SOURCE - Paix Liturgique, lettre n°365 - 11 décembre 2012
Dans notre lettre 162, du 26 janvier 2009, nous commentions le retour à la liturgie traditionnelle de l'abbaye allemande de Mariawald, survenue fin 2008, en application du Motu Proprio Summorum Pontificum.
Quatre ans plus tard, il nous a semblé bon de demander au Père Abbé de cette abbaye, Dom Josef Vollberg, un premier bilan de ce choix. Nous vous proposons cette semaine cet entretien, réalisé originellement en allemand pour notre lettre germanophone, suivi de nos réflexions.
I – NOTRE ENTRETIEN AVEC DOM JOSEF, PÈRE ABBÉ DE MARIAWALD
1) Mon
Révérendissime Père, en quelques mots, pouvez-vous nous présenter votre
abbaye, son histoire et sa place dans le paysage catholique allemand ?
Dom Josef : Le monastère de Mariawald est situé à la frontière du parc national de l'Eifel, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Cologne, non loin de la frontière belge. C'est un lieu isolé dans les collines, entouré de prairies et de forêts.
Son histoire commence à la fin du 15ème siècle, avec la vénération croissante d'une Pietà installée là par un habitant des environs. En l'an 1486, des cisterciens s'installent sur place et, en 1511, y inaugurent une première chapelle. Le monastère se développe jusqu'à ce que la tourmente de la Révolution française et, par la suite, le 'Kulturkampf' de Bismarck et la terreur nazie, conduisent à sa destruction partielle et même à sa suppression. À chaque fois, le monastère et l'ordre auquel il appartient trouvèrent cependant les ressources pour se régénérer.
Mariawald est le seul monastère trappiste d'Allemagne. Les Trappistes sont des moines issus du renouveau cistercien déclenché à la fin du 17ème siècle par la réforme de l'abbaye de La Trappe par l'Abbé de Rancé. Le titre complet de l'ordre est 'Ordo Cisterciensis Strictoris Observantiae' (OCSO), soit Ordre Cistercien de la Stricte Observance.
Dans le monde catholique allemand, Mariawald occupe une place particulière, surtout depuis la réforme de 2009. Avec la permission du Saint-Père, le pape Benoît XVI, l'abbaye célèbre la liturgie selon la forme extraordinaire du rite romain, en conformité avec les livres utilisés par les Cisterciens jusqu'au Concile. Mariawald suit la volonté du Saint-Père, qui avait déjà, lorsqu'il était préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, mis en garde contre l'autodissolution subjectiviste de la foi et l'oubli de nos racines spirituelles. L'œuvre accomplie par Mariawald se veut au service de l'Église et des chrétiens du monde entier.
Dans une large mesure, la réaction des catholiques ne correspond malheureusement pas à la volonté du Saint-Père. Trop souvent, la réforme qu'il propose est étiquetée comme réactionnaire et refusée.
Cependant, le choix fait par Mariawald a rencontré la gratitude et la compréhension de nombreuses personnes, comme en témoigne le nombre croissant des fidèles qui viennent à la messe le dimanche et la demande constante d'hébergement pour des retraites ou des séjours de repos. Il faut dire que nous avons une relation très respectueuse, bienveillante et amicale avec la communauté des fidèles qui conserve et vénère l'icône miraculeuse de la Pietà de Mariawald – une relation qui demeure malheureusement une exception.
2) Pouvez-vous nous exposer les motivations qui vous ont amené, fin 2008, à embrasser le Motu Proprio Summorum Pontificum et choisir la forme extraordinaire au sein de votre abbaye ?
Dom Josef : Il n'y avait pas, dans notre communauté, de fruits visibles des changements apportés par le Concile Vatican II et nos effectifs avaient diminué de manière drastique. Entre 1965 et 2011, de nombreux moines ont quitté le monastère et seulement deux vocations ont été confirmées.
Ainsi, face à la tendance anthropocentriste de la nouvelle liturgie, est né le désir de mettre Dieu de nouveau au centre de la vie du monastère. Comme un arbre ne vit que quand il est nourri par l'énergie qu'il puise à travers ses racines, de la même façon le moine (et pas seulement lui !) a besoin de la sagesse d'un trésor séculaire pour redonner à l'Église sa jeunesse.
