SOURCE - Monseigneur Richard Williamson - conférence retranscrite sur le forum "Un évêque s'est levé..." - 5 janvier 2013
État des lieux
A la suite de Vatican II
ce sont les laïcs qui ont beaucoup fait pour sauver le reste et aujourd'hui il
est fort possible qu'à la suite de Vatican II, ce soient les Laïcs qui feront
beaucoup pour sauver le reste du reste.
La situation est très
grave évidemment, elle était grave il y a 5 ans, et elle est plus grave
aujourd'hui et elle risque de s'aggraver, de s'aggraver, de s'aggraver, parce
que le Bon Dieu, par punition sûrement pour le cas où ça fait partie de son
schéma, le Bon Dieu veut purifier les catholiques. Il veut que nous comprenions
que les demi-mesures ne vont plus. Il semble qu'on ne veut pas apprendre la leçon.
Donc il faut encore du châtiment.
Ainsi me
semble-t-il. L'abbé François Chazal a très bien dit, au printemps, "le
masque se levait mais après le chapitre du mois de juillet, le masque se
remet" ; donc, Menzingen a réussi avec le Chapitre général
à enrayer la résistance, la tromper, la rendormir et donc la résistance perd
sa certitude, perd sa partie, perd sa raison d'être pour autant qu'elle croit
que le problème est fini parce qu'il n'y a plus de possibilité, ni de
probabilité dans un avenir proche d'une entente avec Rome.
Ce sont des libéraux de
longue date, ce n'est pas d'hier que nous avons le libéralisme de l'abbé
Schmidberger, de l'abbé du Chalard, de l'abbé Lorans, de Mgr Fellay et de
l'abbé Pfluger. C'est les têtes dirigeantes, et de fait ils ont cette attitude
depuis longtemps. Je donnerai deux exemples. Mais cela étant, comme disait le père
Vallet cité souvent par le père Barielle, lorsque j'étais séminariste à Ecône,
"un libéral, en dehors d'une grâce spéciale,
ne se convertit pas".
Les libéraux sont des
croisés et leur croisade est divine parce qu'elle a une dimension divine, elle
a une dimension divine parce que c'est une croisade contre Dieu. Le libéralisme
c'est la guerre à Dieu, la guerre faite à Dieu et puisqu'il s'agit de limoger
Dieu, eh bien tout est permis! Tous les moyens sont permis, donc mentir, trahir,
tromper, tout est saint. C'est pas croyable mais c'est là et nous l'observons
et le constatons tous les jours! Et ça ne se convertit pas d'un jour à
l'autre. Loin, loin, loin de là, donc cette équipe qui s'est emparée de la
Fraternité ne va pas se désister. Elle fait un pas en arrière, pour avancer
deux pas en avant! Et elle attend, cette coupole (comme on dit en espagnol),
cette coupole de la Fraternité attend que le pourrissement de la Fraternité
soit plus avancé pour que la prochaine fois, l'arrangement avec Rome passe. De
fait on peut penser que l'entente avec Rome, l'accord avec Rome, n'est que la
neuvième partie de l'iceberg qui fait surface alors qu'il y a toujours les 8/9ème
en dessous qui sont le libéralisme croissant. Plusieurs d'entre vous, j'ai écouté
par ci, par là, plusieurs d'entre vous observent ce libéralisme parmi les laïcs
et parmi les prêtres et pour notre pauvre monde d'aujourd'hui rien n'est plus
typique, rien n'est plus normal que ce processus de libéralisation. Cela étant,
en effet, la croisade du libéralisme bien installée à la tête de la
Fraternité n'a qu'à attendre pour que la prochaine fois ça passe. Pas
question qu'ils rebroussent chemin, et sans un miracle, la Fraternité ne peut
pas être sauvée.
Est-ce que le Bon Dieu
nous donnera un miracle? Ce n'est pas exclu! Et c'est ça qui confond, qui arrête
les plus clairvoyants, si je puis dire, c'est-à-dire ceux qui voient cette
situation comme sans espoir à la tête de la Fraternité, mais ce qui est
impondérable, incalculable c'est une intervention de Dieu! Donc c'est possible,
mais sans cela, humainement, la Fraternité est perdue.
Affaire Mater Dei
Je donne deux exemples de
l'ancienneté du libéralisme de Menzingen. En 85/86, quelques-uns d'entre vous
s'en souviennent peut-être? Il y a déjà plus de 25 ans, il y a eu l'affaire
Mater Dei, ce séminaire qu'on a voulu installer à Rome pour les séminaristes
d'Ecône. Il y a eu un chef parmi les séminaristes d'Ecône, un chef qui a mené
une petite bande de séminaristes. Alors bien sûr, avant de partir pour Rome,
ils ont fait la propagande dans le séminaire pour s'attirer le plus grand
nombre de séminaristes possible pour qu'on éventre Ecône en déplaçant vers
Rome une quantité la plus importante possible de séminaristes. Comment
pouvait-on faire cela sans assurer ses avants à Rome? Il y a tout lieu de
penser que le cardinal Ratzinger était dans le coup. Donc il y avait ce groupe
de séminaristes à l'intérieur du séminaire. A ce moment-là c'était l'abbé
Lorans qui était supérieur du séminaire d'Ecône et l'abbé Shmidberger qui
était supérieur général de la Fraternité. Bien sûr en 1985 Mgr Lefebvre était
encore en vie. Dans le séminaire on commençait à savoir un peu trop qui était
engagé là-dedans.
