SOURCE - Isabelle de Gaulmyn - La Croix - 27 février 2013
Entamés sous des auspices peu favorables, les rapports du Vatican avec la France se sont améliorés au cours du pontificat, notamment du fait de l’accent mis sur la nécessaire nouvelle évangélisation par Benoît XVI.
Entamés sous des auspices peu favorables, les rapports du Vatican avec la France se sont améliorés au cours du pontificat, notamment du fait de l’accent mis sur la nécessaire nouvelle évangélisation par Benoît XVI.
La France, combien de divisions ? À
Rome, il faut bien reconnaître que l’Église de France ne pèse plus
guère. L’époque où Paul VI faisait appel à une théologie française,
encore auréolée de sa participation au concile Vatican II, est un lointain souvenir.
La fille aînée de l’Église est malade : nombre de prêtres, de séminaristes ou de baptêmes en chute libre… Elle renvoie l’image d’un pays non seulement sécularisé, mais hostile à l’idée même de Dieu au nom d’une certaine conception de la laïcité : la France n’est-elle pas celle qui a conduit l’Europe à refuser l’inscription des racines chrétiennes dans sa Constitution ?
Pire, au début du pontificat de Benoît XVI, la France fait figure de « mauvaise élève » de l’Église. Elle symbolise, plus que d’autres pays, aux yeux du pape et de son entourage, l’un des lieux où la réception du concile Vatican II fut la plus contestable. De plus, l’Église de France ne dispose alors guère de relais favorables dans les palais du Vatican, avec la retraite des cardinaux Etchegaray et Poupard.
La relation débute donc dans de mauvaises conditions. Elle va se dégrader avec l’affaire des intégristes. Les évêques ont le sentiment d’être injustement mis de côté dans les tentatives de Benoît XVI pour résoudre le schisme de la Fraternité Saint-Pie-X, mouvement pourtant né en France, et qui y compte encore la majorité de ses membres.
L’affaire de l’Institut du Bon-Pasteur à Bordeaux se dénoue à l’insu de l’archevêque du lieu, le cardinal Jean-Pierre Ricard. Aucun évêque n’a été prévenu de la publication du motu proprio en juillet 2007 libéralisant la messe en rite tridentin, alors qu’ils se retrouvent au premier rang pour le faire appliquer, et qu’ils doivent endurer la violence des campagnes de certains intégristes.
La blessure intégriste aura ainsi jeté une ombre, tout au long des huit années, sur les relations entre Benoît XVI et l’Église de France. À chaque fois, ses responsables ont eu le sentiment d’un double discours romain. Même si en 2010 la reprise en main de ce dialogue par la Congrégation pour la doctrine de la foi, à laquelle participe le cardinal Jean-Pierre Ricard, va permettre progressivement de fluidifier les choses.
Entamées sous des auspices peu favorables, les relations entre l’Église de France et Benoît XVI vont cependant progressivement s’améliorer. Benoît XVI, en théologien de sa génération, connaît parfaitement la culture et la langue françaises qu’il apprécie. Les catholiques français ont pu le constater lors de son voyage en France, à Paris et Lourdes, en 2008.
Le dynamisme des jeunes générations de catholiques français, la multiplication des lieux de formation, la mobilisation des laïcs dans les paroisses, autant d’éléments qui surprennent agréablement Rome, alors que les Églises des autres pays européens sont, à leur tour, touchées par la vague de sécularisation.
À l’automne 2012, les visites ad limina des évêques français à Rome manifestent ce réchauffement. « Face aux difficultés rencontrées, nous ne tenons plus le rôle des mauvais élèves, mais de ceux qui ont rencontré les mêmes difficultés que les autres, avec simplement quelques longueurs d’avance », constate ainsi Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier, interrogé par La Croix.
Tout comme est encouragée la manière avec laquelle l’Église de France est parvenue à susciter le débat, à propos du projet de loi sur le mariage homosexuel en janvier 2013.
La fille aînée de l’Église est malade : nombre de prêtres, de séminaristes ou de baptêmes en chute libre… Elle renvoie l’image d’un pays non seulement sécularisé, mais hostile à l’idée même de Dieu au nom d’une certaine conception de la laïcité : la France n’est-elle pas celle qui a conduit l’Europe à refuser l’inscription des racines chrétiennes dans sa Constitution ?
