon église sans jamais s’y arrêter, alors que j’aimerais tellement lui proposer de venir prendre un café. C’est l’heure, je vais chercher le cercueil. La porte s’ouvre à deux battants pour nous : moi, la veuve du monsieur pour qui on va prier, sa fille et ses deux petits-enfants. Ils sont formidables, les petits-enfants : ils ont écrit un petit mot plein de pudeur, de chaleur et d’émotion pour dire adieu à leur papy, et ils le liront sans trembler. Ils ont choisi des textes de la parole de Dieu qui tombent pile poil. Toute l’assemblée écoute attentivement l’homélie. Il s’est vraiment passé quelque chose, là. Emmanuel Pic |
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