Les Oratoriens offrent la messe traditionnelle tous les dimanches en leurs deux paroisses de Toronto. Ici, l'église Saint-Vincent-de-Paul, sur Roncesvalle Avenue. |
SOURCE - Paix Liturgique, lettre n°372 - 29 janvier 2013
Il y a tout juste un an, le pape nommait cardinal l'archevêque de Toronto, Mgr Collins. Cette semaine, grâce au blog Rorate Cæli,
nous vous proposons justement un gros plan sur la situation de la forme
extraordinaire du rite romain dans l'archidiocèse confié à Mgr Collins,
le plus peuplé des diocèses du Canada (1,8 million de catholiques pour
plus de 5,5 millions d'habitants). Une application en tous points
exemplaire.
Le texte original de ce reportage, adapté et complété par nos soins, a été rédigé par la Toronto Traditional Mass Society (TTMS), affiliée à Una Voce Vancouver, et publié par Rorate Cæli à la veille de Noël.
Le texte original de ce reportage, adapté et complété par nos soins, a été rédigé par la Toronto Traditional Mass Society (TTMS), affiliée à Una Voce Vancouver, et publié par Rorate Cæli à la veille de Noël.
I – DE LA QUASI DISPARITION DE LA MESSE TRADITIONNELLE À TORONTO À LA RENAISSANCE
Pendant
des années, en l'absence de toute messe traditionnelle, les catholiques
torontois désireux d'une liturgie digne et priante n'avaient guère
d'autre ressource que la cathédrale Saint-Michel. La qualité de sa
Maîtrise, affiliée à l'Institut Pontifical de Musique Sacrée, a en effet
permis d'y préserver le sens du sacré. Certes, un petit groupe de
fidèles avait réussi, dès les années 70, à se fédérer autour de l'abbé
Normandin – sorte d'abbé Coache canadien – au point d'obtenir, avec
l'appui de prêtres de passage, la célébration hebdomadaire de la
liturgie préconciliaire. Au milieu des années 80, cette petite
communauté qui se retrouvait dans une salle louée à l'Université, fit
appel à la Fraternité Saint-Pie X pour subvenir à ses besoins
liturgiques jusqu'à pouvoir acheter une église baptiste qui devint, en
1991, l'église de la Transfiguration, toujours siège aujourd'hui de
l'apostolat de la Fraternité Saint-Pie X dans l'agglomération de
Toronto.
Vint à la fin des années 80 l’érection de l'Oratoire Saint-Philippe. Dans un premier temps, les Oratoriens commencèrent par célébrer le Novus Ordo selon la Présentation générale du missel romain, introduisant ainsi un standard inconnu dans l'archidiocèse. Puis ils commencèrent à offrir le missel de 1962 dans le cadre de l'indult de 1984. Un seul prêtre du diocèse, l'abbé Liam Gavigan, avait alors osé profiter de cet indult pour revenir à la messe de son ordination. Trente ans plus tard, à plus de 80 ans, l'abbé Gavigan célèbre encore chaque dimanche deux messes traditionnelles. Quant aux Oratoriens, ils offrent la forme extraordinaire tous les jours et à 11 heures le dimanche dans leur paroisse principale, et le dimanche à 9h30 en la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.
Dès sa fondation en 2004, la Toronto Traditional Mass Society a eu pour souci de soutenir la célébration de la liturgie traditionnelle dans le diocèse. À cet effet, à plusieurs reprises mais sans succès, elle a rencontré l'archevêque de l'époque, le cardinal Ambrozic, lui demandant notamment de permettre à la Fraternité Saint Pierre de s'installer dans le diocèse. Ce n'est qu'avec l'arrivée de Mgr Collins sur le siège épiscopal et le Motu Proprio Summorum Pontificum, que les choses ont commencé à s'améliorer. À l'été 2008, la Fraternité Saint-Pierre put en effet y commencer un apostolat avec la perspective d'une paroisse personnelle. Malheureusement, moins de deux ans plus tard, début 2010, cet apostolat prit fin, la Fraternité Saint-Pierre estimant inadéquates les conditions dans lesquelles il se déroulait.
