Pour qu’un nombre toujours plus grand de fidèles puisse bénéficier des fruits du Motu Proprio Summorum Pontificum,
il faut des prêtres pour célébrer la forme extraordinaire du rite
romain. Certes, la meilleure solution demeure l’apprentissage de la
liturgie traditionnelle dans les séminaires mais c’est un objectif de
longue haleine tant les résistances sont fortes, notamment en Europe.
Aussi la formation individuelle des prêtres et des séminaristes
constitue la solution à encourager. La « demande », d’ailleurs, ne
faiblit pas: jeunes prêtres et séminaristes qui veulent être initiés à
la forme extraordinaire du rite sont nombreux.
Nous vous proposons donc aujourd’hui le mode d’emploi pour l’apprentissage de la forme extraordinaire tel qu’il a été proposé sur son blog par le Père Kyle Schnippel, directeur des vocations pour le diocèse de Cincinnati (États-Unis). Le Père Schnippel connaît bien les difficultés pratiques que rencontrent ses confrères. C’est pourquoi il a réalisé un guide très concret, pouvant aider ces prêtres qui voudraient bien participer au nouveau mouvement liturgique voulu par le Saint Père mais qui ne savent pas trop comment se « jeter à l’eau ». De ce fait, nous avons volontairement conservé le ton, parfois très direct, employé par l’auteur.
Nous vous proposons donc aujourd’hui le mode d’emploi pour l’apprentissage de la forme extraordinaire tel qu’il a été proposé sur son blog par le Père Kyle Schnippel, directeur des vocations pour le diocèse de Cincinnati (États-Unis). Le Père Schnippel connaît bien les difficultés pratiques que rencontrent ses confrères. C’est pourquoi il a réalisé un guide très concret, pouvant aider ces prêtres qui voudraient bien participer au nouveau mouvement liturgique voulu par le Saint Père mais qui ne savent pas trop comment se « jeter à l’eau ». De ce fait, nous avons volontairement conservé le ton, parfois très direct, employé par l’auteur.
I – LES HUIT ÉTAPES DE FATHER SCHNIPPEL
Je
suis prêtre depuis désormais sept ans. Tout au long de cette période,
j’ai voulu apprendre à célébrer la messe tridentine, comprenez la forme
extraordinaire de la messe.
Ce vendredi, je vais monter à l’autel de Dieu pour la première fois à cet effet, dans un cadre public, pour une messe solennelle [dans la forme extraordinaire, NDT]. Pour tous les prêtres désireux d’y parvenir eux aussi, et n’ayant pas forcément plus de temps libre que je n’en ai, j’ai eu l’idée de ce guide pas à pas.
1) Les jours où nous n’avez pas de messe publique mais pouvez célébrer de façon légitime une messe privée, c’est-à-dire seul ou avec un servant de messe, dites la forme ordinaire en latin. Utilisez la langue vulgaire pour les lectures et les oraisons présidentielles, et dites tout le reste, ou le plus possible, en latin. Commencez par la prière eucharistique et les acclamations afin d’habituer votre cerveau et votre langue à l’usage du latin. Même sans avoir fait beaucoup de latin vous devriez y arriver.
2) Latinisez lentement. Si besoin, au début, dites les parties latines en silence. Peu à peu, dites-les à voix haute, articulant mot à mot puis phrase à phrase. Dans la mesure du possible, en fonction de votre paroisse, introduisez peu à peu le latin dans vos célébrations paroissiales. Commencez par une messe de semaine, par exemple...
3) Une fois que vous maîtrisez cela, assistez à une messe traditionnelle au chœur dans la mesure où cela vous est possible.
J’imagine que vous savez où elle est célébrée dans votre ville ou votre diocèse. Les prêtres la célébrant seront plus que désireux de vous y accueillir même si vous vous contentez de vous asseoir dans le chœur. QUAND J’ENTENDS DES AMIS PRÊTRES ME DIRE : “ Mais je ne saurai pas quoi faire ! ”, je réponds : “ Vous n’avez rien à faire ! ”. À part prier, bien entendu. Rappelez-vous qu’il n’y a pas de concélébration, vous prenez juste votre place et bénéficiez du meilleur spectacle offert par la maison. Profitez-en pour une fois !