Il est à noter que la liturgie de Mariawald n'est pas complètement identique au rite romain. Elle comporte des spécificités en matière de calendrier, de liturgie eucharistique et, surtout, en ce qui concerne le bréviaire (la liturgie des Heures).
3) Quels changements ce choix a-t-il impliqué dans votre vie religieuse ?
Dom Josef : La réforme a rendu la vie spirituelle des moines plus exigeante. La nouvelle – comprenez "ancienne" – liturgie nécessite un apprentissage adapté : chanter le grégorien est un art qui exige une formation spéciale ; l'attention pour le latin comme langue appropriée du culte exige volonté et assiduité ; la récitation du bréviaire prend plus de temps et le début de l'Office à 3h du matin exige une réelle volonté de renoncement. Tous ces sacrifices trouvent leur récompense dans la découverte de richesses jusque-là ignorées.
Le service de l'autel aussi nécessite un apprentissage adapté et les fidèles eux-mêmes doivent se former à la liturgie versus Deum. La célébration versus Deum au lieu de versus populum exige un autre type de 'participatio actuosa' de leur part – la plupart du temps plus consciente. La communion sur la langue porte elle aussi à une adoration plus profonde. Soit dit en passant, le Saint-Père lui-même distribue la communion sur les lèvres dans le Novus Ordo, donnant ainsi un exemple de la tant désirée " réforme de la réforme ".
4) Quelle influence a-t-il eu sur la qualité de votre vie communautaire ?
Dom Josef : Quarante ans de nouvelle liturgie rendent tout nouveau changement d'orientation difficile, surtout pour les frères plus âgés.
Cependant, aujourd'hui, les tensions initiales ont cessé et la situation est plus sereine. L'ouverture à la tradition ininterrompue de l'Église et l'intensification de la vie spirituelle portent lentement leurs fruits, comme nous l'espérions, en particulier en matière de nouvelles vocations. Il n'y a pas de place pour l'impatience. Pour utiliser l'image d'un ami de l'abbaye : réformer Mariawald, c'est comme inverser la route d'un paquebot lancé à pleine vitesse, cela prend du temps. Mariawald a besoin de temps mais aussi des prières de tous...
5) Quel bilan pouvez-vous faire de ce choix aujourd'hui ? A-t-il produit un effet sur les vocations que vous attirez ?
Dom Josef : Si vous voulez me demander un bilan, je vous dirais : « Je le referais, en dépit de nombreuses et parfois subtiles difficultés. » Il y a eu et il y a toujours beaucoup de candidats pour entrer à Mariawald : depuis la réforme de 2008, entre 40 et 50. Mais la plupart ne restent pas en raison des exigences spécifiques de la règle stricte que nous observons. Cela reflète un phénomène général de la société de notre temps : l'incapacité de s'engager à long terme. On le constate en ce qui concerne le refus du mariage, la pratique toujours plus généralisée du concubinage et le nombre croissant de divorces civils.
Cette peur de l'engagement touche tous les ordres religieux et n'est pas liée à la nature de la réforme que nous avons entreprise.
En 2008, nous étions 12 moines dans le monastère. Deux d'entre eux sont décédés depuis. Aujourd'hui, nous sommes donc dix, dont un frère qui a fait sa profession solennelle récemment (il n'a pas peur de s'engager, lui !). Nous avons aussi un novice et accueillerons cette année un postulant et il y a encore deux ou trois personnes qui ont manifesté un intérêt sérieux pour nous rejoindre. Nous avons aussi trois moines qui vivent à l'extérieur du monastère.
6) Vous arrive-t-il d'accueillir des prêtres (diocésains ou d'autres communautés religieuses) désireux de découvrir voire d'apprendre la forme extraordinaire?
Dom Josef : Oui, nous recevons régulièrement des demandes de la part de prêtres désireux d'apprendre l'usus antiquior. Hélas, du fait de nos moyens limités, nous ne pouvons assurer une telle formation.
Dom Josef : Le monastère de Mariawald est situé à la frontière du parc national de l'Eifel, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Cologne, non loin de la frontière belge. C'est un lieu isolé dans les collines, entouré de prairies et de forêts.
