Auprès de Mgr Lefebvre, j’ai appris à aimer la Messe. Il me semble que je peux me rendre ce témoignage. Je ne sais si cela convient. J’écris ce « mémoire » dans l’enthousiasme d’un « fils » de Mgr Lefebvre. Je le dis sans flagornerie, sans orgueil, en toute sincérité, y voyant du reste un effet de la bonté de Dieu.Oui! C’est Mgr Lefebvre qui m’a fait comprendre mieux que quiconque la grandeur de la Messe. Elle renouvelle le « Sacrifice Rédempteur » de N.S.J.C. Elle rend au Dieu Trinité « tout honneur et toute gloire ». Cette Messe, ma foi me l’a fait considérer comme le plus bel acte d’amour de N.S.J.C. pour son Père, le plus bel acte de charité de N.S.J.C. pour nous, pour la rédemption de nos âmes pour notre éternité bienheureuse. Je sais qu’elle est aussi le plus bel acte de justice posé. L’oblation sublime de cette immolation a seule pu satisfaire surabondamment la justice de Dieu. Dieu nous donna « le prêtre et la seule victime », qui purent compenser l’infinie malice du péché originel. Manifestation évidente de sa miséricorde. Il fallait en effet un acte théandrique pour satisfaire la justice de Dieu. D’où la raison de l’Incarnation de Notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme. Notre Seigneur expie, répare pour nous, à notre place, à notre avantage, la malice du péché originel. Dans son immolation offerte, obéissante, Notre Seigneur répare, ordonne toutes choses à Dieu, rend à Dieu toute louange, toute obéissance, celles que lui doit toute créature. La Messe est expiatrice, propitiatoire, satisfactoire. C’est ainsi le plus beau trésor de la Sainte Église, le plus beau trésor de notre foi, la source de toute espérance eschatologique, le soutien de notre charité et de notre amour pour Dieu et son Christ.
Mais j’aime
aussi le rite dans lequel ce sacrifice rédempteur est offert, celui
codifié, canonisé par saint Pie V – comme étant la « règle » par
excellence. J’aime cette Messe, son ordre, sa hiérarchie, son silence. La
profondeur et la beauté des oraisons de son « Offertoire », de son Canon.
Tous les mots sonnent, sont précis, expriment à merveille la beauté de la
foi, le rôle spécifique du prêtre, la valeur sacrificielle de la Messe, la présence
réelle substantielle de Notre Seigneur, comme victime, que j’adore. Les rites
expriment merveilleusement tout cela. Ils ont une portée sublime. Ils
soutiennent ma prière, la raniment si besoin est. Ils « obligent » ma foi.
Pour tout l’or du monde, je ne quitterai cette Messe. Elle est le cœur de
l’Église. Elle y puise son souffle, son élan missionnaire, son adoration.
Cette Messe,
celle-là et pas l’autre, nourrit, fortifie mon sacerdoce. Elle est,
aujourd’hui, la raison de ma vie, de ma vie sacerdotale, de ma
consécration à Dieu. Elle fut au cœur de tout mon apostolat. Elle fut la
raison de mon appartenance à la FSSPX. Elle fut la raison de mon
attachement à Mgr Lefebvre, le grand défenseur, en acte, de cette
Messe. Elle fut la raison de mon activité en France, comme Supérieur de
District pendant 19 ans. Toutes les fondations de prieurés, toutes les écoles créées,
toutes les initiatives prises, toutes les conférences données, toutes les
manifestations publiques réalisées n’eurent qu’un but – et il en était
ainsi pour tous mes confrères – la Messe, la Sainte Messe, son maintien,
son retour, sa diffusion parce que source essentielle de toute sainteté.
Ainsi de la grande manifestation à la Porte de Versailles, en 1979. Ainsi
de la manifestation au Bourget, dix ans plus tard. La Messe, son triomphe
– puisqu’elle était attaquée et avec quelle violence incompréhensible – en
était le motif ultime.
Il en fut de
même pendant tout mon temps en Normandie, de 1995 à l’an 2000. Et là, ce
combat se fit et par a plume, en tant que Prieur, avec le Bulletin
Saint-Jean- Eudes. Et par l’action. Ce fut alors ce que j’ai aimé appeler le
« combat du Chamblac » avec pour objectif le maintien de la Messe
tridentine qui fut célébrée, dans cette paroisse, pendant trente ans par
son bon curé Monsieur l’abbé Montgomery-Wright. (J’en parle dans le
livre 1 de mon livre : » L’enjeu de l’Eglise : la messe »).