Finalement la chose s'est
éventée et le groupe est parti vers Rome. l'abbé Lorans et l'abbé
Schmidberger ont interdit que Mgr Lefebvre soit informé des détails. Autrement
dit, l'abbé Lorans et l'abbé Schmidberger étaient déjà peut-être, peut-être,
de mèche avec le cardinal Ratzinger. En tout cas ils ont caché quelque chose
à Mgr Lefebvre! Ca, c'était déjà en 85/86, et par la suite la chose a foiré
à Rome - je ne sais pas si le mot est élégant, excusez-moi (rires) - le chef
des séminaristes a écrit à Mgr Lefebvre pour s'excuser, en quelque sorte, il
lui a dit, nous avons été très mal reçus à Rome, tout ce qu'on nous a
promis on ne nous l'a pas donné, et c'est exactement ce qu'avait prévu Mgr
Lefebvre. Mgr Lefebvre en a profité au moment des sacres pour indiquer qu'il
n'y avait rien à espérer pour la Tradition du côté du cardinal
Ratzinger et du côté de Rome. Ca c'est un exemple de ce libéralisme! C'est au
moins une ombre de libéralisme parmi ces deux dirigeants de la Fraternité!
Le G.R.E.C.
Autre exemple, c'est le
G.R.E.C.! C'est connu maintenant par le petit livre qu'a écrit le père Lelong.
Combien d'entre vous avez lu le livre? Ça s'appelle la
Réconciliation nécessaire. Personne ne l'a lu? Oui, c'est ça, on en a
entendu parler! Ce n'est pas difficile à résumer! Ce n'est pas difficile à décrire
parce que ce n'est que 120/130 pages, petit livre, facile à lire, ...
- Une question incompréhensible est posée dans la salle.
- Réponse: j'ai réponse à tout: l'Internet! (Rires)
Tout le bien, tout le mal
est sur Internet. Mais parmi toutes les ordures, bien sûr, bien sûr, bien sûr,
il y a quand même les vérités sur Internet et c'est pour cela que la coupole
tombe contre l'Internet parce que l'Internet brise le monopole de l'information,
et même le secret de Menzingen c'est embêtant, c'est
embêtant pour le Nouvel Ordre Mondial. (...) Parce que ça casse le monopole de
l'opinion publique, avant ils pouvaient tous nous empoisonner avec leurs médias,
leurs vils médias, maintenant leurs journaux sont en baisse parce que les gens
lisent de moins en moins, parce que d'une part l'Internet est plus facile et
d'autre part il y a bien plus de vérités sur Internet que dans les médias. Il
doit y avoir des gens qui s'en rendent compte et donc les journaux sont en
baisse.
Bon, revenons au GREC. Ce
petit livre est écrit par le père Lelong, un dominicain, un prêtre très
acceptable dans ce milieu des salons parisiens. En 97/98 l'ancien ambassadeur de
France au Vatican, M. Gilbert Pérol, a en tête cette idée de faire en privé
des rencontres très discrètes entre les prêtres de Vatican II et les prêtres
de la Fraternité. Cela procède sans aucun doute du désir de concilier la
bonne messe catholique de Mgr Lefebvre et la bonne autorité de Rome!
Parce que Rome est catholique, Mgr Lefebvre est catholique, pourquoi doit-il y
avoir cet affrontement entre les deux? Ca n'a pas de sens, alors en bon
diplomate, M. Pérol écrit une charte comme quoi si seulement nous pouvions
organiser des rencontres amicales, toutes discrètes parce que ça pourrait
offenser les uns ou les autres, des rencontres régulières entre les deux côtés
pour que tout le monde expose son point de vue sans se fâcher, il ne faut
absolument pas se fâcher, nous ne sommes absolument pas des théologiens... -
Ah!?... - Je suis diplomate, donc je pense aux moyens diplomatiques pour résoudre
ce problème terrible dans l'Eglise. "Nous
ne sommes pas théologiens"... Sophisme! Vous n'êtes pas des théologiens,
les laïcs ne sont pas des théologiens de séminaires ou des théologiens
licenciés, etc. C'est-à-dire les laïcs doivent bien connaître leur catéchisme.
En connaissant leur catéchisme ils n'ont absolument pas besoin de mettre entre
parenthèse la doctrine. C'est exactement ce qu'a fait ce petit groupe du GREC;
dés le début ils ont mis entre parenthèse la doctrine. Et donc, par le moyen
diplomatique - c'est maçonnique de fait, c'est l'idée maçonnique- par le
moyen de la diplomatie, de l'amitié, des rencontres amicales, de la
confiance mutuelle, voilà la rengaine, nous pourrons créer peut-être, on est
modeste, n'est-ce pas? Nous pourrons peut-être créer une atmosphère qui
permettra aux théologiens de s'entendre! Voilà! Alors ils trafiquent
en-dessous vers ces réunions très privées. Au début des années 2003/2004,
ça s'élargit un peu, les rencontres finissent par devenir publiques, ça ne
semble effarer personne, personne n'en parle, l'idée s'est établie de le
faire, il y a toujours des prêtres de la Fraternité dans la combine, il y a
des représentants de la Fraternité qui prennent la parole à ces réunions.