Son histoire commence à la fin du 15ème siècle, avec la vénération croissante d'une Pietà installée là par un habitant des environs. En l'an 1486, des cisterciens s'installent sur place et, en 1511, y inaugurent une première chapelle. Le monastère se développe jusqu'à ce que la tourmente de la Révolution française et, par la suite, le 'Kulturkampf' de Bismarck et la terreur nazie, conduisent à sa destruction partielle et même à sa suppression. À chaque fois, le monastère et l'ordre auquel il appartient trouvèrent cependant les ressources pour se régénérer.
Mariawald est le seul monastère trappiste d'Allemagne. Les Trappistes sont des moines issus du renouveau cistercien déclenché à la fin du 17ème siècle par la réforme de l'abbaye de La Trappe par l'Abbé de Rancé. Le titre complet de l'ordre est 'Ordo Cisterciensis Strictoris Observantiae' (OCSO), soit Ordre Cistercien de la Stricte Observance.
Dans le monde catholique allemand, Mariawald occupe une place particulière, surtout depuis la réforme de 2009. Avec la permission du Saint-Père, le pape Benoît XVI, l'abbaye célèbre la liturgie selon la forme extraordinaire du rite romain, en conformité avec les livres utilisés par les Cisterciens jusqu'au Concile. Mariawald suit la volonté du Saint-Père, qui avait déjà, lorsqu'il était préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, mis en garde contre l'autodissolution subjectiviste de la foi et l'oubli de nos racines spirituelles. L'œuvre accomplie par Mariawald se veut au service de l'Église et des chrétiens du monde entier.
Dans une large mesure, la réaction des catholiques ne correspond malheureusement pas à la volonté du Saint-Père. Trop souvent, la réforme qu'il propose est étiquetée comme réactionnaire et refusée.
Cependant, le choix fait par Mariawald a rencontré la gratitude et la compréhension de nombreuses personnes, comme en témoigne le nombre croissant des fidèles qui viennent à la messe le dimanche et la demande constante d'hébergement pour des retraites ou des séjours de repos. Il faut dire que nous avons une relation très respectueuse, bienveillante et amicale avec la communauté des fidèles qui conserve et vénère l'icône miraculeuse de la Pietà de Mariawald – une relation qui demeure malheureusement une exception.
2) Pouvez-vous nous exposer les motivations qui vous ont amené, fin 2008, à embrasser le Motu Proprio Summorum Pontificum et choisir la forme extraordinaire au sein de votre abbaye ?
Dom Josef : Il n'y avait pas, dans notre communauté, de fruits visibles des changements apportés par le Concile Vatican II et nos effectifs avaient diminué de manière drastique. Entre 1965 et 2011, de nombreux moines ont quitté le monastère et seulement deux vocations ont été confirmées.
Ainsi, face à la tendance anthropocentriste de la nouvelle liturgie, est né le désir de mettre Dieu de nouveau au centre de la vie du monastère. Comme un arbre ne vit que quand il est nourri par l'énergie qu'il puise à travers ses racines, de la même façon le moine (et pas seulement lui !) a besoin de la sagesse d'un trésor séculaire pour redonner à l'Église sa jeunesse.
Il est à noter que la liturgie de Mariawald n'est pas complètement identique au rite romain. Elle comporte des spécificités en matière de calendrier, de liturgie eucharistique et, surtout, en ce qui concerne le bréviaire (la liturgie des Heures).
3) Quels changements ce choix a-t-il impliqué dans votre vie religieuse ?
Dom Josef : La réforme a rendu la vie spirituelle des moines plus exigeante. La nouvelle – comprenez "ancienne" – liturgie nécessite un apprentissage adapté : chanter le grégorien est un art qui exige une formation spéciale ; l'attention pour le latin comme langue appropriée du culte exige volonté et assiduité ; la récitation du bréviaire prend plus de temps et le début de l'Office à 3h du matin exige une réelle volonté de renoncement. Tous ces sacrifices trouvent leur récompense dans la découverte de richesses jusque-là ignorées.