Ce fut ensuite
le « combat de Lisieux », combat « merveilleux ». (C’est l’objet du livre
II du même livre). Ce fut la raison de Bulletin Saint-Jean-Eudes qui
changea, un jour, son titre, en « Nouvelles de Chrétienté ». Là,
je voulais défendre, expliquer la raison de « notre combat ». Je voulais
enthousiasmer les lecteurs et les élèves du Cours Sainte-Catherine à
Saint-Manvieu où j’enseignais le catéchisme, chaque semaine, aux quatre dernières
classes du Secondaire, leur faire aimer la beauté de cette Messe et les «
motiver » pour ce combat. On ne le fera jamais assez. Ils avaient pour
objet: la Messe, ses victoires, ses difficultés. Transmettre l’amour de la
Messe, expliquer les raisons de notre attachement à cette Messe, rappeler les
raisons théologiques que nous avions reçues de nos anciens. Me faire
l’écho de la théologie d’un Père Calmel, d’un abbé Dulac, d’un Jean
Madiran…
Tout ce qui
touchait à la Messe, à son retour sur nos autels, à sa victoire me
passionnait. C’est la raison pour laquelle j’ai suivi de très près tout ce
qui se disait, se faisait sur la Messe. Toutes les victoires de la Messe
m’enthousiasmaient. Jusqu’à Campos. La Messe et son retour furent l’angle sous
lequel j’analysais ce formidable « accord ». J’apprenais la publication en
italien, en allemand des livres du Cardinal Stickler, du Cardinal
Ratzinger, j’en attendais, avec fébrilité, la traduction française. J’en
utilisais les arguments. Je crois bien que j’ai lu tout ce qui s’écrivait
sur la question, en langue française. C’est ainsi que je dévorais le livre
de Geffroy et de Maxence: « Enquête sur la Messe traditionnelle » publiée
en juin 1998, comme supplément à la revue La Nef. Là, je fus passionné par
la publication des lettres entre le Cardinal Re, à l’époque, substitut de
la Secrétairerie d’État, puis Préfet de la Congrégation des évêques,
aujourd’hui en retraite et Monsieur Éric de Saventhem, président émérite
d’Una Voce international, lettres qui, pour moi, ont une réelle importance.
Que d’enseignements précieux! En ce livre, tous les « ténors » de la
Tradition, toutes tendances confondues, s’y exprimaient. Lire tout cela
était précieux pour apprécier les raisons des uns et des autres. Les meilleures
interventions étaient celles de Monsieur l’abbé Claude Barthe, du côté
ecclésiastique – je n’avais pas encore repris contact avec lui – et de
Michel De Jaeghere, du côté laïc. C’est ainsi que je fus « gourmand » des
publications du « C.I.E.L » dont j’ai eu connaissance seulement en 1998. J’ai
fait venir tous les actes de leurs différents colloques. En même temps, je
reprenais les travaux publiés dans Itinéraires. Je me passionnais pour
cette histoire de la Messe.
A cette
lumière, on comprendra pourquoi j’ai suivi les communautés Ecclesia Dei
adflicta dans leur pèlerinage d’action de grâces à Rome en 1998. Si
nous ne partagions pas les mêmes points de vue, si les « disputes » entre
nous furent vives, je ne les considérais pas, ni hier, encore moins
aujourd’hui, comme des « ennemis ». « Avec nulle autre personne nous
étions aussi proches ». J’aimais dire cela souvent à Monsieur l’abbé Lorans.
Même si Mgr Lefebvre avait coupé les relations avec les uns et les autres,
il les considérait, tous, toujours comme ses « fils ». Ne me disait-il pas
un jour, alors que nous avions eu déjà beaucoup de prêtres partis : «
Finalement je n’ai pas eu la main si malheureuse que cela ». Il voulait
parler des ordinations faites.
Oui, je suis
allé à Rome en 1998. On me le reprocha. Est-ce sérieux? Je fus passionné par
les propos tenus, le 24 octobre 1998, par le Cardinal Ratzinger. J’ai pu
les comparer à ceux du Pape Jean-Paul II, prononcés deux jours plus tard,
le 26 octobre et préparés vraisemblablement par Mgr Ré de la Secrétairerie
d’État. Les différences étaient grandes. (Je l’ai écrit dans
le 3ème livre du livre cité plus haut) Ce qui me permettait de
comprendre que l’unanimité n’existait pas entre les dicastères en cette affaire
de la Messe… Savoir cela avait son importance. Un militaire cherche à
connaître le terrain… Il est plus efficace… Je fus attristé des propos tenus
par Dom Gérard. Je souffrais de ses contradictions internes, de cette
dialectique… Je voyais tout particulièrement les réticences – pour ne pas
parler de refus de la Messe tridentine – des épiscopats et, particulièrement, de
l’épiscopat français.