On peut dire que des laïcs oublient l'importance de la doctrine? Soit et
encore! Que des prêtres du Novus Ordo oublient la doctrine? Ça c'est leur métier!
Mais que des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X se mettent dans un contexte
où, par principe, on met entre parenthèse la doctrine, ça c'est une trahison!
Et donc on peut se douter
que les quatre prêtres de la Fraternité dont l'image paraît dans ce livre,
(parce qu'il y a des photographies par ci, par là...) Il y a quatre prêtres de
la Fraternité. L'abbé Schmidberger, l'abbé du Chalard, l'abbé Lorans et Mgr
Fellay, tous y sont!
[Discussions incompréhensibles avec la salle - Quelqu'un rappelle le titre de l'ouvrage de M. Paul Chaussée: suite à la publication du livre en collaboration Célier/Pichon dans l'ouvrage "Benoît XVI et les traditionalistes"- 2007]
Mgr
Williamson reprend:
L'abbé Célier rédige un
ouvrage de 40 pages sur les raisons pour lesquelles Mgr Fellay devrait discuter
d'un accord avec Rome. La première partie explique pourquoi Mgr Fellay ne doit
pas signer maintenant, la deuxième partie, pourquoi il pourrait signer demain.
Conclusion, tout cela dépend du grand manitou, du grand chef imparable, sage
comme personne d'autre qu'est Mgr Fellay. Ca c'était la conclusion à ce
moment-là.
C'est resté discret, sauf
que quelqu'un s'était distingué parmi les membres du Conseil général dont je
faisais partie à ce moment-là. Alors quelqu'un a mis cela dans les mains d'un
laïc qui l'a publié et vers ce moment-là Mgr Fellay a fait machine arrière
en public, il a désavoué l'abbé Célier en public! Parce que Mgr Fellay n'est
rien s'il n'est politicien! C'est un politicien, par rapport à l'intra, très
habile. A l'extra naïf comme tout! Devant les politiciens de Rome c'est un imbécile!
Je pense qu'il croit être plus renard que les renards romains. Et ça c'est imbécile!
Imbécile! Mais pour serrer les boulons à l'intérieur de la Fraternité, très
capable. Une fois qu'on perce le personnage il ne séduit plus, mais
jusqu'à ce moment-là, très séducteur!
Vers 2007 ça devient plus
public, cette idée s'élargit, et puis ils ont dû penser que les discussions
qui de 2009 à 2011, ont été l'accomplissement de la poussée de ce
"Groupe de Réflexion Entre Catholiques", catholiques, soit de la
Tradition, soit de l’Église conciliaire, on a tous le même nom
"catholique", donc on doit s'entendre. C'est ça l'idée! Et puis les
discussions ne marchent pas. Ca a dû être une cruelle déception, je pense,
pour ces non-théologiens, qui, s'ils avaient tant soit peu de bon sens
catholique, se rendraient compte qu'on a essayé de concilier les
inconciliables, mais justement, manquant de ce peu de bon sens du catéchisme,
manquant totalement du sens de la doctrine, voilà ce qui est grave! Manquant
totalement du sens de la doctrine, ça n'a pas aboutit parce que, je ne sais pas
comment, Mgr Fellay a mis comme équipe, Mgr de Galaretta, l'abbé de Jorna,
l'abbé Gleise et l'abbé de La Roque. Il n'y a pas mis l'abbé Celier!
Probablement parce qu'il pensait que ça ne passerait pas! Parce que l'abbé Célier
est brûlé, si je puis dire, depuis l'intervention de M. Chaussée! L'abbé Célier
c'est un personnage, si je puis dire, de très mauvais augure!
La poussée du GREC est
arrêtée pour le moment, bien sûr ils ne se convertissent pas. Je ne sais pas
ce qu'ils font pour le moment.
[Nouveaux échanges avec la salle, difficile à suivre.]
Mgr
Williamson:
Sédévacantisme et libéralisme
c'est face et pile d'une même pièce de monnaie! C'est apparemment surprenant,
mais un libéral peut se faire sédévacantiste et un sédévacantiste peut se
faire facilement libéral. Me semble-t-il. Ce n'est pas ridiculiser les sédévacantistes
qui sont beaucoup plus sympathiques que les libéraux! Parce que les sédévacantistes
ont la foi, autrement les déficiences du pape ne feraient pas problème, et ils
ont aussi de la logique. Donc ils réfléchissent et ils ont la foi, beaucoup
plus que les libéraux! Les libéraux c'est la dissolution de toute pensée, la
dissolution de toute vérité, la dissolution de toute doctrine. Et c'est ça
qui est grave.
C'est-à-dire que ces
quatre prêtres éminents de la FSSPX n'ont jamais compris Mgr Lefebvre. Voilà
ma conclusion.
Monseigneur Lefebvre, colombe et faucon
J'étais au séminaire
entre 72 et 76. A ce moment-là on faisait cinq ans chez Mgr Lefebvre, mais il a
comprimé le plus possible pour mettre en route et pour donner au monde des prêtres
le plus tôt possible. Parce que ça manquait totalement de prêtres, voilà la
pensée de Mgr Lefebvre à ce moment-là! Donc c'était très comprimé mais j'étais
là à ce moment-là et j'ai observé les braves jeunes qui étaient avec moi et
qui entraient au séminaire avec moi et j'ai vu une crise libérale dont je ne
comprenais rien, j'étais un pauvre petit perdu mené par le nez par le Bon
Dieu, ça je crois pouvoir le dire! Dieu est Dieu! (Rires)
Bon! Crise libérale de 73!
