18 avril 2012

[AFP - Le Temps] Schisme: les intégristes catholiques font un pas substantiel vers un accord

SOURCE - AFP - Le Temps - 18 avril 2012

CITE DU VATICAN, 18 avr 2012 (AFP) Les intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint Pie-X (FSSPX), opposés au Concile Vatican II, ont fait des concessions "encourageantes" pour rejoindre le giron de l'Eglise, mais la décision finale revient à Benoît XVI qui s'est beaucoup mobilisé pour leur réintégration.
 
"Nous avons reçu une réponse, hier, effectivement différente des précédentes. Cela constitue un pas en avant, une évolution encourageante", a expliqué le jésuite Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège.
 
La FSSPX, a-t-il expliqué, a encore soumis des "propositions ou requêtes" sur le "préambule doctrinal" qui lui avait été proposé en septembre, demandant quelques "précisions".
 
Selon le père Lombardi, la réponse romaine devrait venir dans quelques semaines, le temps que la Congrégation pour la doctrine de la Foi (CDF) l'examine, sans doute fin avril, et que le pape s'en saisisse, pour rendre sa décision finale: "tant que nous n'avons pas ces réponses, nous ne pouvons parler d'un processus conclu".
 
Une décision de la CDF, selon des sources proches de la Fraternité, pourrait intervenir courant mai et être soumise très rapidement à Benoît XVI.
 
Dans le cas d'un jugement favorable, le supérieur de la FSSPX, Mgr Bernard Fellay, pourrait prononcer des ordinations fin juin, en toute légitimité, selon ces mêmes sources.
 
Sur son site DICI, la Fraternité a souligné que la réponse envoyée à Rome était seulement "une étape et non une conclusion".
 
Depuis quelques jours, des sources informées faisaient état d'un accord certain entre le Vatican et ces intégristes. Un vaticaniste, Andrea Tornielli, avait assuré mardi soir que la réponse "était positive".
 
"La réalité est autre", a réagi la FSSPX, dans un communiqué laconique, alors que la Fraternité risque de se diviser, une partie restant rebelle.
 
Fondée en 1970 à Ecône, en Suisse, par Mgr Marcel Lefebvre (mort en 1991) et séparée de Rome depuis 1988, elle compte de nombreux prêtres (550) à un moment où l'Eglise en manque.
 
Certains désirent rejoindre les nombreux traditionalistes au sein de l'Eglise. D'autres jugent qu'ils forment la seule "véritable Eglise", que Rome est inspiré par le "diable" et victime d'"un schisme progressiste".
 
Ceux qui reviendront dans le giron de l'Eglise pourront bénéficier d'une "prélature personnelle" sous l'autorité directe du pape, comme celle dont bénéficie déjà le mouvement conservateur Opus Dei.
 
Le pape a fait de la résolution de ce schisme une priorité, allant au maximum des concessions. En 1988, il avait mal vécu l'échec des négociations qu'il avait personnellement menées avec Mgr Lefebvre.
 
Joseph Ratzinger a levé en janvier 2009 l'excommunication des quatre évêques de la Fraternité, dont le Britannique Richard Williamson, connu pour ses propos négationnistes sur l'extermination des Juifs.
 
Le pape avait répondu à deux autres revendications: autoriser la messe en latin de l'avant-concile et ouvrir des discussions doctrinales.
 
Ces négociations ont été très difficiles, la Fraternité faisant monter les enchères en remettant en cause violemment le Concile Vatican II (1962/65), un "désastre", selon eux.
 
Selon eux, certains de ses textes essentiels, adoptés par 2.500 évêques entre 1962 et 1965, ne sont pas valables: ceux sur la liberté religieuse, la collégialité des évêques, l'oecuménisme.
 
Pour la Fraternité, les religions ne peuvent avoir la même valeur, le salut venant de la seule religion catholique, rappelait-on mercredi de sources proches des intégristes.
 
Le Vatican a accepté qu'une discussion puisse s'ouvrir sur certaines formulations du Concile, mais non sur le fond.
 
Le texte discuté depuis des mois insiste sur l'obligation pour tous les dissidents d'accepter la "profession de foi" de l'Eglise et le magistère du pape et des évêques.
 
Les enjeux sont de taille, notamment en France où la FSSPX a connu le développement le plus important, nourri par l'héritage de l'Action Française.
 
Mais une réintégration d'intégristes qui auraient une conception surannée des relations Eglise-Etat et souvent des vues antisémites, pourraient plonger certaines Eglises, notamment celle de France, dans une crise.