Et sous ce
rapport, le « combat de Lisieux » me passionna. Je voulais – c’était le but
déclaré de ce pèlerinage – faire triompher le droit de cette Messe. Vous
imaginez! Un grand rassemblement populaire! À Lisieux! 10000, 20000 fidèles et
même plus à Lisieux pour cet unique objet: la Messe, son retour sur nos autels.
C’était possible! En trois ans, nous avions pu déjà réunir 3500 fidèles.
La nef de la Basilique était pleine le 14 octobre 2000. Demandez à M
l’abbé de Tanoüarn ! Et ce n’était que le troisième pèlerinage… La
situation – proche de Paris – était parfaite. Le patronage de la Sainte,
idéal ! J’argumentais pour attirer le plus de monde possible. Le but
était noble: créer une « dynamique » en faveur de la Messe.Les
responsables de Suresnes, eux, influencés par leur conseiller juridique,
n’avaient qu’une peur: « Que je perturbe l’ordre public ». D’où leur
réticence, leur opposition. Ils en étaient « agacés ». Aussi faisaient-ils
tout pour que ce pèlerinage ne soit que local et le demeure. Ils
auraient bien préféré n’en rien connaître.
On ne dira
jamais assez combien ce problème de l’« ordre public » à préserver, à
respecter, à ne pas troubler, – toujours invoqué – fut « sclérosant » pour
l’apostolat, et combien il fut préjudiciable aux bonnes relations humaines
dans la FSSPX, en France. J’en parle en connaissance de cause. Il eut fallu –
il le faudrait encore aujourd’hui – en mieux analyser le « concept » ainsi
que les actions, celles du moins qui, de fait, risquaient ou risqueraient de
le mettre en cause… Ce qui supposait et supposerait bonne analyse,
concertation aussi. Et non refus systématique. Mais les personnalités «
supérieures » qui dirigeaient la FSSPX étaient toutes étrangères à la
France et n’en percevaient pas toute l’acuité. Le comprennent-elles aujourd’hui?
Je le souhaite. Je le leur dis ici. Et si derrière tout cela, une main
cachée faisait sonner l’argument de l’ordre public pour maintenir le statu
quo et empêcher tout nouveau Saint-Nicolas-du-Chardonnet?
En 1999-2000,
j’ai vibré aux difficultés de la Fraternité Saint-Pierre. Non point que je
me réjouissais de leurs difficultés. Bien au contraire. Mais parce que je
voyais surtout s’exprimer là, en cette occasion, différences et
contradictions au plus haut niveau romain. On nous disait que la Messe
tridentine n’avait jamais été abolie. C’était le Cardinal Stickler qui
le disait et le révélait. Ce que nous avions toujours dit et justifié (Vérité
nouvellement confessée par Rome… La commission des neuf cardinaux, créée pour
dire le droit, le confessait en 1995). Et en même temps – c’était le 3 juillet 1999
– on nous disait qu’elle n’existait plus, qu’elle avait été supprimée au
bénéfice de la Messe de Paul VI. Et à ce titre, l’autorité romaine
obligeait la démission de messieurs les abbés Bisig, Coiffet, Pozzetto et
même les destituait – alors qu’il eut fallu les conforter.
Or toute
contradiction peut laisser présager une évolution… Évolution possible ! C’est
précisément ce que l’on sentait au milieu de ces graves difficultés. On
sentait bien que le mouvement en faveur de la Messe tridentine allait dans le
bon sens. On assistait peu à peu au retour de la Messe. Au milieu de mille
difficultés. Mais c’est la vie. « On finirait par gagner ». C’était ma
conviction profonde. La victoire était au bout par un bienfait de Dieu.
Sainte Jeanne d’Arc n’avait-elle pas fini par gagner, elle, un « combat
impossible »: conduire le dauphin à Reims. Dieu! Au milieu de combien
de difficultés et d’obstacles surmontés.
Évolution
possible! Que de chemin parcouru depuis 1969, surtout depuis 1984, depuis
le fameux « indult » du Pape Jean-Paul II. Nul doute que l’on pouvait
dire, comme le faisait Madiran, « la Messe revient ». Voilà la certitude qui
m’animait. Le langage « romain » devenait différent. La hiérarchie, malgré
ses contradictions internes, révélatrices de luttes d’influence, modifiait
peu à peu son attitude pratique sur la Messe. Et c’est dans cette
atmosphère de joies et d’épreuves, de succès et d’échecs qu’arriva l’année
jubilaire de l’an 2000.