Crise libérale de 75! Crise libérale de 77! Je n'étais pas là. Mgr Lefebvre
me ramène à Ecône tout-de-suite après cette crise de 77 parce que plusieurs
professeurs étaient partis, l'abbé Gotfried, l'abbé d'Argenson, l'abbé
Bertaud le plus triste de tout! Mais alors il y avait des trous à boucher, je
me souviens de la première leçon de théologie que j'ai donnée, - je suis très
fier de ce jeu de mots, J'ai dit,
"messieurs les abbés, je suis un bouche-trou, c'est-à-dire un trou avec
une grande bouche!"- A chaque fois c'étaient des petites colombes
et le faucon de Mgr Lefebvre sortait et il remettait de l'ordre à tout cela. En
73 c'était l'abbé Jacques Masson. 75 c'était la suspension et plusieurs
professeurs sont partis y compris le dominicain, le très bon théologien, le
dominicain Thomas Merlet de Fribourg, il ne voulait plus enseigner. Il y a eu un
grand départ de professeurs, quelques séminaristes aussi! A ce moment-là je
suis allé dans le bureau de Mgr Lefebvre, pour lui dire plus ou moins: "Mgr
Lefebvre, qu'allez-vous faire, qu'est-ce qui se passe? C'est un petit peu
grave". Et je me souviens de sa réponse: "Eh
bien, si tous les professeurs nous quittent il faudrait que les séminaristes
apprennent par eux-mêmes dans les manuels." C'est-à-dire, moi je
ne change pas de cours, je ne change pas de cap, je sais exactement où je veux
aller, je sais où je mène les séminaristes et si je n'ai personne pour
m'aider à les enseigner ce sera dans les manuels d'hier qu'ils apprendront la
bonne doctrine qui a été courante hier.
En 77 c'était encore un
grave départ...
C'est que Mgr Lefebvre avait
deux côtés, le côté colombe et le côté faucon. C'était pour la doctrine
un faucon! Pour la pastoral c'était une colombe! Et la colombe attirait parce
que le faucon ne se montrait pas. Et on pouvait se laisser attirer par Mgr
Lefebvre comme par la colombe catholique la plus attirante! Mais on ne
s'attendait pas à rencontrer en dessous ce faucon, mais c'est le faucon qui
dirigeait la colombe et pas la colombe qui dirigeait le faucon. L'essentiel de
Mgr Lefebvre, c'était ce fond doctrinal. Avant 88 on pouvait toujours se
tromper avec cet instinct libéral du monde moderne, on pouvait toujours se
leurrer que le faucon n'était pas le vrai Monseigneur. On ne voulait pas
discerner. On voulait que Mgr Lefebvre ne fût qu'une colombe. On voulait qu'il
fût tout simplement la meilleure continuation des années 50 qui par ailleurs
ont été coupées par le Concile.
Le "Cinquantisme"
Dans les années 50 où il y
avait encore ce catholicisme commode, sans vouloir trop l'injurier. Commode,
c'est-à-dire, qui est catholique, qui croit, qui a la foi, qui veut vivre et
qui veut mourir en catholique. Mais en attendant les pressions du monde moderne
en douceur et en violence sont tellement fortes qu'on veut vivre pas trop en
guerre avec le monde moderne. Le catholicisme des années 50 était encore à
une certaine hauteur, parce que si on n'est pas à une certaine hauteur on ne
peut pas tomber, or Vatican II a été une grande chute! Donc le catholicisme
avant Vatican II était encore à une certaine hauteur! Et Mgr Lefebvre en a été
la preuve parce qu'il a eu un ministère magnifique en Afrique, soutenu par le
Pape, soutenu par les cardinaux de Rome, avec lesquels il s'entretenait souvent
en revenant d'Afrique, c'est Monseigneur qui a écrit une grande partie d'une
encyclique qui est parue sous la signature de Pie XII sur les missions, sur la nécessité
des prêtres pour les missions. Donc c'était absolument authentique, mais je
crois qu'on peut penser que dans la personne de Mgr Lefebvre la colombe et le
faucon n'étaient pas parfaitement intégrés. C'est-à-dire que ça surprenait
les gens lorsque le faucon paraissait.
Je pense que chez Mgr
Lefebvre la pastorale minait sa doctrine, une pastorale qui correspondait à une
doctrine qui n'était pas la sienne. Je crois qu'il a été moulé par l'Eglise
des années 30, 40, 50 et on se souvient que déjà le vers était dans le fruit
aux années 20: Action française et toute la décadence qui a suivi! Donc le
mal était déjà bien installé dans l’Église dés les années 20. Mgr
Lefebvre était très loyal, il a su apprendre du père Le Floch au séminaire
français, il a su assimiler la bonne doctrine. La bonne doctrine des
encycliques anti-libérales qu'il a apprises auprès du père Le Floch, mais il
nous disait lui-même que quand il est arrivé au séminaire, il croyait encore
à la séparation de l'Eglise et de l’État. Ses idées libérales étaient
tout-à-fait courantes depuis depuis un siècle à ce moment-là. Autrement dit,
quand j'analyse la chose maintenant, je pense qu'il y a eu un aspect "cinquantiste"
même chez Mgr Lefebvre. Et je crois que c'est cela qui a mis la pagaille, parce
que la moindre faille dans un fondateur se montre inéluctablement par la suite.