Pire, au début du pontificat de Benoît XVI, la France fait figure de « mauvaise élève » de l’Église. Elle symbolise, plus que d’autres pays, aux yeux du pape et de son entourage, l’un des lieux où la réception du concile Vatican II fut la plus contestable. De plus, l’Église de France ne dispose alors guère de relais favorables dans les palais du Vatican, avec la retraite des cardinaux Etchegaray et Poupard.
Les évêques se sentent mis de côtéReste le cardinal Tauran, qui n’est pas un proche du pape, mais en qui ce dernier a entièrement confiance. À sa manière, élégante et discrète, il va veiller à ce que les ponts ne soient jamais rompus. Mgr Jean-Louis Bruguès le rejoint en 2007, secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, puis archiviste et bibliothécaire de la Sainte Église Romaine.
La relation débute donc dans de mauvaises conditions. Elle va se dégrader avec l’affaire des intégristes. Les évêques ont le sentiment d’être injustement mis de côté dans les tentatives de Benoît XVI pour résoudre le schisme de la Fraternité Saint-Pie-X, mouvement pourtant né en France, et qui y compte encore la majorité de ses membres.
L’affaire de l’Institut du Bon-Pasteur à Bordeaux se dénoue à l’insu de l’archevêque du lieu, le cardinal Jean-Pierre Ricard. Aucun évêque n’a été prévenu de la publication du motu proprio en juillet 2007 libéralisant la messe en rite tridentin, alors qu’ils se retrouvent au premier rang pour le faire appliquer, et qu’ils doivent endurer la violence des campagnes de certains intégristes.
Benoît XVI connait parfaitement la culture françaiseLa levée de l’excommunication des évêques de la Fraternité Saint-Pie-X porte la tension à son comble : les évêques, alors en conseil permanent, l’apprennent de la bouche de leurs homologues suisses. Ils vont devoir faire devant les médias le « service après-vente », et expliquer une décision qu’ils n’approuvent pas.
La blessure intégriste aura ainsi jeté une ombre, tout au long des huit années, sur les relations entre Benoît XVI et l’Église de France. À chaque fois, ses responsables ont eu le sentiment d’un double discours romain. Même si en 2010 la reprise en main de ce dialogue par la Congrégation pour la doctrine de la foi, à laquelle participe le cardinal Jean-Pierre Ricard, va permettre progressivement de fluidifier les choses.
Entamées sous des auspices peu favorables, les relations entre l’Église de France et Benoît XVI vont cependant progressivement s’améliorer. Benoît XVI, en théologien de sa génération, connaît parfaitement la culture et la langue françaises qu’il apprécie. Les catholiques français ont pu le constater lors de son voyage en France, à Paris et Lourdes, en 2008.
le modèle pertinent de « nouvelle évangélisation » à la françaiseSurtout, les dernières années du pontificat, avec l’accent mis sur la nécessaire « nouvelle évangélisation » par Benoît XVI, le « modèle français » montre toute sa pertinence : de ce côté-ci des Alpes, voilà déjà longtemps que l’Église se sait minoritaire, et, depuis le rapport Dagens de 1994 – « Proposer la foi dans la société actuelle » –, s’est adaptée à ce contexte de sécularisation. Les communautés nouvelles, comme les paroisses, se sont déjà mises dans une attitude de « proposition de la foi » à la société, et ont lancé des initiatives en ce sens.
Le dynamisme des jeunes générations de catholiques français, la multiplication des lieux de formation, la mobilisation des laïcs dans les paroisses, autant d’éléments qui surprennent agréablement Rome, alors que les Églises des autres pays européens sont, à leur tour, touchées par la vague de sécularisation.
À l’automne 2012, les visites ad limina des évêques français à Rome manifestent ce réchauffement. « Face aux difficultés rencontrées, nous ne tenons plus le rôle des mauvais élèves, mais de ceux qui ont rencontré les mêmes difficultés que les autres, avec simplement quelques longueurs d’avance », constate ainsi Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier, interrogé par La Croix.
Tout comme est encouragée la manière avec laquelle l’Église de France est parvenue à susciter le débat, à propos du projet de loi sur le mariage homosexuel en janvier 2013.
Isabelle de Gaulmyn