4) Achetez le « gros livre » si vous ne l’avez pas encore. Eh oui, il est temps de vous procurer le Missel de 1962. Je suggèrerais aussi l’acquisition d’un missel bilingue [genre missel des fidèles, NDT], très utile au début pour les prières au bas de l’autel et comportant les traductions des prières sur la page de droite. Si vous avez un ipad, chargez l’application iMass de la Fraternité Saint-Pierre. Là aussi vous avez le latin et l’anglais qui se font face plus une fenêtre vidéo qui vous permet de suivre les gestes du prêtre au fil de la messe. J’ai trouvé cela très profitable d’autant plus que vous y avez également la messe du jour, ce qui vous permet de la retrouver facilement dans le gros livre – et c’est vraiment très utile !
Pendant votre temps libre (oui, je sais, vous en manquez !), feuilletez le missel et familiarisez-vous avec lui.
5) Ensuite, à votre prochaine messe « extra », interceptez le cérémoniaire ou le célébrant et demandez-lui : « Pouvez-vous m’aider ? » N’importe qui digne de ce nom vous répondra « Bien sûr ! » Pour ma part, c’est le cérémoniaire d’Una Voce qui m’a guidé au fil du missel et des rubriques de la messe. Arrivé à ce point, vous pouvez songer à vous procurer les canons d’autel que vous devriez pouvoir trouver et imprimer en ligne.
6) Passez de la forme ordinaire à la forme extraordinaire pour votre messe privée sans cesser de vous exercer.
7) Proposez-vous d’officier comme diacre ou sous-diacre à une messe solennelle.
8) Passez au centre de l’autel et ALLEZ-Y !
Pour moi, le processus a duré près de six mois. Parfois je ne faisais aucun progrès et d’autres, quand j’avais plus de temps, je mettais les bouchées doubles. J’essayais toutefois de garder une trajectoire ascendante.
Votre sacerdoce en vaut la peine ! Moi, cela m’a aidé à mieux célébrer la forme ordinaire, avec plus de révérence, et m’a fait apprécier la messe davantage.
Comme prêtre, vous croulez sans doute sous de nombreuses charges et cela peut vous sembler un lourd fardeau que d’apprendre et de progresser : détaillez bien les étapes à suivre, fixez-vous un calendrier adapté à votre rythme et, lancez-vous !
Ce vendredi, je vais monter à l’autel de Dieu pour la première fois à cet effet, dans un cadre public, pour une messe solennelle [dans la forme extraordinaire, NDT]. Pour tous les prêtres désireux d’y parvenir eux aussi, et n’ayant pas forcément plus de temps libre que je n’en ai, j’ai eu l’idée de ce guide pas à pas.
1) Les jours où nous n’avez pas de messe publique mais pouvez célébrer de façon légitime une messe privée, c’est-à-dire seul ou avec un servant de messe, dites la forme ordinaire en latin. Utilisez la langue vulgaire pour les lectures et les oraisons présidentielles, et dites tout le reste, ou le plus possible, en latin. Commencez par la prière eucharistique et les acclamations afin d’habituer votre cerveau et votre langue à l’usage du latin. Même sans avoir fait beaucoup de latin vous devriez y arriver.
2) Latinisez lentement. Si besoin, au début, dites les parties latines en silence. Peu à peu, dites-les à voix haute, articulant mot à mot puis phrase à phrase. Dans la mesure du possible, en fonction de votre paroisse, introduisez peu à peu le latin dans vos célébrations paroissiales. Commencez par une messe de semaine, par exemple...
3) Une fois que vous maîtrisez cela, assistez à une messe traditionnelle au chœur dans la mesure où cela vous est possible.
J’imagine que vous savez où elle est célébrée dans votre ville ou votre diocèse. Les prêtres la célébrant seront plus que désireux de vous y accueillir même si vous vous contentez de vous asseoir dans le chœur. QUAND J’ENTENDS DES AMIS PRÊTRES ME DIRE : “ Mais je ne saurai pas quoi faire ! ”, je réponds : “ Vous n’avez rien à faire ! ”. À part prier, bien entendu. Rappelez-vous qu’il n’y a pas de concélébration, vous prenez juste votre place et bénéficiez du meilleur spectacle offert par la maison. Profitez-en pour une fois !
