SOURCE - Aymeric Pourbaix - Famille Chrétienne - 21 avril 2012
Alors que les signaux d’un accord entre la Fraternité Saint-Pie-X et Rome se multiplient, le pape a de nouveau montré sa volonté de retrouver l’unité au sein de l’Église, mise à mal il y a vingt-quatre ans.
Pour la première fois depuis cinq siècles, un événement unique se déroule depuis vendredi dernier dans la cathédrale de Trèves, en Allemagne : l’ostension de la Sainte Tunique du Christ, tunique sans couture, tissée d’une seule pièce et tirée au sort après la Crucifixion. Elle est le symbole de cette unité de l’Église, souvent mise à mal dans l’Histoire, mais qui perdure malgré tout grâce à « l’amour du Sauveur, qui remet ensemble ce qui est divisé », selon le message de Benoît XVI lu à cette occasion.
Voilà des propos qui résonnent d’une manière particulière, alors que des signaux se multiplient, à l’heure où nous bouclons ce numéro, d’un accord entre la Fraternité Saint-Pie-X et Rome. Même si la prudence reste de mise, ce message semble en tout cas à l’unisson d’autres déclarations du pape ces dernières semaines, qui toutes éclairent ce très grand désir de réconciliation et d’unité.
Jamais Benoît XVI n’aura autant mérité le qualificatif de « Souverain Pontife »
Le mercredi des Cendres, Benoît XVI affirmait ainsi que ce Carême serait « le temps des décisions mûres et des responsabilités assumées ». Quelle responsabilité historique, en effet, que celle de mener à bien ce chantier, d’ouvrir grandes les portes de l’Église à la Fraternité Saint-Pie-X, lui qui, depuis de longues années, a montré sa volonté de retrouver l’unité perdue en 1988. Vingt-quatre ans, presque une génération…
Ce faisant, l’actuel successeur de Pierre n’aura peut-être jamais autant mérité le qualificatif de « Souverain Pontife ». Souverain, car il est bien certain que Benoît XVI a dû se sentir seul sur cette voie de crête, passant outre les prudences et les réticences. Notons d’ailleurs qu’il a demandé avec insistance aux fidèles, dimanche dernier à l’angélus, de prier pour lui à l’occasion des sept ans d’un pontificat dense et marqué par une liberté souveraine.
« Pontife » également, car il est un véritable pont entre l’Église du Ciel et celle de la terre, mais aussi entre ses membres vivants. Lors de son voyage en France, il avait ainsi expliqué son intention que « nul ne soit de trop dans l’Église ».
Cette sollicitude du pasteur suppose, en retour, la confiance des fidèles : c’est le dernier signal donné par Benoît XVI de sa volonté d’aboutir. La Semaine sainte a été pour lui l’occasion d’insister sur la notion d’obéissance filiale à l’Église, sans laquelle il n’y a pas de « configuration au Christ » possible. C’est le cri même de Jeanne d’Arc lors de son procès : « Du Christ et de l’Église, m’est avis que c’est tout un ! » Merveilleuse profession de foi en cette grâce de communion, et véritable bienfait de l’obéissance.
Aymeric Pourbaix