10 juin 2013

[Abbé Philippe Laguérie, ibp] Appel à la révocation du Conseil Famille et Société de la Conférence des Évêques de France

SOURCE - Abbé Philippe Laguérie - Reprise du texte d'une pétition - 10 juin 2013

Mgr Georges Pontier
Président de la Conférence des Évêques de France
106, rue du Bac
Paris 75007

Excellence,

Suite à la publication par le Conseil Famille et Société de la Conférence des évêques de France d’un scandaleux document intitulé « Poursuivons le dialogue – Perspectives après le vote de la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe », nous vous adressons respectueusement la demande de convoquer une réunion extraordinaire de la CEF, dont vous êtes le Président depuis le mois d’avril, pour révoquer le mandat dudit Conseil Famille et Société et élire des membres qui soient en phase avec les enseignements de l’Église et les sentiments de l’immense majorité des fidèles.

Il est inacceptable que devant une loi illégitime qui contredit la raison et nie la nature, les membres de cet organisme de la CEF puissent parler d’une supposée « complexité du jugement éthique en situation pluraliste».

Il est inacceptable que les membres de cet organisme de la CEF puissent appeler à « dépasser » les oppositions manifestées au cours du débat en présentant à parité égale les arguments pour et contre la loi, les désignant comme « différents aspects qui semblent s’opposer » et des « malentendus entre différents points de vue ».

Il est inacceptable que les membres de cet organisme épiscopal ne trouvent pas incongru, dans le contexte d’une discussion cruciale sur la famille, que de nombreuses personnes — parmi lesquelles des catholiques bien sûr — « se sent[ai]ent tiraillés entre la volonté de donner tout son sens au mariage basé sur l’altérité des sexes et la volonté de ne pas rejeter des personnes homosexuelles », ces dernières prétendant à tous les avantages du mariage, dont l’adoption d’enfants !

Il est inacceptable qu’après le rejet massif et sonore du contrat d’union civile pour les homosexuels par de centaines de milliers de manifestants le 26 mai dernier, les membres de cet organisme épiscopal puissent déplorer que « les contre-propositions cherchant à concilier les deux aspects n’[aient] pas reçu d´écho politique ».

Il est inacceptable que les membres de cet organisme épiscopal puissent renforcer la campagne médiatique du lobby LGBT contre les opposants à la dénaturation du mariage en affirmant : « l’homophobie existe toujours dans la société et dans nos communautés catholiques » ; et : « une homophobie, jusque-là latente, s’est exprimée au grand jour avec une violence surtout verbale mais dans quelques cas aussi physique ».

Il est inacceptable qu’au moment où l’on est sur le point d’imposer à nos enfants l’idéologie du genre, négatrice de l’altérité sexuelle, les membres de cet organisme épiscopal puissent, sous le prétexte d’honorer la valeur de l’amitié et des relations interpersonnelles, considérer le fait de briser la chasteté dans les amitiés homosexuelles comme « ne dévaloris[ant] pas cette expérience » (sic !) ; inacceptable aussi de considérer que « ceux et celles qui vivent un tel lien d’amitié témoignent volontiers de la richesse qu’il représente et de l’importance qu’il revêt dans leur vie » (sic !).

Non. L’accueil véritable des personnes homosexuelles ne passe pas par le silence sur les Écritures, qui qualifient les actes d’homosexualité de « dépravation grave », ni par l’exaltation d’une tendance sexuelle objectivement désordonnée (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 2358).

Et encore moins par l’exaltation d’une amitié homosexuelle qui comporterait « une ouverture sur les autres » et aurait « une véritable fécondité sociale », pouvant ainsi « témoigner d’une fécondité d’un autre ordre que l’engendrement » comme le font « les personnes vivant dans le célibat consacré » (sic et resic !).

Il fallait l’oser : évoquer côte à côte les vierges du Seigneur et des couples de même sexe qui « déshonorent eux-mêmes leur corps » par des « rapports contre nature » (Rom 1, 24-27) sans que cela ne dévalorise leur relation ! Saint Paul doit se retourner dans sa tombe…

Excellence, la réforme de civilisation que l’on veut nous imposer exige des catholiques la seule attitude de résistance cohérente avec leur foi : « On ne lâche rien. Jamais ! »

Affirmer dans un document officiel « c’est une preuve de maturité démocratique que d’accepter sans violence que son propre point de vue ne soit pas retenu », est-ce favoriser cette salutaire résistance à l’arbitraire, ou n’est-ce pas plutôt un appel à la démission ?

La violence, disent-ils ? Qu’ils aillent demander à la « génération garde à vue ». Elle saura témoigner de quel côté elle s’est déchaînée, cette violence…

Quant à l’invitation à une lâche acceptation du fait accompli, les membres du Conseil Famille et Société de la CEF sont en total décalage avec les fidèles de la base qui, eux, sont disposés à mener le combat jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’abrogation pure et simple de la loi Taubira.

C’est pourquoi nous résisterons à cette injonction épiscopale à pratiquer un dialogue de sourds avec un gouvernement qui méprise la religion et la simple raison, et qui envoie ses sbires pour maltraiter des « veilleurs » et autres manifestants pacifiques. Résistance pacifique, mais résistance : celle qui nous est permise par le droit de l’Église, le droit naturel et la loi civile.

C’est aussi pourquoi nous vous prions instamment que les membres du Conseil Famille et Société soient révoqués par la Conférence des Évêques de France et remplacés par des personnalités qui ne craignent pas de témoigner de la vraie foi catholique et de sa morale, et qui ne cèdent pas à la pression médiatique du lobby homosexuel.

Dans cette attente, nous renouvelons tout notre attachement à l’Église et aux valeurs non négociables de celle-ci, ainsi que notre fidélité au Magistère à travers nos Pasteurs légitimes. C’est dans cet esprit filial que nous vous prions de croire, Monseigneur, à l’assurance de nos sentiments respectueux et dévoués.