4) Achetez le « gros livre » si vous ne l’avez pas encore. Eh oui, il est temps de vous procurer le Missel de 1962. Je suggèrerais aussi l’acquisition d’un missel bilingue [genre missel des fidèles, NDT], très utile au début pour les prières au bas de l’autel et comportant les traductions des prières sur la page de droite. Si vous avez un ipad, chargez l’application iMass de la Fraternité Saint-Pierre. Là aussi vous avez le latin et l’anglais qui se font face plus une fenêtre vidéo qui vous permet de suivre les gestes du prêtre au fil de la messe. J’ai trouvé cela très profitable d’autant plus que vous y avez également la messe du jour, ce qui vous permet de la retrouver facilement dans le gros livre – et c’est vraiment très utile !
Pendant votre temps libre (oui, je sais, vous en manquez !), feuilletez le missel et familiarisez-vous avec lui.
5) Ensuite, à votre prochaine messe « extra », interceptez le cérémoniaire ou le célébrant et demandez-lui : « Pouvez-vous m’aider ? » N’importe qui digne de ce nom vous répondra « Bien sûr ! » Pour ma part, c’est le cérémoniaire d’Una Voce qui m’a guidé au fil du missel et des rubriques de la messe. Arrivé à ce point, vous pouvez songer à vous procurer les canons d’autel que vous devriez pouvoir trouver et imprimer en ligne.
6) Passez de la forme ordinaire à la forme extraordinaire pour votre messe privée sans cesser de vous exercer.
7) Proposez-vous d’officier comme diacre ou sous-diacre à une messe solennelle.
8) Passez au centre de l’autel et ALLEZ-Y !
Pour moi, le processus a duré près de six mois. Parfois je ne faisais aucun progrès et d’autres, quand j’avais plus de temps, je mettais les bouchées doubles. J’essayais toutefois de garder une trajectoire ascendante.
Votre sacerdoce en vaut la peine ! Moi, cela m’a aidé à mieux célébrer la forme ordinaire, avec plus de révérence, et m’a fait apprécier la messe davantage.
Comme prêtre, vous croulez sans doute sous de nombreuses charges et cela peut vous sembler un lourd fardeau que d’apprendre et de progresser : détaillez bien les étapes à suivre, fixez-vous un calendrier adapté à votre rythme et, lancez-vous !
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Dans
le monde anglo-saxon, un gros effort est fait pour favoriser
l’apprentissage de la forme extraordinaire par les prêtres qui le
désirent. En dehors des outils pédagogiques individuels, en Angleterre,
en Australie ou aux États-Unis, associations de fidèles, associations de
prêtres et même séminaires, organisent régulièrement des stages de
découverte de la liturgie traditionnelle. Ce rôle pédagogique est assuré
chez nous essentiellement par les monastères (Le Barroux, Fontgombault,
etc.) mais à une moindre échelle, et cela relève beaucoup plus de
démarches personnelles que collectives : combien de prêtres ont appris à
dire la messe en forme extraordinaire auprès d’un ami qui la
pratiquait ?
De même, Internet regorge de témoignages de prêtres ou de séminaristes racontant leur découverte (ou redécouverte) de la liturgie traditionnelle, s’arrêtant sur les difficultés rencontrées et les joies vécues. À cet égard, celui du Père Schnippel est exemplaire car il se veut didactique pour ses frères prêtres. À quand, en France, un responsable diocésain des vocations affichant aussi joyeusement et librement sa plongée dans la messe de saint Pie V ?
2) Le récit de Father Schnippel est une illustration vibrante de l’enrichissement mutuel souhaité par le Saint Père lors de la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum. Il se prépare à la forme extraordinaire par l’ordinaire, et surtout, comme il le dit en conclusion, l’apprentissage de la forme extraordinaire l’a « aidé à mieux célébrer la forme ordinaire, avec plus de révérence », et « fait apprécier la messe davantage ».