Pas découragés pour autant, les membres de la Toronto Traditional Mass Society entreprirent alors de donner un nouvel élan à la diffusion de la forme extraordinaire dans le diocèse en multipliant les messes, les jours de fête solennelle.
Vint à la fin des années 80 l’érection de l'Oratoire Saint-Philippe. Dans un premier temps, les Oratoriens commencèrent par célébrer le Novus Ordo selon la Présentation générale du missel romain, introduisant ainsi un standard inconnu dans l'archidiocèse. Puis ils commencèrent à offrir le missel de 1962 dans le cadre de l'indult de 1984. Un seul prêtre du diocèse, l'abbé Liam Gavigan, avait alors osé profiter de cet indult pour revenir à la messe de son ordination. Trente ans plus tard, à plus de 80 ans, l'abbé Gavigan célèbre encore chaque dimanche deux messes traditionnelles. Quant aux Oratoriens, ils offrent la forme extraordinaire tous les jours et à 11 heures le dimanche dans leur paroisse principale, et le dimanche à 9h30 en la paroisse Saint-Vincent-de-Paul.
Dès sa fondation en 2004, la Toronto Traditional Mass Society a eu pour souci de soutenir la célébration de la liturgie traditionnelle dans le diocèse. À cet effet, à plusieurs reprises mais sans succès, elle a rencontré l'archevêque de l'époque, le cardinal Ambrozic, lui demandant notamment de permettre à la Fraternité Saint Pierre de s'installer dans le diocèse. Ce n'est qu'avec l'arrivée de Mgr Collins sur le siège épiscopal et le Motu Proprio Summorum Pontificum, que les choses ont commencé à s'améliorer. À l'été 2008, la Fraternité Saint-Pierre put en effet y commencer un apostolat avec la perspective d'une paroisse personnelle. Malheureusement, moins de deux ans plus tard, début 2010, cet apostolat prit fin, la Fraternité Saint-Pierre estimant inadéquates les conditions dans lesquelles il se déroulait.
Pas découragés pour autant, les membres de la Toronto Traditional Mass Society entreprirent alors de donner un nouvel élan à la diffusion de la forme extraordinaire dans le diocèse en multipliant les messes, les jours de fête solennelle.
II – SITUATION PRÉSENTE ET PERSPECTIVES
Partout où « nous apportons la forme extraordinaire aux gens, ils répondent favorablement » témoigne la TTMS qui
s'efforce de couvrir tout le (vaste) territoire de l'agglomération
torontoise. Cinq prêtres et un diacre permanent prêtent leur concours à
cette véritable campagne de promotion du Motu Proprio qui s'appuie bien
entendu aussi sur la bienveillance des curés qui accueillent ces messes
dans leur paroisse.
Ce fut le cas notamment à Mississauga, ville de 700 000 habitants à l'ouest de Toronto, où plus de 450 fidèles se pressèrent le 8 décembre dernier en l'église Saint-Joseph pour une messe solennelle en l'honneur de l'Immaculée Conception. Dans cette église récente, à l'architecture tristement profane mais où l'arrangement de l'autel est tout ce qu'il y a de plus " Benoît XVI ", la beauté de la liturgie saisit les fidèles au point que les enfants de chœur témoignèrent avoir vu plusieurs dizaines de personnes aux bords des larmes au moment de s'agenouiller pour la communion. Un encouragement fort, explique la TTMS, pour continuer cette " tournée ".
Du côté du diocèse, le départ de la Fraternité Saint-Pierre n'a pas été vécu comme un soulagement ou une victoire mais a au contraire incité le cardinal Collins à trouver une solution pour la communauté qui avait vu le jour à cette occasion. Depuis 2011, cette communauté est établie en la paroisse Saint-Laurent, dans le quartier de Scarborough. En plus de l'abbé Gavigan qui y réside, les fidèles bénéficient d'un chapelain à part entière en la personne de l'abbé Szakaczki, formé chez les Oratoriens. La messe y est offerte tous les jours et le dimanche à 13 heures.