Il y a un dicton, très amusant, pas très élégant en espagnol:
"Ce n'est que quand le singe monte dans l'arbre qu'on voit son derrière!"
C'est graphique mais ça dit une grande vérité! A savoir, plus on est
supérieur, plus ses déficiences sont dangereuses. C'est pour ça qu'il faut
que les supérieurs soient les plus parfaits possibles. Enfin, bon...
Question:
Vous croyez qu'il s'agit d'une déficience d'ordre doctrinale plutôt que du
domaine pastoral?
Réponse:
En l'occurrence, oui! Parce que toute pastorale correspond à telle doctrine! Et
il faudrait réfléchir davantage pour préciser davantage la chose, mais
"le cinquantisme" était très
répandu. Moi je n'étais pas catholique à ce moment-là!
Évidemment, dire cela,
c'est ne rien ôter à l'héroïsme de Mgr Lefebvre, à sa grande foi, à cet
exploit incroyable d'avoir construit une petite pyramide sous la grande pyramide
qui faisait tout pour l'écraser, qui pesait avec tout son poids sur cette
petite pyramide pour l'éliminer. Il a tenu tête, il a maintenu, il a gardé,
il a sauvé, c'est une façon de parler, mais ça correspond en grande partie à
la vérité, il a sauvé le sacerdoce, il a sauvé les sacrements. Où en
serions-nous maintenant sans cela? Et il nous a transmis ce qu'il avait reçu.
Il n'a pas été absolument parfait, bon! Mais à côté de ce qu'on peut situer
comme ses imperfections, quel grand homme de Dieu! Ce n'est rien ôter à sa
grandeur mais c'est essayer de repérer les racines du mal, du mal
d'aujourd'hui.
Les racines ne sont pas
difficiles à situer, c'est le libéralisme du monde moderne. C'est le libéralisme
qui a fait ce que j'appelle "le
cinquantisme", ce catholicisme sérieusement déficient des années
cinquante qui était encore à une certaine hauteur, parce que les années 60
ont été une terrible chute! D'autre part le catholicisme des années 50
était bien trop proche de la falaise autrement ça n'aurait pas pu tomber. Le
catholicisme des années 50 était encore par rapport à ce qui a suivi, angélique,
mais il est responsable de ce qui a suivi.
Libéralisme de l’Église conciliaire vers la tête de la FSSPX
Le point essentiel
ici, c'est que Mgr Fellay, l'abbé Lorans, l'abbé du Chalard, l'abbé
Schmidberger, ces quatre-là - ce sont les quatre qui paraissent dans les pages
de ce petit livre du père Lelong -, ces quatre-là ne voyaient en Mgr Lefebvre
que la meilleure continuation du catholicisme des années 50. Ils ne voyaient
pas, ils ne discernaient pas le fond doctrinal de Mgr Lefebvre! Et ils ne le
comprenaient pas, parce que comme presque tout le monde aujourd'hui, dans ce
monde fabriqué par les Francs-maçons, ils ne comprenaient pas l'importance,
ils ne saisissaient pas l'importance de la doctrine. Et qui la saisit
l'importance de la doctrine aujourd'hui? Peu de monde, peu! Nous avons par
exemple le mot "indoctrination",
c'est un mot mauvais, parce que c'est péjoratif. "Indoctrination",
parce que toute doctrine est mauvaise parce qu'il faut la liberté de la pensée.
Toute doctrine ferme la pensée et il faut que la pensée reste ouverte et libre
d'aller où elle veut! C'est donc tout le monde moderne, qui suivant la Franc-maçonnerie
dissout la pensée, pour dissoudre la vérité, pour dissoudre la doctrine et la
vérité qui mène à Notre Seigneur et qui mène les âmes au Ciel.
La Franc-maçonnerie veut
mettre toutes les âmes en Enfer, donc ils y vont en profondeur! Ils savaient ce
qu'ils faisaient avec la libre-pensée et la dissolution de la pensée, c'est
terrible, c'est horrible! Aujourd'hui c'est partout, et c'est là le problème.
Nous avons dans ce petit livre du GREC le témoignage de cette faiblesse des
clercs qui sont passés par les séminaires de Mgr Lefebvre. Quatre clercs qui
ont tous connu directement Mgr Lefebvre, ils ont tous été au séminaire d'Ecône,
lorsque Mgr Lefebvre y était, ils ont tous pu comprendre! Mais voilà le problème
d'aujourd'hui et je m'en rendais compte en dirigeant le séminaire de la
Fraternité aux Etats-Unis pendant 20 ans.
Aux Etats-Unis le libéralisme
est la couche de fond, en Europe la couche de fond, pays autrefois catholiques,
la couche de fond c'est le catholicisme! Il y a eu dans tous les pays d'Europe,
des siècles et des siècles de catholicisme et le libéralisme n'est arrivé
qu'après. Le libéralisme est la corruption du catholicisme. C'est intéressant
comment le libéralisme corrompt le catholicisme. C'est par la valeur de
l'individu. Mais cette valeur de l'individu est déséquilibrée, parce qu'on
oublie, on dévalorise, on met de côté le bien commun, on ne comprend plus
l'aspect social. On ne comprend plus que l'homme est naturellement social, comme
des petits enfants qui courent partout et entre eux, et ne sont pas individuels.
