SOURCE
- lenouvelliste.ch - 21 janvier 2013
Dans le conflit qui oppose la fraternité d'Ecône au Vatican, un archevêque de l'"Ecclesia Dei" a invité Monseigneur Bernard Fellay a faire preuve de plus d'"esprit d'ouverture" et souligne l'exaspération du Saint-Siège dans une missive de huit pages.
Un archevêque chargé de négocier le retour dans l'Eglise des Lefebvristes
a adressé avant Noël à leur supérieur, le prélat valaisan Mgr Bernard
Fellay, une lettre diffusée sur un site religieux. Le théologien propose des
approches nouvelles pour surmonter l'impasse au sein de l'Eglise catholique.
Mgr Augustine Di Noia, théologien dominicain américain et
vice-président de la Commission "Ecclesia Dei", a écrit une missive
de huit pages à Mgr Fellay, selon le Vatican. Il lui demande de la transmettre
aux centaines de prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX),
dont le siège est à Menzingen (ZG).
L'existence de ce texte publié par le portail
d'informations religieuses "Il Sismografo" était connue mais sa
teneur n'avait pas été révélée dans son intégralité. La lettre fait tout
d'abord état de "relations pleines d'espérances" entre Rome et la
Fraternité et de "l'extrême désir de Benoît XVI de surmonter les
tensions", alors que des voix autorisées au Vatican parlent d'une impasse
profonde.
Cette missive mélange habilement ouvertures et reproches.
Mgr Di Noia prévient que "vient le moment où le Saint-Siège sera obligé
de faire état de certaines indélicatesses", sans en dire davantage.
Mais dans les médias, "certains supérieurs tiennent
un langage qui, aux yeux du monde, apparaît comme un rejet" de la réconciliation,
affirme le prélat. La FSSPX n'a ainsi jamais répondu à un "protocole
doctrinal" proposé par Rome. Elle bute sur l'acceptation des textes du
Concile Vatican II ou sur la liberté religieuse. Récemment Mgr Fellay a ajouté
un motif d'outrage en citant les juifs parmi les "ennemis" de l'Eglise,
propos qui ont été jugés inacceptables pour le Vatican où l'exaspération
est palpable.
Le "charisme" de Mgr Lefebvre
Mgr Di Noia invite à dépasser les attitudes
d'"orgueil, colère, impatience et zèle désordonné". Il estime
qu'"un désaccord sur des points fondamentaux" n'exclut pas de débattre
dans un "esprit d'ouverture". "Il faut développer, selon lui,
des considérations nouvelles, de nature plus spirituelle et théologique, qui
transcendent les désaccords apparemment insurmontables" sur Vatican II.
Il rend aussi hommage au "charisme" jadis reconnu
du fondateur en 1970 de la Fraternité Saint Pie X à Econe, Marcel Lefebvre. Il
loue enfin la "formation des prêtres" dans son séminaire valaisan.
En revanche, fustigeant la tendance qu'a la FSSPX à s'ériger
en unique voix vraiment catholique, il appelle à éviter "la rhétorique
contre-productive" qui "juge et corrige la théologie ou la discipline
d'autrui", à "manquer de respect à l'égard des autorités locales légitimes
(évêques) ou agir contre elles". Dans cette lettre, il invite enfin les
Lefebvristes à être mieux formés en philosophie et en sciences humaines.
Les "divergences" théologiques, "légitimes"
en soi, doivent être formulées de manière interne et ne pas devenir "un
magistère parallèle", suggère enfin Mgr Di Noia à la Fraternité.
Source: ATS