Le service de l'autel aussi nécessite un apprentissage adapté et les fidèles eux-mêmes doivent se former à la liturgie versus Deum. La célébration versus Deum au lieu de versus populum exige un autre type de 'participatio actuosa' de leur part – la plupart du temps plus consciente. La communion sur la langue porte elle aussi à une adoration plus profonde. Soit dit en passant, le Saint-Père lui-même distribue la communion sur les lèvres dans le Novus Ordo, donnant ainsi un exemple de la tant désirée " réforme de la réforme ".
4) Quelle influence a-t-il eu sur la qualité de votre vie communautaire ?
Dom Josef : Quarante ans de nouvelle liturgie rendent tout nouveau changement d'orientation difficile, surtout pour les frères plus âgés.
Cependant, aujourd'hui, les tensions initiales ont cessé et la situation est plus sereine. L'ouverture à la tradition ininterrompue de l'Église et l'intensification de la vie spirituelle portent lentement leurs fruits, comme nous l'espérions, en particulier en matière de nouvelles vocations. Il n'y a pas de place pour l'impatience. Pour utiliser l'image d'un ami de l'abbaye : réformer Mariawald, c'est comme inverser la route d'un paquebot lancé à pleine vitesse, cela prend du temps. Mariawald a besoin de temps mais aussi des prières de tous...
5) Quel bilan pouvez-vous faire de ce choix aujourd'hui ? A-t-il produit un effet sur les vocations que vous attirez ?
Dom Josef : Si vous voulez me demander un bilan, je vous dirais : « Je le referais, en dépit de nombreuses et parfois subtiles difficultés. » Il y a eu et il y a toujours beaucoup de candidats pour entrer à Mariawald : depuis la réforme de 2008, entre 40 et 50. Mais la plupart ne restent pas en raison des exigences spécifiques de la règle stricte que nous observons. Cela reflète un phénomène général de la société de notre temps : l'incapacité de s'engager à long terme. On le constate en ce qui concerne le refus du mariage, la pratique toujours plus généralisée du concubinage et le nombre croissant de divorces civils.
Cette peur de l'engagement touche tous les ordres religieux et n'est pas liée à la nature de la réforme que nous avons entreprise.
En 2008, nous étions 12 moines dans le monastère. Deux d'entre eux sont décédés depuis. Aujourd'hui, nous sommes donc dix, dont un frère qui a fait sa profession solennelle récemment (il n'a pas peur de s'engager, lui !). Nous avons aussi un novice et accueillerons cette année un postulant et il y a encore deux ou trois personnes qui ont manifesté un intérêt sérieux pour nous rejoindre. Nous avons aussi trois moines qui vivent à l'extérieur du monastère.
6) Vous arrive-t-il d'accueillir des prêtres (diocésains ou d'autres communautés religieuses) désireux de découvrir voire d'apprendre la forme extraordinaire?
Dom Josef : Oui, nous recevons régulièrement des demandes de la part de prêtres désireux d'apprendre l'usus antiquior. Hélas, du fait de nos moyens limités, nous ne pouvons assurer une telle formation.
7) On
voit bien, au niveau paroissial, que la "réforme de la réforme" de
Benoît XVI, pape qui propose plutôt qu'il n'impose (communion à genoux,
kyriale en grégorien, usage du latin pour la prière eucharistique,
centralité du crucifix, etc.) est lente à se diffuser : observez-vous en
revanche un effet Summorum Pontificum parmi la communauté trappiste ?
Dom Josef :
On ne voit guère en effet de réponse positive à la demande du
Saint-Père d'intégrer des éléments de la tradition dans le Novus Ordo.
On observe plutôt, semble-t-il, en parallèle d'une contestation
permanente du Saint-Père, un refus rigide et un mépris pour les
déclarations pourtant claires du Concile en ce qui concerne la liturgie.
L'obéissance et l'humilité semblent des vertus perdues.
Je ne peux pas répondre pour les Trappistes en général mais, au sein de notre communauté, si tous n'ont pas un amour inconditionnel de la tradition, l'acceptation de notre œuvre de réforme a en effet augmenté. Et ceux qui l'aiment vraiment n'imaginent plus de faire sans elle.
