Comment
recevoir cette annonce du Pape François des canonisations de ses prédécesseurs Jean
XXIII et Jean-Paul II ? Au-delà des considérations théologiques dont nous vous
faisons état dans ce bulletin, il faut avouer qu’il y a une part de mystère
dans cette réalité qui s’impose à nous !
Saint
Jean-Paul II ? La rapidité du procès de canonisation, tous les souvenirs encore
présents d’un pontificat long et compliqué, ses conséquences sur la marche du monde
laissent une impression de « précipité », de « parti-pris » pour justifier la
politique vaticane depuis Vatican II. Comme s’il y avait « du trop humain »
dans cette mise sur les autels… L’Eglise est divine, Elle prend le temps, Elle
est sage d’habitude, pour les canonisations. Le Pape Jean-Paul II a embrassé le
coran : comment inscrire ce geste significatif et lourd de conséquences, tant
pour les catholiques que pour le monde musulman, dans la Tradition de l’Eglise
? Il est impossible, pour ne retenir que cet exemple, de passer sous silence
cette prise de position inédite dans l’Eglise…
Qu’est-ce
que la sainteté ? Pourquoi l’Église nous donne-t-elle l’exemple des Saints
comme modèles à imiter ? Dans le labeur de toute existence, et dans cette quête
du ciel pour toute âme bien née, ils se présentent à nous comme des soutiens
pour nous aider à lutter contre la pesanteur de notre médiocrité et de notre
égoïsme ! Pour gagner le Ciel !
Sainte
Thérèse de l’Enfant-Jésus, en septembre 1896, s’est écriée, un an avant sa mort
: « ma vocation, enfin je l’ai trouvée ! Ma vocation, c’est l’Amour ! ». Notre
jeune carmélite, modèle de simplicité, de force d’âme, et d’Amour pour les
temps modernes, sent bouillonner en elle d’immenses désirs apparemment
contradictoires. Elle aspire à tant de vocations : elle voudrait être guerrier,
prêtre, diacre, apôtre, docteur de l’Eglise, martyr… Et désirerait vivre
chacune d’elles dans toute son ampleur, dans l’espace et dans le temps. Annoncer
l’Evangile dans les cinq parties du monde. Quelle audace : « O mon Jésus ! À
toutes mes folies que vas-tu répondre ? Y a-t-il une âme plus petite, plus
impuissante que la mienne ? ». C’est Dieu qui fait les Saints, l’Esprit-Saint
qui souffle sur son Eglise, pas les hommes…
Nous
pourrions nous poser cette question : « Quelle sainteté pour la Fraternité
Saint Pie X ? » Notre société religieuse est tellement secouée en ce moment,
qu’il me semble opportun de donner un élément de réponse, pour prier et réfléchir…
Notre
Fondateur, S.E. Mgr Marcel Lefebvre, a tracé le chemin dans les Statuts, pour
nous membres de la FSSPX, et vous, fidèles qui recevez les sacrements dans nos
chapelles : « le but de la Fraternité est le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte
et rien que ce qui le concerne, c'est-à-dire tel que Notre Seigneur Jésus Christ
l’a voulu lorsqu’Il a dit : Faites ceci en mémoire de moi. Orienter et réaliser
la vie du prêtre vers ce qui est essentiellement sa raison d’être : le saint
sacrifice de la Messe, avec tout ce qu’il signifie, tout ce qui en découle,
tout ce qui en est le complément ». (Statuts, II, 1-2).
Ailleurs,
Mgr Lefebvre s’est adressé aux futurs évêques de la Fraternité, dans cet acte
si grave et si important pour la vie de l’Eglise que sont les Sacres de 1988 :
« Dieu a suscité la Fraternité sacerdotale saint Pie X pour le maintien et la
perpétuité de son sacrifice glorieux et expiatoire dans l’Eglise (…) Le but
principal de cette transmission est de conférer la grâce de l’ordre sacerdotal
pour la continuation du vrai Sacrifice de la sainte Messe, et pour conférer la grâce
du sacrement de confirmation aux enfants et aux fidèles qui vous le demandent
(…) Je vous conjure de demeurer attachés au Siège de Pierre, à l’Eglise
Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les Eglises, dans la foi catholique,
intégrale (…) Enfin, je vous conjure de demeurer attachés à la Fraternité
sacerdotale saint Pie X, de demeurer profondément unis entre vous, soumis à son
Supérieur Général… (Lettre du 29 août 1987)
Le Bon Dieu
n’accordera sa grâce à la Fraternité que dans la mesure où elle sera fidèle à
sa vocation : la Messe, le Sacerdoce. C’est le Christ, ou plus exactement la sainteté
du Christ, qui sera notre modèle. En cette période terrible de crise secouant
l’Eglise, prenons garde de ne pas nous égarer, en étendant notre vocation
propre sur des missions qui ne sont pas les nôtres. Résoudre la crise de
l’Eglise, juger de tout… Le Père Garrigou-Lagrange O.P. rappelle avec beaucoup
de bon sens que le défaut dominant, pour une âme, est « comme une caricature de
la bonne inclination qui aurait dû prévaloir, c’est comme le revers de la médaille
». A vouloir trop bien faire, la bonne volonté dégénère et se hasarde sur des
pentes glissantes ! Pour Dieu et pour l’Eglise, demandons la grâce de rester humbles
et efficaces là où notre sainteté l’exige !
Concluons en
citant sainte Thérèse : « Sœur Marie de l’Eucharistie, voulait allumer les cierges
pour une procession ; elle n’avait pas d’allumettes, et voyant la petite lampe
qui brûle devant les reliques, elle s’en approcha, mais il ne restait plus
qu’une faible lueur sur la mèche carbonisée. Elle réussit cependant à allumer
son cierge, et, par ce cierge, tous ceux de la communauté. Alors je me dis :
qui donc pourrait se glorifier de ses œuvres ? Ainsi, c’est une petite lampe qui
a produit ces belles flammes, lesquelles, à leur tour, pourraient en allumer
une infinité d’autres, embraser même le monde entier. Et pourtant, même alors,
ce serait toujours cette humble petite lampe qui resterait la première cause de
cet embrasement ». (Nov. Verba, 76)
Restons
cette petite lampe, chers fidèles, et prions bien pour notre chère Fraternité
et pour l’Eglise.
Je vous
bénis