En dehors de Toronto, la TTMS apporte aussi son soutien à la diffusion de la liturgie traditionnelle dans les diocèses suffragants. Trois sur quatre (London, Saint Catharines et Hamilton) comptent actuellement au moins une messe dominicale hebdomadaire selon la forme extraordinaire du rite romain. Enfin, l'association offre aussi, dans la mesure de ses moyens, une aide financière aux séminaristes diocésains attachés à cette expression liturgique.
En effet, à mesure que se propage et se propagera toujours plus la liturgie traditionnelle, la Toronto Traditonal Mass Society envisage déjà une évolution de son rôle, abandonnant peu à peu l'organisation pratique des messes pour le soutien des prêtres et des séminaristes et la formation des servants de messe.
Ce fut le cas notamment à Mississauga, ville de 700 000 habitants à l'ouest de Toronto, où plus de 450 fidèles se pressèrent le 8 décembre dernier en l'église Saint-Joseph pour une messe solennelle en l'honneur de l'Immaculée Conception. Dans cette église récente, à l'architecture tristement profane mais où l'arrangement de l'autel est tout ce qu'il y a de plus " Benoît XVI ", la beauté de la liturgie saisit les fidèles au point que les enfants de chœur témoignèrent avoir vu plusieurs dizaines de personnes aux bords des larmes au moment de s'agenouiller pour la communion. Un encouragement fort, explique la TTMS, pour continuer cette " tournée ".
Du côté du diocèse, le départ de la Fraternité Saint-Pierre n'a pas été vécu comme un soulagement ou une victoire mais a au contraire incité le cardinal Collins à trouver une solution pour la communauté qui avait vu le jour à cette occasion. Depuis 2011, cette communauté est établie en la paroisse Saint-Laurent, dans le quartier de Scarborough. En plus de l'abbé Gavigan qui y réside, les fidèles bénéficient d'un chapelain à part entière en la personne de l'abbé Szakaczki, formé chez les Oratoriens. La messe y est offerte tous les jours et le dimanche à 13 heures.
En dehors de Toronto, la TTMS apporte aussi son soutien à la diffusion de la liturgie traditionnelle dans les diocèses suffragants. Trois sur quatre (London, Saint Catharines et Hamilton) comptent actuellement au moins une messe dominicale hebdomadaire selon la forme extraordinaire du rite romain. Enfin, l'association offre aussi, dans la mesure de ses moyens, une aide financière aux séminaristes diocésains attachés à cette expression liturgique.
En effet, à mesure que se propage et se propagera toujours plus la liturgie traditionnelle, la Toronto Traditonal Mass Society envisage déjà une évolution de son rôle, abandonnant peu à peu l'organisation pratique des messes pour le soutien des prêtres et des séminaristes et la formation des servants de messe.
III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Nous
aurons certainement l’occasion de revenir sur la figure de l'abbé
Normandin, un de ces " prêtres rejetés " comme les appelait l'abbé
Houghton (voir notre lettre 291).
Des éléments que nous avons recueillis jusqu'ici, il est dans la lignée
de l'abbé Coache et de Mgr Ducaud-Bourget : prêtre diocésain
réfractaire au caractère " obligatoire et unique " de la nouvelle messe,
et privé de ce fait de toute charge paroissiale, il refusa d’accepter
les injonctions qu’il estimait injustes de son épiscopat et se mit à
parcourir tout le Canada pour subvenir aux besoins des fidèles. Il
publia un livre, aujourd'hui épuisé, qui eut un fort écho au Canada et
même en France : Un curé dans la rue. Encore en vie aujourd'hui, il
célèbre toujours la messe traditionnelle dans la communauté religieuse
qui l'héberge.
