[…] Les réactions pavloviennes se comprennent de par les expériences passées, et de par l'âge de la FSSPX : on commence malheureusement à voir des fidèles de la FSSPX qui, désabusés ou meurtris par les expériences passées, écoutent sans réfléchir les slogans qui leur sont répétés à n'en plus finir, y compris en chaire. Mais il faut bien voir plusieurs choses derrière ces slogans :
Mais les réflexions construites ne manquent pas. Et des gens qui essayent de réfléchir, il y en a aussi. Simplement il ne faut peut-être pas aller les chercher que sur des forums de discussion sur le net !
La FSSPX se place dans une position où, tout en reconnaissant l’autorité du pape actuel (et de ceux qui l’ont précédé), elle résiste cependant sur de nombreux points, et cautionne certaines désobéissances tout en refusant de faire schisme.
Au-delà des aspects théologiques de la question et des difficultés qu’elle pose, une telle position ne me semble tenable sur le plan de la pratique quotidienne que si l’on s’attache toujours, dans un véritable amour de l’Eglise, à obéir à ladite Eglise. Non pas une obéissance aveugle aux hommes d’Eglise, comme le voudraient certains, mais une obéissance filiale à l’Eglise. Comme le dit Saint Thomas, il y a trois sortes d’obéissance : « l’une, suffisante au salut, obéit en tout ce qui est d’obligation; la seconde, parfaite, obéit en tout ce qui est permis; la troisième, excessive, obéit même en ce qui est défendu. ». Ce qui est défendu, c’est s’écarter de la doctrine orthodoxe véhiculée par des siècles de Tradition. Ce qui est d’obligation, c’est de croire en l’indéfectibilité de l’Eglise et en l’assistance divine auprès d’un pape que l’on reconnaît pape. Au milieu, quelle attitude pratique avoir ?
Il me semble que l’attitude consistant à scruter perpétuellement les actes de l’Eglise à la recherche des différents points d’achoppement est mauvaise, tout au moins lorsque c’est fait dans le but de nous conforter dans notre position en marge de l’Eglise. Cette position doit être perpétuellement regrettée, elle doit rester douloureuse. «Souvenez-vous toujours que vous n’êtes pas l’Eglise». J’y reviendrai.
Une autre mauvaise attitude serait de s’appuyer perpétuellement sur la méfiance issue de quelques décennies de rejet en marge de l’Eglise pour faire des procès d’intention à Rome. Si nous, nous ne guettons pas les signes positifs qui nous conduiront vers la fin de la crise que nous déplorons, et si chaque signe positif ou plus ou moins positif de Rome, nous l’ignorons superbement au nom des persécutions passées, voire nous le rejetons comme une manœuvre diabolique et machiavélique visant à nous « rallier » de force sans conditions, à nous berner, alors jamais nous n’en sortirons. Prudence n’est pas synonyme d’obstruction.
La bonne attitude est, à mon sens :
Nous devons subir notre mise en marge de l’Eglise, et non pas la provoquer.
Les temps ne sont pas encore venus pour un « ralliement », les fossés creusés sont loin d’être comblés, notamment du côté théologique et doctrinal. Mais il y a suffisamment de gens qui veillent à les creuser toujours plus, gardons-nous d’en faire partie ; et même aidons ceux qui travaillent à les combler. Il ne s’agit pas ici de céder sur le plan théologique et doctrinal ou de faire comme si le fossé n’existait pas, nous sommes bien d’accord ; il s’agit de mener honnêtement et filialement le dialogue doctrinal que souhaite la FSSPX.
«Vous n'êtes pas l'Eglise. Vous ne serez jamais l'Eglise. L'Eglise elle est à Rome et vous devrez retourner à Rome dés que Rome montrera un sentiment favorable envers vous.»
On sait la douleur profonde que ressentait l’auteur de cette phrase lorsqu’il la prononça. On sait également ce qu’il entendait par «un sentiment favorable» : les conditions de ce retour sont importantes et sans doute pas encore réunies. Mais la douleur, elle, doit être constamment présente à nos esprits. Interrogeons-nous de temps en temps : ressentons-nous nous-mêmes cette douleur?
- d'une part ils ne sont pas nés par génération spontanée, mais en général à la suite d'une réflexion menée par l'un ou l'autre des porte-parole ou des dirigeants de la FSSPX. Réflexion qui, elle, a été fouillée et argumentée, mais ceux qui se contentent de répéter le slogan ne vont pas forcément voir la phrase dans son contexte pour comprendre ce qu'a voulu dire l'auteur à ce moment-là, et pourquoi. Il s'ensuit que le slogan est utilisé inévitablement dans son sens le plus extrême. Mgr Lefebvre par exemple, est l'auteur de "petites phrases assassines", de "slogans", prononcés au détour de tel ou tel sermon ou de telle ou telle conférence de presse. Mais on ne saurait réduire sa position à ces petites phrases, et faire l'impasse sur tous les livres qu'il a écrits.
- d'autre part ces slogans sont éventuellement acceptés aveuglément sans autre réflexion car ils rappellent à chacun les expériences douloureuses qu'il a pu vivre, ou des choses qu'il a pu entendre ou voir lui-même. Quand ils les entendent, ils opinent alors du bonnet car cela chatouille leurs mauvais souvenirs enfouis. Mais là on est en plein pathos et c'est dommage pour l'analyse de la situation présente.