Jean-Jacques Rousseau c'est: " l'homme est
naturellement individuel", non!
On
va aller au fond du problème: l’Église catholique a mis en valeur l'âme
individuelle, le salut de la personne, de l'âme individuelle, mais c'était
dans le cas de l’État naturel et de la communion des saints surnaturelle.
Autrement dit, l’Église catholique n'a jamais conçu la valeur de l'individu
sans l'encadrer dans un corps social sain et le plus saint et qui aboutira au
Ciel où on ne sera absolument plus des individus, ce sera la communion des
saints.
Donc l'Eglise catholique
n'oublie pas, l'aspect social et Elle insiste pour que l'Etat soit catholique,
Elle a défendu tant qu'Elle pouvait cette doctrine sociale. Il y a un nom pour
la doctrine de l'Eglise catholique qui contrecarre le libéralisme déchaîné
d'après la Révolution, on dit la "Doctrine sociale de l'Eglise" et
c'est ça qui la contre-distingue d'avec le libéralisme. C'est-à-dire refuser
de concevoir l'individu comme seulement un individu, ce que fait le libéralisme.
Cette idée faussée de la valeur de l'individu fait rage à partir de la Révolution
française, elle infecte le monde entier et elle pénètre chez les catholiques
et dans l'Eglise catholique. Vatican II c'est la religion de l'Homme; l'homme-individu
a une telle valeur qu'il a le droit à être laissé libre par son état-civil
pour ce qui concerne son choix de religion. Ça c'est profondément faux, Mgr
Lefebvre le qualifiait de blasphème et vous vous souvenez comment Mgr Fellay
disait à la télévision américaine: "la
liberté religieuse du Concile est chose limitée, très très limitée!"
Il a complètement perdu
le fil de Mgr Lefebvre! L'abbé Schmidberger est très fort pour prêcher la
royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ mais il ne l'a pas comprise!
C'est un "cinquantiste" de fait! Un bon garçon né en 1947, si je ne
me trompe, de la Souabe, région très catholique de l'Allemagne du Sud-Ouest, né
dans une famille catholique comme le cardinal Ratzinger, mais de l'Allemagne du
Sud, sa famille également très catholique. Le petit Ratzinger absorbe la
liturgie de Noël, comme on lit dans son autobiographie, et il a jusqu'à ce
jour un grand amour de cette liturgie classique qui fait qu'il veut que la
liturgie ne soit pas trop moderne etc., etc. Mais c'est un amour à base d'une
doctrine faussée. La tête mène le cœur. La tête du cardinal Ratzinger a été
complètement pourrie lors de son séminaire reconstitué tout-de-suite après
la guerre, à Münich avec des professeurs moitié modernistes et moitié
traditionnels. Lisez la petite autobiographie du cardinal Ratzinger. Ça
s'intitule "Ma vie", ça vaut vraiment la peine! En 120 pages il
montre sa faille, sa faille terrible, qui a été que justement il a été exposé
à un mélange de professeurs, on a ratissé dans toute l'Allemagne après la
fin de la guerre, pour trouver des professeurs catholiques universitaires pour
reconstituer un petit séminaire prés de Münich où on pourrait relancer pour
ainsi dire l'Eglise. Le cardinal raconte dans "Ma vie", comment
lorsqu'il défendait sa thèse sur Saint-Bonaventure devant les professeurs du séminaire,
les professeurs se sont mis à discuter entre eux à tel point qu'ils oubliaient
qu'ils examinaient un petit séminariste ou un petit docteur en puissance devant
eux! Le cardinal se sera trouvé devant des professeurs vieux style et des
professeurs nouveaux et très probablement les professeurs nouveau style ont été
plus intéressants, probablement plus jeunes, plus attirants, moins "retardistes",
et on connaît la rengaine et le brave petit s'est laissé séduire. Il lit
Saint-Thomas d'Aquin et il raconte directement dans son autobiographie que pour
lui Saint-Thomas est trop objectif, trop impersonnel, trop logique, trop fermé,
trop scientifique, toutes les choses pour lesquelles une tête saine admire et
se délecte dans Saint-Thomas, pour toutes ces qualités-là le petit séminariste
s'est désintéressé de Saint-Thomas d'Aquin. Il trouvait beaucoup plus intéressant
les philosophes modernes et on pourrait donner une liste de noms honnis par l'Eglise
classique. Voilà pour l’Église officielle.
Mgr Fellay, L'abbé
Shmidberger et le pape actuel, se ressemblent plus qu'ils ne se ressemblent pas!
On pourrait dire que Mgr Fellay est un moderniste qui ne se reconnaît pas. Il
se veut catholique, je pense, il se pense catholique, mais il ne comprend pas ce
que c'est. Il ne comprend plus ce que c'est si jamais il l'a compris. On prête
à Mgr Lefebvre le mot: "Jean-Paul II
n'est plus catholique si jamais il l'a été!" Il l'aurait dit en Amérique
du Sud. Donc le problème est profond, très profond, et il est tout-à-fait
normal, malheureusement, que la Fraternité soit tombée, ou soit en train de
tomber, tout-à-fait normal que Mgr Lefebvre mourant en 91, dés la fin de cette
décennie-là on ait le GREC à Paris et même avant on a eu l'ombre de la
concertation du supérieur général de la Fraternité et le supérieur d'Ecône
avec le cardinal Ratzinger à Rome.