Le pape Benoît XVI a écrit de manière libératrice que la messe tridentine n'avait jamais été interdite. Cependant, dans les faits, bien des hommes de Dieu, comme les abbés Normandin, Coache, Houghton et tant d'autres, ont témoigné devant les hommes et témoigneront devant le Souverain Juge qu'il en fut autrement. Mais si eux ont « tenu », combien d’autres ont été écrasés humainement et sacerdotalement. Nous l’avons déjà dit : voilà une bonne et vraie matière à salutaire « repentance ». Car si l’on demande aujourd’hui à des prêtres héritiers des abbés Coache et Normandin d’être humbles et de ne pas cultiver la polémique, il convient que la purification de la conscience se fasse également du côté de ceux qui ont provoqué par bien des injustices cette polémique. À noter d'ailleurs que ces injustices ne visent pas seulement les prêtres mais aussi les fidèles. Inutile pour cela d'aller battre sa coulpe pour les fautes supposées de ceux qui nous ont précédés. Combien de communautés de fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain supportent encore aujourd'hui en 2013 vexations et humiliations à cause de leur attachement à cette liturgie " jamais interdite " : horaires non-familiaux, lieux de culte excentrés, difficiles d'accès ou inadaptés, prêtres malveillants... ou encore le plus souvent le refus, le mépris, l'exclusion, les mensonges et même les calomnies !
2) Bien sûr qu'il ne saurait y avoir de messe sans prêtres et on voit bien qu'à Toronto, après l'abbé Normandin, l'abbé Gavigan et les Oratoriens ont joué un rôle essentiel pour la survie de la messe traditionnelle. Mais cet exemple canadien nous invite aussi à réfléchir sur l'importance de la persévérance et du dévouement des laïcs. Jusqu'à l'installation de la Fraternité Saint-Pie X, ce sont eux qui ont assuré la logistique de la messe, allant jusqu'à louer des locaux universitaires. De même, le travail accompli par la Toronto Traditional Mass Society est exemplaire, car animé du souci de divulguer le Motu Proprio de Benoît XVI de paroisse en paroisse, écartant la création de ghetto et favorisant la diffusion de la forme extraordinaire au sein des paroisses pour le plus grand bien de tous les fidèles. On ne saurait trop insister sur ce point : c’est une des formes non négligeable du sens de la foi.
Le pape Benoît XVI a écrit de manière libératrice que la messe tridentine n'avait jamais été interdite. Cependant, dans les faits, bien des hommes de Dieu, comme les abbés Normandin, Coache, Houghton et tant d'autres, ont témoigné devant les hommes et témoigneront devant le Souverain Juge qu'il en fut autrement. Mais si eux ont « tenu », combien d’autres ont été écrasés humainement et sacerdotalement. Nous l’avons déjà dit : voilà une bonne et vraie matière à salutaire « repentance ». Car si l’on demande aujourd’hui à des prêtres héritiers des abbés Coache et Normandin d’être humbles et de ne pas cultiver la polémique, il convient que la purification de la conscience se fasse également du côté de ceux qui ont provoqué par bien des injustices cette polémique. À noter d'ailleurs que ces injustices ne visent pas seulement les prêtres mais aussi les fidèles. Inutile pour cela d'aller battre sa coulpe pour les fautes supposées de ceux qui nous ont précédés. Combien de communautés de fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain supportent encore aujourd'hui en 2013 vexations et humiliations à cause de leur attachement à cette liturgie " jamais interdite " : horaires non-familiaux, lieux de culte excentrés, difficiles d'accès ou inadaptés, prêtres malveillants... ou encore le plus souvent le refus, le mépris, l'exclusion, les mensonges et même les calomnies !
2) Bien sûr qu'il ne saurait y avoir de messe sans prêtres et on voit bien qu'à Toronto, après l'abbé Normandin, l'abbé Gavigan et les Oratoriens ont joué un rôle essentiel pour la survie de la messe traditionnelle. Mais cet exemple canadien nous invite aussi à réfléchir sur l'importance de la persévérance et du dévouement des laïcs. Jusqu'à l'installation de la Fraternité Saint-Pie X, ce sont eux qui ont assuré la logistique de la messe, allant jusqu'à louer des locaux universitaires. De même, le travail accompli par la Toronto Traditional Mass Society est exemplaire, car animé du souci de divulguer le Motu Proprio de Benoît XVI de paroisse en paroisse, écartant la création de ghetto et favorisant la diffusion de la forme extraordinaire au sein des paroisses pour le plus grand bien de tous les fidèles. On ne saurait trop insister sur ce point : c’est une des formes non négligeable du sens de la foi.