SOURCE - Abbé Guy Castelain, fsspx - L'Hermine - Mars 2014
Dans la Déclaration du 21 novembre 1974 de Mgr Lefebvre, on trouve cet aliéna relatif à la sainte Messe : On ne peut modifier profondément la Lex orandi sans modifier la Lex credendi. A messe nouvelle, correspond catéchisme nouveau, sacerdoce nouveau, séminaires nouveaux, universités nouvelles, Eglises charismatique, pentecôtiste, toutes choses opposées à l’orthodoxie et au magistère de toujours.
Dans la Déclaration du 21 novembre 1974 de Mgr Lefebvre, on trouve cet aliéna relatif à la sainte Messe : On ne peut modifier profondément la Lex orandi sans modifier la Lex credendi. A messe nouvelle, correspond catéchisme nouveau, sacerdoce nouveau, séminaires nouveaux, universités nouvelles, Eglises charismatique, pentecôtiste, toutes choses opposées à l’orthodoxie et au magistère de toujours.
En conséquence, la Déclaration de fidélité aux positions de la Fraternité Saint-Pie X affirme que le rite de la nouvelle messe de Paul VI est «en soi mauvais» car, si sa validité est possible, le danger d’invalidité est très grand. La raison en est qu’»il s’éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la sainte Messe» (cf. bref examen critique des cardinaux Ottaviani et Bacci), et en particulier, que 1) le rite favorise une interprétation protestante de la messe; 2) les traductions en langues vernaculaires sont mauvaises et détériorent encore plus le sens des paroles de la messe; 3) les manières diverses et fantaisistes dont les prêtres la célèbrent aggravent le problème.
Que le nouveau rite soit mauvais en soi découle logiquement d’un principe thomiste métaphysique : Bonum ex integra causa; malum ex quocumque defectu. C’est-à-dire : Pour qu’une chose soit bonne, il faut qu’elle le soit sous tous ses rapports; pour qu’elle commence à être mauvaise, il suffit qu’elle ne comporte qu’une seule défectuosité. Or, le nouveau rite présente trois défauts qui, concrètement, se cumulent : le sens protestant, les traductions défectueuses, les modes fantaisistes de célébrations. Voilà pourquoi il est mauvais en soi.
La Déclaration de fidélité ne fait ensuite que déduire de cette conclusion les applications pastorales nécessaires pour les prêtres membres de la Fraternité Saint-Pie X : Je ne célèbrerai jamais la sainte Messe selon ce nouveau rite, même sous la menace de peines ecclésiastiques; et je ne conseillerai jamais à quiconque, de manière positive, de participer activement à une telle messe.
Le statut de la messe de saint Pie V «Ecclesia Dei» jouit d’un statut totalement différent. Il suffit de refaire le parcours canonique de cette «messe des ralliés». Le 3 octobre 1984, elle commence à bénéficier d’un indult spécial intitulé Quattuor abhinc annos qui accorde la célébration de la messe ancienne aux prêtres et fidèles qui «n’ont rien à voir avec ceux qui mettent en doute la légitimité et la rectitude doctrinale du Missel Romain promulgué par le pape Paul VI». Le 2 juillet 1988, dans le Motu proprio Ecclesia Dei afflicta, publié le lendemain de la prétendue excommunication de Mgr Lefebvre par Jean-Paul II, on peut lire : «Je désire avant tout lancer un appel… à tous ceux qui jusqu’à présent ont été de diverses manières liés au mouvement issu de Mgr Lefebvre… de ne pas continuer à soutenir de quelque façon que ce soit ce mouvement… On devra surtout respecter le désir spirituel de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine en faisant une application large et généreuse des directives données en leur temps par le Siège Apostolique pour l’usage du Missel Romain selon l’édition typique de 1962.» Et la fin de cette phrase de renvoyer à une note en bas de page : cf. Congrégation pour le Culte divin. Lettre Quattuor abhinc annos, 3-X -1984; D.C. n° 1885 (1984) p. 1124. Les dispositions prises en 1988 ne sont donc toujours pas pour «ceux qui mettent en doute la légitimité et la rectitude doctrinale du Missel Romain promulgué par le pape Paul VI». Dans le Motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 de Benoît XVI, on peut lire à l’article 11 : «La Commission pontificale Ecclesia Dei, érigée par le pape Jean-Paul II en 1988, continue à exercer sa mission.» C’est une référence implicite aux deux documents précédents. Donc, de nouveau : messe tridentine pour ceux qui ne s’opposent pas à la messe Paul VI… La position Ecclesia Dei n’a donc rien à voir avec celle de la Fraternité Saint- Pie X. D’un côté, on préfère la messe ancienne sans refuser la nouvelle messe; de l’autre, on garde l’ancienne par principe et on combat la nouvelle en tirant les conclusions logiques qui s’imposent pour la protection de la Foi des prêtres et des fidèles! C’est donc la même messe, mais ce n’est pas le même combat! Quel combat? Le combat de la Foi!
Petite erreur dans les principes, catastrophe dans les conclusions! En 1993, par exemple, l’abbé Reckenwald, professeur au séminaire de Wigratzbad (Fraternité Saint- Pierre) affirmait : «Nous coopérons avec des prêtres qui utilisent le nouveau rite; certains d’entre eux d’ailleurs donnent des conférences dans notre séminaire. Nous prêtons notre concours, dans la nouvelle liturgie, pour istribuer la communion ou assurer l’homélie. Il s’avère ainsi que de la bonne volonté de part et d’autre permet une coexistence pacifique de l’ancienne et de la nouvelle liturgie» (Offerten Zeitung - Apostolisches, n° 11 - nov. 1993, p. 22). Fréquenter la «messe Ecclesia Dei», c’est renoncer au combat de la messe et glisser petit à petit vers la messe Paul VI!
Abbé Guy Castelain