SOURCE - Abbé Guy Castelain, fsspx - Confrérie Marie Reine des Coeurs - juin 2012
Zenit.org a publié, à l'occasion de la Journée mondiale de la Vie consacrée, célébrée chaque année le 2 février, un entretien du Révérend Père Santino Brembilla, actuellement Supérieur général des Missionnaires montfortains. Le supérieur a répondu très lucidement aux questions posées par le journaliste José Antonio Varela Vidal. Sans le dire, il livre très honnêtement, au grand public, ce que l'on pourrait appeler « les fruits du concile Vatican II chez les Montfortains ». En voici cinq avec quelques commentaires pour bien les mettre en lumière.
1. « La culture de la sécularisation a pénétré
aussi dans les congrégations. Nous disons que nous
croyons et vivons notre vocation, notre style de vie,
mais ce que nous pensons est très lié à la mentalité
de la sécularisation… La sécularisation a pénétré
tellement en profondeur qu'on ne voit même pas son
influence ». En clair : l'Aggiornamento conciliaire,
c'est-à-dire, l'ouverture au monde du Concile Vatican
II a fait son oeuvre. Nous avons bel et bien assimilé
l'esprit du monde, si opposé à celui de Jésus.
2. « Il y a un manque de vocation », et « le
fait de ne pas avoir de nouvelles générations porteuses
d'enthousiasme… a pour conséquence que
ceux qui vieillissent risquent de s'asseoir, sans
avoir… cette impulsion nécessaire pour un renouvellement
continu de notre mission d'évangélisation. »
Autrement dit : il n'y a pas de relève pour demain et
tout le monde se décourage. Nous perdons l'esprit
missionnaire et nous ne sommes plus à la hauteur…
3. « Nous parlons des trois voeux, mais souvent
nous ne vivons pas la pauvreté ni l'obéissance.
L'individualisme a pénétré la vie religieuse, si bien
que lorsque nous cherchons quelqu'un pour les services
(Entendez : les nominations, ndlr.) dont nous
avons besoin, il est difficile de trouver la disponibilité.
» Ce qu'il faut traduire ainsi : nous ne pratiquons
plus les voeux et nous n'avons plus l'esprit religieux.
Les membres de la congrégation n'obéissent plus.
4. « Nous avons pensé, spécialement en 2012,
année du tricentenaire de l'écriture du Traité de la
vraie dévotion à Marie du Père de Montfort, à proposer
aux confrères de la congrégation une réflexion
sérieuse en vue d'une réappropriation de notre spiritualité
à partir aussi des autres oeuvres du fondateur.
» Ce qu'il faut comprendre ainsi : les Montfortains
ne connaissent même plus les propres écrits de
leur fondateur et en ont perdu l'esprit.
5. « Nous ne sommes pas nombreux, un peu
moins de 900 religieux dans le monde avec une présence
dans 27 pays… Nous cherchons des chemins
de collaboration internationale de telle façon que,
dans les lieux historiques où il y a de nouveaux défis,
nous puissions créer des communautés internationales
en vue d'approfondir la formation et la spiritualité
montfortaine. » Ce qu'il faut interpréter ainsi :
la congrégation vieillit et les vocations disparaissent,
spécialement en France. Nous sommes obligés de
fermer des maisons (les dernières en date : Tourcoing,
Chézelles, Notre-Dame du Chêne près de Besançon,
Brest, etc. ndlr). Cependant, nous espérons
garder les lieux historiques liés au Père de Montfort :
Maison natale de Montfort-sur-Meu (lieu de naissance),
Pontchâteau (mémorial de la Passion érigé en
1710), Saint-Laurent-sur-Sèvre (tombeau). Mais,
puisqu'il y a de moins en moins de membres européens,
nous sommes obligés d'y nommer des étrangers
et de leur donner une mission internationale.
Voilà où en sont les Montfortains, 50 ans
après l'ouverture du Concile Vatican II… Ils ont tout
perdu : l'esprit de la vie consacrée, l'esprit missionnaire,
l'esprit des voeux religieux, l'esprit du fondateur,
et l'esprit d'expansion. Ce que l'on pourrait
résumer de façon brutale ainsi : nous ne sommes plus
rien, car nous ne sommes plus montfortains que de
nom. Constat terrible, mais reflétant la triste réalité.
Le Père Brembilla est très courageux de l'avouer…
Le Concile Vatican II a confié aux Montfortains ses « cinq talents » empoisonnés : l'Ouverture au monde, la Liberté religieuse, l'OEcuménisme, la Collégialité et la Nouvelle Messe de Paul VI, et les Montfortains lui en rendent très fidèlement cinq autres… des fruits avariés, appelés pudiquement par Zenit : « Défis de la nouvelle évangélisation ».
Une chose est rassurante : le Supérieur général
des Missionnaires montfortains ne semble pas,
comme les inconditionnels du Concile Vatican II,
croire qu'il y a là « une Chance pour l'Eglise ».
Abbé Guy Castelain+
Extrait deLa Lettre de liaison n° 90 de juin 2012