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Né
en 1963, Dom Joseph Vollberg est entré à Mariawald en 1986. Après des
études de théologie à l'abbaye d'Heiligenkreuz (Autriche), il est
ordonné prêtre en 2006 et élu Abbé en novembre de la même année. Ce
simple rappel de dates et de parcours illustre bien que le Motu Proprio
est un don pour l’Église universelle et pas une concession à ceux que
l'on appelle les " traditionalistes ".
On mesure combien, à travers les propos de Dom Vollberg, celui-ci « sait de quoi il parle » quand il évoque aussi bien la patience indispensable pour réformer une institution religieuse et la persévérance sans laquelle les vocations monastiques ne peuvent s'épanouir.
2) Comme la plupart des communautés religieuses, les Trappistes " ordinaires " voient leurs effectifs diminuer de façon continue depuis le Concile (sauf lorsque l’abbaye cultive des aspects traditionnels : la trappe de Sept-Fons, par exemple, dans le diocèse de Moulins) et leur pyramide des âges s'inverser inexorablement.
En embrassant le Motu Proprio, Dom Josef n'avait pas simplement exprimé une préférence liturgique ou théologique mais bel et bien posé un acte refondateur. Sa décision de 2008 n'avait pas été appuyée par tous ses confrères, loin de là. En raison des tensions qui s'étaient alors manifestées à Mariawald, et autour de Mariawald, le supérieur général des Trappistes était en effet intervenu début 2009 auprès du cardinal Castrillón Hoyos, alors président de la commission Ecclesia Dei, pour s'enquérir des termes de la réforme entreprise.
Rien n’a été facile : « Réformer Mariawald, c'est comme inverser la route d'un paquebot lancé à pleine vitesse ». Aujourd'hui, le calme est revenu, la réforme fait son chemin et les premières vocations réelles se manifestent. Nous ne pouvons qu'unir nos prières à celles des moines pour qu'elles se concrétisent.
3) Quand Dom Josef parle de « contestation permanente du Saint-Père », il fait évidemment avant tout référence à la situation allemande, marquée en particulier par le mouvement 'Wir sind Kirche', né en Autriche mais qui a pris très vite son envol en Allemagne. Mouvement contestataire implanté dans tous les diocèses d'Outre-Rhin, 'Nous sommes l'Église' promeut à peu près tout ce qui est contraire à la doctrine catholique, de l'ordination des femmes à la parité entre l'homosexualité et l'« hétérosexualité », comme on dit désormais...
Reconnaissons-le, à part dans certains milieux en voie d'extinction, la « contestation permanente du Saint-Père » a beaucoup moins cours parmi les catholiques français. En revanche, la constatation que fait Dom Josef du « mépris pour les déclarations pourtant claires du Concile en ce qui concerne la liturgie », à savoir des aspects traditionnels de la constitution Sacrosanctum Concilium, vaut aussi bien de ce côté-ci du Rhin que de l'autre, hélas... On mesure ici à quel point la nomination d'évêques 'Summorum Pontificum', tout à la fois soucieux de reproposer la forme extraordinaire à l’Église universelle et d'inscrire la forme ordinaire dans une herméneutique de continuité est l'antidote indispensable à cette instrumentalisation de la liturgie.
4) Enfin, on soulignera l’absence de langue de buis dans la relation que Dom Josef fait des motifs de son changement de cap :
a) Notre Seigneur nous invite à juger un arbre à ses fruits (Matthieu 7, 17:20) et Dom Josef s'interroge sur les fruits du Concile : « Il n'y avait pas, dans notre communauté, de fruits visibles des changements apportés par le Concile Vatican II et nos effectifs avaient diminué de manière drastique. Entre 1965 et 2011, de nombreux moines ont quitté le monastère et seulement deux vocations ont été confirmées »,
b) et Dom Josef s'interroge sur la plantation de l'arbre : « Ainsi, face à la tendance anthropocentriste de la nouvelle liturgie, est né le désir de mettre Dieu de nouveau au centre de la vie du monastère. Comme un arbre ne vit que quand il est nourri par l'énergie qu'il puise à travers ses racines, de la même façon le moine (et pas seulement lui !) a besoin de la sagesse d'un trésor séculaire pour redonner à l'Église sa jeunesse ».