Les 8, 9 et 10
août 2000, nous fûmes accueillis dans les basiliques romaines… Nous
aurions pu ne pas l’être, nous étions toujours considérés, pratiquement,
comme « schismatiques ». « Comment des schismatiques… officiellement accueillis
dans les basiliques romaines? » Impossible ! Étonnant. Non ! J’en
faisais un compte rendu dans le numéro 58 du Bulletin Saint-Jean-Eudes,
d’octobre 2000. Et de fait, en cette année jubilaire, un peu partout, la «
Tradition » était reçue dans divers sanctuaires. Hier, les portes nous
étaient bel et bien fermées. Aujourd’hui, elles s’ouvraient. Et c’est
ainsi que M. l’abbé Bouchacourt put, avec ses fidèles, gagner l’indulgence
jubilaire en l’Église Saint-Sulpice à Paris. Et ce sont les 3500 pèlerins
de Lisieux qui purent gagner aussi cette indulgence dans la Basilique
de Sainte-Thérèse… De cela nous en parlions dans le numéro de novembre 2000 du
Bulletin.
Cette année
jubilaire fut aussi l’occasion d’une reprise de contacts du Vatican avec la
FSSPX. Ce ne fut pas la moindre des grâces. L’espérance dans nos rangs
était grande quoique réservée. Les événements que venaient de connaître
la FSP nous y obligeaient. Toutefois Rome nous appelait, nous proposait
une « solution de paix ». C’était nouveau. Nous étions
jusque-là plutôt demandeur : « Laissez-nous faire l’expérience de la
Tradition » demandait Mgr Lefebvre pendant des années. Aujourd’hui, Rome
prenait l’initiative et nous proposait elle-même de faire « cette expérience ».
Les « données » du problème étaient nouvelles. La « Messe » dite de
saint Pie V ne faisait soudainement plus de problème… On n’y a peut-être pas
assez réfléchi.
Et l’ «
hésitation » manifestée, pour ne pas parler de « refus », pourrait
peut-être bien être une des raisons des difficultés rencontrées aujourd’hui,
dans les rangs de la FSSPX? Qu’on veuille bien y réfléchir! Mais c’est là,
je pense, un simple problème de « stratégie ». Du moins, je l’espère !
Au même moment, les « pères » de Campos rendaient publique, dans leurs
bulletins, la lettre de Mgr de Castro Meyer au Pape Paul VI. Là, ils lui
demandaient le maintien dans leur diocèse, de la Messe latine et grégorienne dite
de saint Pie V. Dans un magnifique « mandement », il en donnait les
raisons.
À peu près au
même moment, étaient diffusées en France les homélies et les conférences
du Cardinal Stickler – ignorées jusque-là, du moins des Français – dans un
petit livre « blanc » diffusé par le C.I.E.L. C’était en mai 2000 J’ai
apprécié ces textes. J’ai apprécié surtout sa conclusion: « Le pape ne
reviendra pas sur ce qu’il a déjà fait mais au contraire il ira plus loin
encore dans la voie amorcée… pour instaurer une juste réconciliation entre
la Tradition inaliénable et un développement justifié par le temps ». Paroles
d’un cardinal romain jouissant d’estime et de respect à Rome. Notre
espérance était fondée. Je faisais une présentation de sa pensée, dans
Nouvelles de Chrétienté, revue qui avait succédé au Bulletin
Saint-Jean-Eudes, en décembre 2001. (C’est l’objet du chapitre I du
livre V du livre sur l’enjeu de l’Eglise: la Messe »)
Il faut
également prendre en compte l’influence qu’exercèrent les articles de M.
l’abbé Barthe dans Catholica, revue trimestrielle. Il y était le
chroniqueur régulier du « fait religieux ». Il ne l’est plus! Et quelle
autorité aujourd’hui ! Elle est reconnue. Il écrit, à cette époque, un
article sur « le processus du retour de la Messe ». J’en fais l’analyse
dans le n° 62 de février 2001. Il l’intitule « Liturgie: le temps favorable
». Le titre est audacieux. On sortait à peine des troubles connus par la
Fraternité Saint-Pierre où ils furent tous obligés au bi-ritualisme… (Ce sera
le chapitre II du même livre). Il ne faut pas non plus oublier de noter
l’interview du Cardinal Ratzinger qu’il publia dans Spectacle du Monde.