- enfin, il est inévitable que lorsque la FSSPX est elle-même attaquée sur ses positions par des slogans sans démonstration ni fondement, voire même par des attaques brutales qui relèvent de la bêtise, la réaction pavlovienne soit... pavlovienne et donc par définition non-réfléchie. Les vieux slogans ressortent alors forcément. Pour user d'une image, quand deux "manifs" se rencontrent, elles échangent des slogans, pas des argumentations construites des positions de l'un et de l'autre. Quand deux belligérants se rencontrent sur le champ de bataille, ils échangent des balles, pas de la rhétorique.
Mais les réflexions construites ne manquent pas. Et des gens qui essayent de réfléchir, il y en a aussi. Simplement il ne faut peut-être pas aller les chercher que sur des forums de discussion sur le net !
La FSSPX se place dans une position où, tout en reconnaissant l’autorité du pape actuel (et de ceux qui l’ont précédé), elle résiste cependant sur de nombreux points, et cautionne certaines désobéissances tout en refusant de faire schisme.
Au-delà des aspects théologiques de la question et des difficultés qu’elle pose, une telle position ne me semble tenable sur le plan de la pratique quotidienne que si l’on s’attache toujours, dans un véritable amour de l’Eglise, à obéir à ladite Eglise. Non pas une obéissance aveugle aux hommes d’Eglise, comme le voudraient certains, mais une obéissance filiale à l’Eglise. Comme le dit Saint Thomas, il y a trois sortes d’obéissance : « l’une, suffisante au salut, obéit en tout ce qui est d’obligation; la seconde, parfaite, obéit en tout ce qui est permis; la troisième, excessive, obéit même en ce qui est défendu. ». Ce qui est défendu, c’est s’écarter de la doctrine orthodoxe véhiculée par des siècles de Tradition. Ce qui est d’obligation, c’est de croire en l’indéfectibilité de l’Eglise et en l’assistance divine auprès d’un pape que l’on reconnaît pape. Au milieu, quelle attitude pratique avoir ?
Il me semble que l’attitude consistant à scruter perpétuellement les actes de l’Eglise à la recherche des différents points d’achoppement est mauvaise, tout au moins lorsque c’est fait dans le but de nous conforter dans notre position en marge de l’Eglise. Cette position doit être perpétuellement regrettée, elle doit rester douloureuse. «Souvenez-vous toujours que vous n’êtes pas l’Eglise». J’y reviendrai.
Une autre mauvaise attitude serait de s’appuyer perpétuellement sur la méfiance issue de quelques décennies de rejet en marge de l’Eglise pour faire des procès d’intention à Rome. Si nous, nous ne guettons pas les signes positifs qui nous conduiront vers la fin de la crise que nous déplorons, et si chaque signe positif ou plus ou moins positif de Rome, nous l’ignorons superbement au nom des persécutions passées, voire nous le rejetons comme une manœuvre diabolique et machiavélique visant à nous « rallier » de force sans conditions, à nous berner, alors jamais nous n’en sortirons. Prudence n’est pas synonyme d’obstruction.
La bonne attitude est, à mon sens :
- de ne rien céder sur le domaine de la doctrine
- d’observer, pour employer une expression souvent employée de façon impropre, les « signes des temps » : recevoir avec reconnaissance et joie les signes positifs que nous envoie Rome. Etre prêt à sentir le vent tourner le jour où il tournera.
- de ne pas oublier que l’Eglise est divinement assistée, et que les enseignements du pape sont divinement assistés, voire, dans certaines conditions, infaillibles.
- et enfin, et seulement en fin et compte-tenu des points précédents, de déplorer les signes négatifs s’il y en a. Mais une critique prudente, constructive, et emprunte de charité et de piété filiale. La forme que prend la critique ici-même dans ce forum est souvent condamnable, voire outrageante. A mon sens de nombreuses critiques formulées ici tombent sous le coup du droit canon, y compris l’ancien (canon 2344 ci-après en annexe) . Cela n’exclut pas la désobéissance, comme le montre St Paul (Gal 2,11 : « je lui [Cephas = Pierre] résistai en face parce qu’il était digne de blâme …/… ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile». Voir commentaire de St Thomas plus bas en annexe) mais, tout le monde n’étant pas St Paul, il convient d’user de la plus grande prudence.
- de prier toujours.
Nous devons subir notre mise en marge de l’Eglise, et non pas la provoquer.
Les temps ne sont pas encore venus pour un « ralliement », les fossés creusés sont loin d’être comblés, notamment du côté théologique et doctrinal. Mais il y a suffisamment de gens qui veillent à les creuser toujours plus, gardons-nous d’en faire partie ; et même aidons ceux qui travaillent à les combler. Il ne s’agit pas ici de céder sur le plan théologique et doctrinal ou de faire comme si le fossé n’existait pas, nous sommes bien d’accord ; il s’agit de mener honnêtement et filialement le dialogue doctrinal que souhaite la FSSPX.
«Vous n'êtes pas l'Eglise. Vous ne serez jamais l'Eglise. L'Eglise elle est à Rome et vous devrez retourner à Rome dés que Rome montrera un sentiment favorable envers vous.»
On sait la douleur profonde que ressentait l’auteur de cette phrase lorsqu’il la prononça. On sait également ce qu’il entendait par «un sentiment favorable» : les conditions de ce retour sont importantes et sans doute pas encore réunies. Mais la douleur, elle, doit être constamment présente à nos esprits. Interrogeons-nous de temps en temps : ressentons-nous nous-mêmes cette douleur?