On ne saurait mieux dire en si peu de paroles.
Pour en savoir plus, voici l’adresse du site de l'abbaye de Mariawald
On mesure combien, à travers les propos de Dom Vollberg, celui-ci « sait de quoi il parle » quand il évoque aussi bien la patience indispensable pour réformer une institution religieuse et la persévérance sans laquelle les vocations monastiques ne peuvent s'épanouir.
2) Comme la plupart des communautés religieuses, les Trappistes " ordinaires " voient leurs effectifs diminuer de façon continue depuis le Concile (sauf lorsque l’abbaye cultive des aspects traditionnels : la trappe de Sept-Fons, par exemple, dans le diocèse de Moulins) et leur pyramide des âges s'inverser inexorablement.
En embrassant le Motu Proprio, Dom Josef n'avait pas simplement exprimé une préférence liturgique ou théologique mais bel et bien posé un acte refondateur. Sa décision de 2008 n'avait pas été appuyée par tous ses confrères, loin de là. En raison des tensions qui s'étaient alors manifestées à Mariawald, et autour de Mariawald, le supérieur général des Trappistes était en effet intervenu début 2009 auprès du cardinal Castrillón Hoyos, alors président de la commission Ecclesia Dei, pour s'enquérir des termes de la réforme entreprise.
Rien n’a été facile : « Réformer Mariawald, c'est comme inverser la route d'un paquebot lancé à pleine vitesse ». Aujourd'hui, le calme est revenu, la réforme fait son chemin et les premières vocations réelles se manifestent. Nous ne pouvons qu'unir nos prières à celles des moines pour qu'elles se concrétisent.
3) Quand Dom Josef parle de « contestation permanente du Saint-Père », il fait évidemment avant tout référence à la situation allemande, marquée en particulier par le mouvement 'Wir sind Kirche', né en Autriche mais qui a pris très vite son envol en Allemagne. Mouvement contestataire implanté dans tous les diocèses d'Outre-Rhin, 'Nous sommes l'Église' promeut à peu près tout ce qui est contraire à la doctrine catholique, de l'ordination des femmes à la parité entre l'homosexualité et l'« hétérosexualité », comme on dit désormais...
Reconnaissons-le, à part dans certains milieux en voie d'extinction, la « contestation permanente du Saint-Père » a beaucoup moins cours parmi les catholiques français. En revanche, la constatation que fait Dom Josef du « mépris pour les déclarations pourtant claires du Concile en ce qui concerne la liturgie », à savoir des aspects traditionnels de la constitution Sacrosanctum Concilium, vaut aussi bien de ce côté-ci du Rhin que de l'autre, hélas... On mesure ici à quel point la nomination d'évêques 'Summorum Pontificum', tout à la fois soucieux de reproposer la forme extraordinaire à l’Église universelle et d'inscrire la forme ordinaire dans une herméneutique de continuité est l'antidote indispensable à cette instrumentalisation de la liturgie.
4) Enfin, on soulignera l’absence de langue de buis dans la relation que Dom Josef fait des motifs de son changement de cap :
a) Notre Seigneur nous invite à juger un arbre à ses fruits (Matthieu 7, 17:20) et Dom Josef s'interroge sur les fruits du Concile : « Il n'y avait pas, dans notre communauté, de fruits visibles des changements apportés par le Concile Vatican II et nos effectifs avaient diminué de manière drastique. Entre 1965 et 2011, de nombreux moines ont quitté le monastère et seulement deux vocations ont été confirmées »,
b) et Dom Josef s'interroge sur la plantation de l'arbre : « Ainsi, face à la tendance anthropocentriste de la nouvelle liturgie, est né le désir de mettre Dieu de nouveau au centre de la vie du monastère. Comme un arbre ne vit que quand il est nourri par l'énergie qu'il puise à travers ses racines, de la même façon le moine (et pas seulement lui !) a besoin de la sagesse d'un trésor séculaire pour redonner à l'Église sa jeunesse ».
On ne saurait mieux dire en si peu de paroles.
Pour en savoir plus, voici l’adresse du site de l'abbaye de Mariawald