SOURCE - Ennemond - Fecit - 23 avril 2012
Vouloir enfermer Mgr Lefebvre dans des cases, dans des phases, me paraît constituer une vraie erreur. C'est celle dans laquelle sont tombés ceux qui ont quitté le fondateur de la Fraternité en 1988. Ils ont absolument voulu opposer un Mgr Lefebvre fidèle à Rome d'avant 1988 et un Mgr Lefebvre dérivant vers le schisme d'après 1988. Cette vision est profondément erronée. Dans cette période que vous décrivez, il arrive à Mgr Lefebvre d'avoir quelques doutes sur la papauté. Il lui arrive d'être au bord de signer et il lui arrive aussi de dire qu'aucun arrangement n'est possible avec une Rome dont les responsables apostasient, le tout avant le mois de mai 1988.
Votre segmentation est d'abord erronée parce que l'été 1980 ne correspond pas à grand chose dans l'histoire de la Fraternité. Il y a des pourparlers qui sont prometteurs, certes, du fait du début du pontificat de Jean-Paul II, climat prometteur qui revient en plusieurs occasions, comme à l'automne 1978, à l'automne 1987 ou au printemps 1988. Mais, en parallèle Mgr Lefebvre n'a pas attendu 1988 pour braver les foudres de Rome. Dès 1976, on parle d'excommunication. Et encore plus en 1977. Tous les médias annoncent l'excommunication imminente après les ordinations du 29 juin de cette année et finalement, Paul VI créé la surprise en s'abstenant.
Mgr Lefebvre fait au contraire cohabiter durant toute cette période les initiatives auprès de Rome et les opérations de sauvetage. Ce sauvetage, c'est bien sûr les sacres mais ce sont aussi les ordinations annuelles, l'ouverture interdite de séminaires, les confirmations sans permission de l'ordinaire diocésain. Bien avant 1988, Mgr Lefebvre avait franchi le Rubicon et cela ne l'empêchait pas de garder un certain optimisme quant à la régularisation de son oeuvre. Vous devriez interroger les prêtres qui vivaient au quotidien avec lui. Ils vous diront que, au regard de la situation, des évènements, Mgr Lefebvre pouvait changer d'attitude d'une semaine sur l'autre. On l'a même accusé de son vivant de souffler le chaud et le froid, critique qui fut décerné à ses successeurs.
Mgr Lefebvre fait au contraire cohabiter durant toute cette période les initiatives auprès de Rome et les opérations de sauvetage. Ce sauvetage, c'est bien sûr les sacres mais ce sont aussi les ordinations annuelles, l'ouverture interdite de séminaires, les confirmations sans permission de l'ordinaire diocésain. Bien avant 1988, Mgr Lefebvre avait franchi le Rubicon et cela ne l'empêchait pas de garder un certain optimisme quant à la régularisation de son oeuvre. Vous devriez interroger les prêtres qui vivaient au quotidien avec lui. Ils vous diront que, au regard de la situation, des évènements, Mgr Lefebvre pouvait changer d'attitude d'une semaine sur l'autre. On l'a même accusé de son vivant de souffler le chaud et le froid, critique qui fut décerné à ses successeurs.
Bien sûr, la dernière phase de pourparlers de Mgr Lefebvre avec le Siège apostolique date de mai 1988. Il faut bien se mettre dans l'esprit de Mgr Lefebvre pour le comprendre. Il ne s'agit pas du tout de constater que Rome aurait davantage sombré. Selon lui, sa course sur terre est quasiment terminée et il incombe désormais à ses successeurs de réaliser l'arrangement. Dans le sermon des sacres, il parle "d'opération survie". Il a conscience de réaliser une cérémonie in extremis. Dans sa lettre où il demande aux quatre futurs prélats de recevoir l'épiscopat, il leur dit bien que ce sont eux qui remettront leur mandat, non lui qui est proche de la mort. Sans doute n'a-t-il pas imaginé qu'il demeurerait encore 32 mois sur terre après les sacres, au cours desquels il indique que sa mort arrivera sans tarder.
Mais il aurait été contradictoire de réaliser une régularisation avec Rome quand on vient de procéder à une opération in extremis. Après les sacres, il parle de nombreuses fois du moment où ses successeurs devront procéder à un arrangement. Parfois il dit attendre la disparition du dicastère chargé du dialogue interreligieux (1989). La même année, il n'en parle plus. Il dit vouloir que les papes se réapproprient les encycliques antilibérales. Dans le sermon des sacres, il parle du moment où "la Tradition aura retrouvé ses droits à Rome". Mgr Lefebvre est un pragmatique. Vous ne pourrez le dissocier des situations qu'il observe. La seule exigence qu'il ait laissée, c'est pour les évêques la fidélité au supérieur général et aux prêtres la fidélité à l'oeuvre qu'il a fondée en les invitant à ne pas laisser l'émotion les gagner trop vite dans les situations un peu chaudes.