Ce qu’illustre le Père Schnippel, ce n’est ni plus ni moins que cette quête du sens du sacré qui attire tant de fidèles vers la liturgie traditionnelle. Un sens du sacré vers lequel doit tendre toute liturgie comme l’écrit Benoît XVI dans son exhortation Sacramentum Caritatis : « L’ars celebrandi doit favoriser le sens du sacré et l’utilisation des formes extérieures qui éduquent à un tel sens, comme par exemple l’harmonie du rite, des vêtements liturgiques, de l’ameublement et du lieu sacré. »
Est-ce alors par manque de sens du sacré que tant de freins sont mis en France à l’essor de la forme extraordinaire ? En tout cas, comment ne pas constater que pendant que le Motu Proprio est contesté, tant d’abus et de non-sens liturgiques continuent à être tolérés dans un si grand nombre de paroisses comme, hélas, dans tant de cathédrales ? Un exemple parmi une foule innombrable d’autres : dans la bonne ville de T., département du V., les quelques religieux de l’ordre B. se rassemblent tous les jours autour de l’autel ; ils concélèbrent soit en aube et étole, soit en tenue de ville avec étole, soit en tenue de ville sans étole. Vous avez dit, Très Saint Père : « sens du sacré » ?
3) Pour que de plus en plus de prêtres usent du droit qui leur est fait de célébrer, au moins à titre privé, selon le missel de saint Pie V, il faut que les fidèles qui demandent cette messe fasse montre d’un brin de bon sens. Et il faut que ces fidèles manifestent la plus grande bienveillance envers ceux qui s’approchent avec humilité et timidité d’une liturgie qu’ils ont souvent dû apprendre par eux-mêmes puisque les séminaires ont cessé de l’enseigner il y a bien des lustres...
De même, Internet regorge de témoignages de prêtres ou de séminaristes racontant leur découverte (ou redécouverte) de la liturgie traditionnelle, s’arrêtant sur les difficultés rencontrées et les joies vécues. À cet égard, celui du Père Schnippel est exemplaire car il se veut didactique pour ses frères prêtres. À quand, en France, un responsable diocésain des vocations affichant aussi joyeusement et librement sa plongée dans la messe de saint Pie V ?
2) Le récit de Father Schnippel est une illustration vibrante de l’enrichissement mutuel souhaité par le Saint Père lors de la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum. Il se prépare à la forme extraordinaire par l’ordinaire, et surtout, comme il le dit en conclusion, l’apprentissage de la forme extraordinaire l’a « aidé à mieux célébrer la forme ordinaire, avec plus de révérence », et « fait apprécier la messe davantage ».
Ce qu’illustre le Père Schnippel, ce n’est ni plus ni moins que cette quête du sens du sacré qui attire tant de fidèles vers la liturgie traditionnelle. Un sens du sacré vers lequel doit tendre toute liturgie comme l’écrit Benoît XVI dans son exhortation Sacramentum Caritatis : « L’ars celebrandi doit favoriser le sens du sacré et l’utilisation des formes extérieures qui éduquent à un tel sens, comme par exemple l’harmonie du rite, des vêtements liturgiques, de l’ameublement et du lieu sacré. »
Est-ce alors par manque de sens du sacré que tant de freins sont mis en France à l’essor de la forme extraordinaire ? En tout cas, comment ne pas constater que pendant que le Motu Proprio est contesté, tant d’abus et de non-sens liturgiques continuent à être tolérés dans un si grand nombre de paroisses comme, hélas, dans tant de cathédrales ? Un exemple parmi une foule innombrable d’autres : dans la bonne ville de T., département du V., les quelques religieux de l’ordre B. se rassemblent tous les jours autour de l’autel ; ils concélèbrent soit en aube et étole, soit en tenue de ville avec étole, soit en tenue de ville sans étole. Vous avez dit, Très Saint Père : « sens du sacré » ?
3) Pour que de plus en plus de prêtres usent du droit qui leur est fait de célébrer, au moins à titre privé, selon le missel de saint Pie V, il faut que les fidèles qui demandent cette messe fasse montre d’un brin de bon sens. Et il faut que ces fidèles manifestent la plus grande bienveillance envers ceux qui s’approchent avec humilité et timidité d’une liturgie qu’ils ont souvent dû apprendre par eux-mêmes puisque les séminaires ont cessé de l’enseigner il y a bien des lustres...