Alors où va-t-on demain?
Alors où va-t-on demain?
Là, honnêtement je ne vois pas si clair et je suis tout-à-fait ouvert à vos
idées. Disons ceci: tous ces quatre, les quatre gros méchants que j'ai évoqués
et qui paraissent dans le livre du GREC, tous les quatre sont passés par le séminaire
de Mgr Lefebvre, d'Ecône qui était le seul à ce moment-là. Tous les quatre
ont eu une bonne doctrine. Mais voilà je reviens à ce problème que j'ai
rencontré aux États-Unis: chez les hommes modernes, il n'est pas difficile de
remplir la tête, ce qui est difficile c'est de faire passer dans la tête le
sens de la bonne doctrine, ça c'est autre chose!
Faire passer dans la tête,
il suffit de les faire asseoir sur les bancs d'école et on débite la doctrine
et si les jeunes sont dans l'admiration devant le bon Monseigneur Lefebvre,
c'est un homme tellement charismatique, tellement catholique, tellement doux,
tellement bon, etc. etc. On accepte tout ce qu'il dit. Il dirait que 2+2 font 5
on le croirait! Parce qu'il est Mgr Lefebvre!
C'était un monde, les années
70 déjà, en train de se pourrir et si les jeunes cherchaient un personnage
droit et franc, une institution solide et honnête c'est Mgr Lefebvre et Ecône!
On trouve maintenant beaucoup de prêtres de la Fraternité, même parmi les
anciens pour qui l'horizon se ferme entre Mgr Lefebvre et Ecône. C'est compréhensible
étant donné le monde de pourriture d'où ils sont. Qu'un jeune dans les années
70, ait cette réaction, et ce désir de vérité pour se rendre chez Mgr
Lefebvre, pour rentrer dans son séminaire, c'est déjà beaucoup. Beaucoup!
Beaucoup plus de jeunes n'y ont pas pensé. Donc honneur à tous ceux qui y sont
entrés. Il est très normal qu'en y entrant ils ne comprennent quand même pas
le fond de ce que faisait Mgr Lefebvre. Et comment pour demain former des jeunes
qui ne tomberont pas dans le même piège?
La grande Eglise est tombée
par la structure, la hiérarchie et l'obéissance aux années 60, l'œuvre de
Mgr Lefebvre est en train de tomber par la structure, la hiérarchie et l'obéissance.
Dieu sait s'il y a de braves prêtres dans toute la Fraternité et qui sont
toujours braves, mais pas assez braves pour percer Mgr Fellay et son équipe,
parce qu'il s'agit bien d'une équipe!
Par exemple une bonne fidèle
à Paris m'a raconté un mot de l'abbé Baudot, Eymeric Baudot, c'est un
mot qui lui fait honneur d'un certain côté, mais qui le situe d'un autre côté,
il aurait dit: "Voilà 10 ans que je fréquente
Mgr Fellay de prés et je peux vous dire, c'est un saint!" L'abbé
Baudot, prêtre parfait, prêtre qui se présente très bien, très bonne
doctrine, tout ce qu'on peut vouloir, et pourtant quelque chose d'essentiel lui
manque. Un brave tout ce qu'on veut mais il ne saisit pas l'essentiel.
La parole de saint Paul
dans le neuvième chapitre de l'épître aux Romains "reste
choisi par la grâce", n'est-ce pas? Et aujourd'hui il faut
reconstituer le reste du reste, donc il y aura un choix de Dieu là-dedans, le
choix des fidèles qui sont venus vers Mgr Lefebvre était certainement par la
grâce, comme dans le temps le choix des catholiques. C'est classique que le Bon
Dieu donne sa grâce à celui-ci et pas à celui-là. Mystère de la grâce. On
ne met pas en question les élections de Dieu, mais la grâce joue un rôle très
important dans le choix des Catholiques avant, dans le choix des
traditionalistes au temps de Mgr Lefebvre et dans le choix des restes du reste,
la grâce de Dieu jouera pour beaucoup.
Mais en même temps il
faut que les hommes fassent ce qu'il leur revient. Alors qu'est-ce qu'il faut
faire aujourd'hui pour aider la grâce de Dieu à constituer un reste du reste
catholique sans que ce reste ne suive le même chemin funeste de l’Église
avant le Concile et de la Fraternité sans Mgr Lefebvre! Si Mgr Lefebvre vivait
toujours, je suis sûr que les quatre ne seraient pas tombés comme ils sont
tombés et que la Fraternité ne serait pas en train de glisser. Tout ça c'est
le bon sens, Mgr Lefebvre tenait, comme Mgr de Castro Mayer tenait le diocèse
de Campos et Mgr de Castro Mayer venant à mourir dans 10 ans ça a glissé. Il
a fallu un peu plus de temps pour la Fraternité mais c'est le même chemin!
Vous pouvez mettre un jeune sur un banc d'écolier dans un séminaire, vous lui
dites, voici le libéralisme, voici la pourriture, voici le monde moderne,"
Ah oui, ah oui! Ah oui!" et puis il sort dans le monde: "Oh
c'est pas si mauvais que ça! Tiens! Mais nous condamnons tout le monde, mais
c'est ridicule de condamner tout le monde" et etc. etc. Et en peu de
temps, pchhhh, il commence à glisser.
