SOURCE - Paix Liturgique - Lettre 453 - 13 août 2014
La Finlande est pour l’Église quasiment une terra incognita, l’une de ces « périphéries » par lesquelles la nouvelle évangélisation pourrait passer. Aussi, l’ordination, le 7 juin 2014, dans la cathédrale catholique d’Helsinki, la cathédrale Saint-Henri, de l’abbé Anders Hamberg est-elle en soi un fait extraordinaire puisque ce n’était que la sixième ordination d’un prêtre catholique en Finlande depuis la Réforme ! Mais elle l’est dans le contexte actuel plus encore puisque le lendemain, 8 juin 2014, l’abbé Hamberg choisissait de célébrer sa première messe, toujours en la cathédrale Saint-Henri, avec le missel traditionnel, dans la forme extraordinaire du rite romain... dans une église comble !
La Finlande est pour l’Église quasiment une terra incognita, l’une de ces « périphéries » par lesquelles la nouvelle évangélisation pourrait passer. Aussi, l’ordination, le 7 juin 2014, dans la cathédrale catholique d’Helsinki, la cathédrale Saint-Henri, de l’abbé Anders Hamberg est-elle en soi un fait extraordinaire puisque ce n’était que la sixième ordination d’un prêtre catholique en Finlande depuis la Réforme ! Mais elle l’est dans le contexte actuel plus encore puisque le lendemain, 8 juin 2014, l’abbé Hamberg choisissait de célébrer sa première messe, toujours en la cathédrale Saint-Henri, avec le missel traditionnel, dans la forme extraordinaire du rite romain... dans une église comble !
Nous vous proposons cette semaine notre traduction des principaux passages de l’un des articles qui ont rendu compte de cet événement étonnant et consolant, suivie de quelques-unes de nos réflexions.
I – UNE ORDINATION RARE ET SIGNIFICATIVE À HELSINKI
Article d’Alberto Carosa pour Catholic World Report, 23 juin 2014
Parmi les récents développements positifs du catholicisme dans les pays scandinaves, il faut signaler l’ordination sacerdotale d’Anders Hamberg, le 7 juin – le sixième prêtre catholique finlandais depuis la Réforme. L’ordination, célébrée en suédois (la langue natale de l’abbé Hamberg) et en latin par Mgr Teemu Sippo, SCJ, évêque d’Helsinki, a eu lieu dans la cathédrale Saint-Henri où l’abbé Hamberg avait déjà été élevé au diaconat par Mgr Sippo le 28 septembre 2013.
J’étais au courant de cet événement et d’autres actualités du catholicisme finlandais [l’auteur de l’article est marié à une Finlandaise catholique, ndlr], comme l’ouverture de la première église catholique de Kuopio, la capitale de la Savonie, région au centre du pays, mais je ne savais pas jusqu’à récemment que l’abbé Hamberg devait célébrer sa première messe selon la liturgie traditionnelle. Le 8 juin, dimanche de Pentecôte, une messe selon le missel de 1962 a en effet été chantée avec la permission de Mgr Sippo en la cathédrale Saint-Henri où, au moins une fois par mois, dès lors qu’un prêtre est disponible, la forme extraordinaire est célébrée.
Cette célébration est un résultat direct non seulement du Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI qui, en 2007, libéralisa la célébration de la liturgie traditionnelle – que le pape François a qualifiée de « trésor pour l’Église » – mais aussi de la décision de l’ancien Pape d’ériger, en 2008, une paroisse personnelle dans la Ville éternelle pour les fidèles attachés à la tradition catholique. Cette paroisse, la Très Sainte Trinité des Pèlerins (Santissima Trinità dei Pellegrini), est confiée à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP). L’église, située dans le centre historique de Rome, en face du quartier mondialement connu de Trastevere, a été initialement construite sous la direction de saint Philippe Neri pour les pèlerins affluant vers la ville.
Sa mission spécifique, qui était de « ramener les fidèles à une foi zélée et ardente à travers la liturgie, les processions et les dévotions publiques » comme le rappelle le site de la paroisse, demeure toujours d’actualité avec la FSSP qui s’efforce de faire revivre ces pratiques tombées dans l’oubli et/ou délibérément abandonnées, en commençant en premier lieu par l’ancien rite.
De fait, l’ordination du 7 juin et la célébration de la première messe de l’abbé Hamberg, qui s'ensuivit, le 8, peuvent être comptées parmi les fruits de cette mission. Lorsque je fis connaissance il y a quelques années du futur abbé Hamberg, alors qu’il était séminariste à Rome, je fus en effet surpris et heureux d’apprendre qu’il avait l’habitude, comme moi, d’aller à la Trinité des Pèlerins le dimanche. Nous ne nous y étions jamais rencontrés pour la simple raison que nous allions à la messe à des horaires différents.
[...]
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) La Finlande compte à peine deux catholiques pour 1 000 habitants (10 000 pour plus de 5 millions d’habitants). C’est dire s’il s’agit d’une terre d’évangélisation et combien l’ordination de l’abbé Hamberg constitue un grand événement pour cette micro communauté ! Que le tout nouveau prêtre ait choisi de se tourner vers la liturgie traditionnelle pour sa première messe est une nouvelle preuve de l’universalité et de la jeunesse missionnaire de ce trésor liturgique, doctrinal et spirituel remis par Benoît XVI à la portée de tout prêtre catholique, et donc des fidèles.
2) Jeunesse éternelle et fécondité en vocations du rite traditionnel : le choix de l’abbé Hamberg de célébrer sa première messe selon la liturgie traditionnelle, et la « sensibilité » ecclésiale que manifeste ce choix, illustrent toute la justesse des lignes du cardinal Cañizares que nous avons publiées en exclusivité dans nos lettres 448 et 449 : « Le Motu Proprio a [...] donné lieu à un phénomène surprenant pour beaucoup et qui représente un vrai "signe des temps" : l’intérêt que la forme extraordinaire du rite romain suscite chez les jeunes qui ne la connurent jamais comme forme ordinaire. Cet intérêt manifeste une soif de "langages" qui sortent de l’ordinaire et qui nous entraînent vers de nouvelles frontières que de nombreux pasteurs n’avaient jamais envisagées. Ouvrir le trésor liturgique de l’Église à tous les fidèles a rendu possible la découverte des richesses de notre héritage à ceux qui les ignoraient, cette forme liturgique suscitant de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses à travers le monde, prêtes à donner leur vie au service de l’évangélisation. »
3) On sait aussi que les Églises luthériennes comprennent un courant (ou un ensemble de courants), quant à la liturgie et la sensibilité doctrinale, que l’on pourrait qualifier de « haute Église ». Dans l’Église luthérienne de Suède – Église-mère de celle de Finlande –, des conversions au catholicisme, notamment des conversions de pasteurs, ont été retentissantes, ces dernières années. Les débats sur l’accès des femmes aux ministères et sur l’approbation, par l’Église établie, des mariages homosexuels divisent profondément les luthériens de Finlande (au point qu’une partie de cette Église a fait sécession). Il n’est pas exclu – et certains signes montrent au contraire que cela est tout à fait possible – que dans le luthéranisme comme dans l’anglicanisme, la liturgie traditionnelle et tout ce qu’elle représente, du point de vue de la doctrine et de la morale, puisse être le vecteur d’un véritable « œcuménisme ».