Vatican : restauration conservatrice |
21 juillet 2007 - estrepublicain.fr |
Vatican : restauration conservatrice Benoît XVI donne au concile qui avait conduit à l'aggiornamento de l'Eglise, une interprétation restrictive. Qui parle encore aujourd'hui de Jean Paul II ? En deux ans, le pape idole des jeunes a été vite oublié et son successeur, certes respecté dans sa fonction, ne suscite guère le même enthousiasme. C'est même tout le contraire désormais, puisqu'il engage très clairement l'Eglise catholique dans le sens conservateur au nom « d'une stratégie cohérente de reconquête intellectuelle de l'Europe contre le relativisme », selon le philosophe athée Paolo Flores d'Arcais, quia publiquement débattu avec le futur pape en 2000. Cette orientation tient d'abord à la personnalité de ce pontife bavarois aujourd'hui octogénaire. Obsédé par la sécularisation de l'Europe et par sa déchristianisation face à un islam conquérant, il entend avant tout refaire l'unité de sa propre paroisse. D'où les gages donnés aux intégristes avec le retour de la messe en latin d'avant le concile (1962-65) et les signes adressés à Pékin où existent deux Eglises, l'une inféodée au régime communiste et l'autre clandestine. Caritas : un cardinal plutôt qu'un laïc Mais d'autres mesures, plus ou moins discrètes, soulignent nettement cette restauration conservatrice. Des théologiens sont à nouveau en butte à l'ardeur de la congrégation pour la doctrine de la foi, l'ancienne Inquisition. Parmi eux, un dominicain français, le père Claude Geffré. Ancien secrétaire général du Secours catholique, Denis Viénot souhaitait un renouvellement de son mandat à la tête de Caritas international, qui regroupe tous les « secours catholiques » du monde. Un cardinal, dont l'action en faveur des pauvres n'est aucunement sujette à caution, s'est présenté contre lui, et a été élu. Comme si le Vatican ne pouvait admettre qu'un laïc dirige un organisme dépendant de lui. Enfin, le ciel des relations avec les autres religions s'est assombri de lourds nuages. On savait que le cardinal Ratzinger avait peu apprécié la rencontre interreligieuse d'Assise en 1986, l'un des grands moments du pontificat de son prédécesseur, au cours duquel les chefs religieux de toute la planète ont prié côte à côte et non ensemble pour ce en quoi ils croient. Les déclarations et gestes de Benoît XVI montrent, à l'envi, qu'il n'entend rien céder. Conversion des juifs Le document paru cette semaine sur l'Eglise catholique qui seule serait « la véritable Eglise du Christ » a porté un coup très dur au dialogue oecuménique. L'hebdomadaire protestant « Réforme » n'hésite d'ailleurs pas à titrer « Ad nauseam... », « Jusqu'à la nausée ». Même s'il a accompli un geste sans précédent à Istanbul en priant à la Mosquée bleue, le pape a aussi prononcé des paroles très rudes à l'égard de l'islam lors de sa fameuse conférence de Ratisbonne. Enfin, avec le rétablissement de la messe en latin et le retour à l'ancien missel, des catholiques prieront à nouveau pour la conversion des juifs. Un antijudaïsme à des lieues du chemin parcouru sous Jean Paul II, qui avait effacé deux mille ans d'antisémitisme chrétien. « Benoît XVI nous explique qu'une lecture correcte du concile doit insister sur la continuité plus que sur la rupture », a précisé le porte-parole du Vatican, le le jésuite Federico Lombardi. Tiens, encore un clerc qui a remplacé à ce poste un laïc, fût-il de l'Opus Dei. Patrick PEROTTO |
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