SOURCE - DICI - 12 avril 2014
Que se passera-t-il à l’assemblée extraordinaire du Synode des évêques qui doit se réunir du 5 au 19 octobre 2014, consacré aux « défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation » ? Cette question se pose avec une grande inquiétude depuis que, lors du dernier Consistoire (20 février 2014), le cardinal Walter Kasper, à la demande du pape François et avec son soutien appuyé, a présenté le thème du prochain Synode en faisant des ouvertures prétendument pastorales et doctrinalement scandaleuses.
Cet exposé qui aurait dû initialement rester secret, a été publié dans la presse et les débats houleux qu’il a soulevés parmi les membres du Consistoire ont fini par être également révélés. Un universitaire n’a pas hésité à parler d’une véritable « révolution culturelle » (Roberto de Mattei), et un journaliste a qualifié de « changement de paradigme » le fait que la cardinal Kasper propose que les divorcés « remariés » puissent communier sans que leur précédent mariage soit reconnu comme nul, « actuellement ce n’est pas le cas, sur la base des paroles de Jésus, très sévères et explicites sur le divorce.» (Sandro Magister)
Des prélats se sont élevés contre ce changement, tel le cardinal Carlo Caffara, archevêque de Bologne, s’interrogeant : « Qu’en est-il du premier mariage célébré et consommé ? Si l’Eglise admet (les divorcés « remariés ») à l’Eucharistie, elle doit donner de toute façon un jugement de légitimité à la seconde union. C’est logique. Mais alors – comme je le demandais – qu’en est-il du premier mariage ? Le deuxième, dit-on, ne peut pas être un vrai deuxième mariage, car la bigamie va à l’encontre de la parole du Maître. Et le premier ? Est-il dissout ? Mais les papes ont toujours enseigné que le pouvoir du pape ne va pas jusque là : sur le mariage célébré et consommé, le pape n’a aucun pouvoir. La solution exposée (par le cardinal Kasper) porte à penser que le premier mariage demeure, mais qu’il y a quand même une deuxième forme de cohabitation que l’Eglise légitime. (…) La question de fond est donc simple : qu’en est-il du premier mariage ? Mais personne ne répond. » (Il Foglio, 15/03/14)
On pourrait ajouter les graves objections formulées par les cardinaux Gerhard Ludwig Müller, Walter Brandmüller, Angelo Bagnasco, Robert Sarah, Giovanni Battista Re, Mauro Piacenza, Angelo Scola, Camillo Ruini… Mais ces objections restent, elles aussi, sans réponse.
Nous ne pouvons attendre, sans élever la voix, que le Synode se tienne en octobre prochain dans l’esprit désastreux que veut lui donner le cardinal Kasper. L’étude jointe, intitulée « La nouvelle pastorale du mariage selon le cardinal Kasper », montre les lourdes erreurs contenues dans son exposé. Ne pas les dénoncer reviendrait à laisser une porte ouverte aux périls que pointe du doigt le cardinal Caffara : « Il y aurait (ainsi) un exercice de la sexualité humaine extra-conjugale que l’Eglise considèrerait comme légitime. Mais avec cela on ruine le pilier de la doctrine de l’Eglise sur la sexualité. À ce point on pourrait se demander : pourquoi n’approuve-t-on pas l’union libre ? Et pourquoi pas les rapports entre homosexuels ? » (Ibidem)
Alors que de nombreuses familles se sont mobilisées courageusement ces derniers mois contre les lois civiles qui partout sapent la famille naturelle et chrétienne, il est proprement scandaleux de voir ces mêmes lois subrepticement soutenues par des hommes d’Eglise désireux d’aligner la doctrine et la morale catholiques sur les mœurs d’une société déchristianisée, au lieu de chercher à convertir les âmes. Une pastorale qui bafoue l’enseignement explicite du Christ sur l’indissolubilité du mariage, n’est pas miséricordieuse mais injurieuse à l’égard de Dieu qui accorde à chacun sa grâce de façon proportionnée, et cruelle envers les âmes qui, placées dans des situations difficiles, reçoivent cette grâce dont elles ont besoin pour vivre chrétiennement et même grandir dans la vertu, jusqu’à l’héroïsme.
Menzingen, le 12 avril 2014
+ Bernard Fellay
Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X