Oui, c’est dans cette atmosphère extrêmement riche de possibilités que s’ouvrirent les contacts de Rome avec la FSSPX et la Fraternité Saint-Jean-Marie-Vianney du Brésil. Tout cela me passionnait. Les « négociations » eurent lieu toute l’année 2001.
Le 13 janvier
2001, nous nous trouvions tous réunis autour du Supérieur général. La barre
fut mise très haut. Ce n’était pas pour me déplaire. Mais notre « façon de faire
» après, dans la négociation, fut loin d’être bonne. Je l’ai dit. Rome ne
put accepter sans pour autant interrompre le « dialogue »… Je n’en fus pas
surpris. Les contacts s’estompèrent sans être toutefois complètement
coupés, nous disait Mgr Fellay. J’ai regretté vivement l’arrêt « pratique »
de ces conversations. J’ai alors donné ma démission d’assistant général, à
la mi-janvier 2002 Elle fut acceptée sans problème. Ai-je eu tort ?
Les Pères de
Campos, de leur côté, nos amis fidèles et estimés, sous l’autorité de Mgr
Rangel, pensèrent en conscience devoir continuer. L’aspect « ecclésial » de
notre « combat » ou de notre« amour de la Messe » ne fut pas la moindre de
leurs raisons. J’étais bien de cet avis. Je les ai vivement encouragés. Je
leur ai donné mon total soutien, leur promettant ma présence auprès d’eux,
en cas de victoire. Outre l’amitié qui me liait à eux et l’estime que je
leur portais pour leur zèle apostolique – je suis allé deux fois les
visiter –, j’ai toujours apprécié les raisons théologiques qu’ils savaient
proposer pour justifier notre combat missionnaire, avec le délicat
problème de la « juridiction ». Du reste, je publiais en France leur
étude: « Notre position dans l’actuelle situation de l’Église ».
Cette estime était générale. Mgr Rifan, à l’époque simple prêtre, était
hautement considéré par la Maison générale de la FSSPX. C’est lui qui fut
choisi pour prêcher la retraite des capitulants au Chapitre Général en 1994.
Tâche délicate s’il en était… Il fallait pour cette circonstance un homme sage.
Oui, je leur
fis confiance et je me suis réjoui des résultats qu’ils surent obtenir de Rome:
la création d’une administration apostolique personnelle appelée Saint- Jean-Marie-Vianney,
en plein cœur du diocèse de Campos, (voir article sur Item, dans la
rubrique : Nouvelles de chrétienté du 17 janvier 2013) avec la
reconnaissance exclusive pour leurs prêtres de la Messe de saint Pie V et
leur propre Évêque. J’étais aux anges. Pour moi, Mgr Lefebvre aurait été
très satisfait de cet accord, lui qui avait accepté le protocole d’accord
du 5 mai 1988 et qui aurait été jusqu’au bout s’il avait eu la certitude
de sa « succession »: l’acceptation par Rome de l’évêque… Ce que Campos
avait étonnamment obtenu.
Le 18 janvier 2002 fut la date retenue par Rome pour la signature officielle des documents. Je me trouvais, comme je le leur avais promis, au milieu d’eux. Une parole est une parole. On me le reprocha… Mais l’interdiction était loin d’être claire et fondée… Là encore, je considérais toutes choses sous l’angle de la Messe. Pour moi, c’était une victoire. Une victoire en faveur de la Messe de toujours. Je le démontrais dans un article de Nouvelles de Chrétienté le n° 72. Je le consacrais totalement à cette affaire. (Ce sera le chapitre 3 du livre V du livre cité plus haut)La chose étant d’importance, j’y revenais dans le deuxième numéro d’Item que je venais de fonder alors que je me trouvais en Belgique, comme prieur à Bruxelles – dans Item, puisque Nouvelles de Chrétienté m’avait été « arraché ». L’autorité peut tout faire, pense-t-elle ! (Ce sera le chapitre IV du livre). Ces analyses contrarièrent Mgr Fellay, certainement M. l’abbé Schmidberger ainsi que Mgr Williamson qui venait d’écrire, lui, un article dans sa Lettre aux amis et bienfaiteurs du séminaire de Winona, aux États- Unis : Campos is fallen. L’opposition était totale.
La coupe était
pleine. Il fallait mon éviction! Elle eut lieu en septembre 2003, alors
que je venais d’être nommé et confirmé comme prieur au prieuré de
Shawanigan, au Canada…
Comme les
choses sont étranges !