Comment résoudre ce problème-là? Il y en a qui veulent que votre pauvre
serviteur aide à refaire un séminaire, je comprends très bien parce qu'il
faut des prêtres, mais je mets en question le séminaire classique. J'en viens
à mettre en question le séminaire classique
[Discussions dans la salle]
Les futurs prêtres
Pour le moment je dois
m'occuper de plusieurs pays, je ne dois pas me fixer sur la France ou sur l'Amérique
du Sud et donc je pourrais encourager quelque chose, je pourrais soutenir
quelque chose. Aux Etats-Unis, il y a ce petit groupe avec l'abbé Chazal et
l'abbé Pfeiffer qui est un chef naturel et qui agit de façon peut-être un peu
chaotique mais qui agit, qui a de l'énergie, beaucoup de dévouement, beaucoup
de foi et qui agit pour qu'on vienne au secours des âmes en détresse, en mal,
en glissade de la Fraternité. Il y a des groupes de laïcs aux Etats-Unis, des
groupes de laïcs qui voient assez clairs et qui ont peur pour leurs enfants,
leurs petits-enfants, l'avenir de la Fraternité. Bon! Alors il y a ces laïcs
et ce qu'il fait, ce qu'il doit faire, c'est de leur assurer les sacrements. Il
y a deux ou trois prêtres avec lui qui circulent parmi ces centres, des gens
avec lesquels il a pris contact, avec l'abbé Chazal, depuis l'été. Donc ça
commence à bouger si vous voulez. Ils veulent mon soutien, c'est clair qu'ils
veulent qu'en tant qu'évêque je me mette à leur tête. Moi je n'y tiens pas
pour trois raisons:
- Primo: honnêtement, je n'aime pas me mettre en avant. Honnêtement!
- Secundo: je crois que la résistance doit rester assez souple et pas trop se structurer. Je comprends bien cette nécessité d'un cadre pour qu'un jeune prêtre franchisse le pas, c'est sûr, mais une structure sera-t-elle nécessaire pour le ministère de demain? Ou l'éventualité de la clandestinité exigera-t-elle davantage que l'on reste sans trop de contacts, sans trop de structures et un maquis plutôt qu'une congrégation? Honnêtement je pense davantage à un maquis.
- Troisièmement: Je reviens à ce que l'autorité est en train de couler la Fraternité. Si ce n'est pas contradictoire ce que j'envisagerais ce serait une structure sans autorité, mais avec paternité, avec paternité, oui! Ça c'est indispensable! Et si c'est possible, si les gouvernements de demain permettront encore une paternité. Et c'est pour cela, pour qu'ils permettent, il ne faut pas donner trop dans l'œil, sortir trop dans la publicité me semble-t-il. Il faut que tout reste discret. Tant que tout reste discret je pense que cela agacera moins les gouvernements. Les gens dans les gouvernements redouteront sûrement les gens fidèles qui restent fidèles. Le reste du reste sera observé par les plus intelligents dans les gouvernements. Mais pas tous dans les gouvernements sont intelligents, me semble-t-il. Mais pour cela il ne faut pas trop annoncer qu'on lance une nouvelle structure, à mon avis il faut... piano, piano!
[Commentaires dans la salle: les fidèles sont dans l'attente...]
Oui, c'est cela,
l'incertitude, la trahison de la Fraternité semble avoir été évitée et elle
n'est pas certaine, même pour demain, elle n'est pas certaine et donc il faut
aller doucement. Si on veut constituer une résistance il faut que ce soit, en
France, en douceur pour le moment. Autrement on va s'aliéner beaucoup de braves
gens qui ne voient pas la nécessité. Et donc il faut aller à pas feutrés si
on veut faire quelque chose.
Ce qui est sûr
c'est que la résistance connue de Mgr Lefebvre a déjà, certainement freiné
la folie conciliaire, n'est-ce pas? Et je crois d'une part que la résistance,
maintenant, doit être discrète pour ne pas trop aliéner les gens qui pensent
qu'elle n'est pas nécessaire, mais d'autre part, elle doit exister et se faire
sentir.
[Commentaires dans la salle]
La politique de Menzingen
actuellement c'est d'aller doucement, d'éteindre les feux, et de tranquilliser,
laisser sur place et ne pas muter tous en tout cas, pour que ça se tranquillise
de nouveau et puis une fois que c'est tranquille, ils se remettent à avancer.
Je suis prêt à confirmer
ou à ordonner. Monseigneur Lefebvre a ordonné beaucoup de prêtres en dehors
de tous séminaires. Je serais tout-à-fait déterminé à donner ma paternité
à un précepteur ou à des séminaristes.
Sacre épiscopal?
[Dans le court échange
difficilement audible qui a suivi avec M. Paul Chaussée, Monseigneur rappelait:
"Mgr
Lefebvre était fier et très heureux d'avoir cette autorité de l'Eglise
officielle qui a approuvé officiellement ce qu'il faisait, la structure qu'il
érigeait". (...)"J'ai
l'épiscopat, c'est sûr, mais de juridiction, je n'en ai pas! Et je ne peux pas
me la donner, ce que je n'ai pas je ne peux pas me le donner." Paul Chaussée lui a posé
la question de la transmission de l'épiscopat, mais Monseigneur n'y semble pas
prêt pour le moment.]
FIN