SOURCE - Hubert Montmirail - Nouvelles de France - 13 octobre 2014
Le synode sur la pastorale de la famille ouvert le 6 octobre dernier a suscité autant d’inquiétudes que de salutaires précisions. Sur fond d’attitude papale ambiguë, de propos douteux tenus par des « chouchous » médiatiquement relayés, mais aussi de réactions de cardinaux et d’évêques exaspérés par ce qui s’apparente à un déballage indécent, on pourrait voir dans ce synode l’expression d’un profond malaise qui affecte l’identité catholique. Alors que les fidèles se soucient comme d’une guigne dans leur chambre à coucher de l’enseignement moral de l’Église, certains prélats s’interrogent sur une doctrine qu’ils ont davantage traînée comme un boulet que portée fièrement comme une bannière, les exposant à l’hostilité du monde… Le présent article voudrait revenir sur certaines positions et attitudes tenues et entendues. Le ton est volontiers caustique. Il est vrai qu’à certains moments, on a plus eu l’impression d’une réunion de cafétéria abordant des sujets sensibles que d’un vénérable concile antique ou médiéval traitant respectueusement la doctrine ou la discipline de l’Église… Une drôle de réunion qui rassemblerait, en quelque sorte, des grands-parents se culpabilisant de ne pas avoir écoutés et des ados troublés, mais rêvant d’être entendus.
Le synode sur la pastorale de la famille ouvert le 6 octobre dernier a suscité autant d’inquiétudes que de salutaires précisions. Sur fond d’attitude papale ambiguë, de propos douteux tenus par des « chouchous » médiatiquement relayés, mais aussi de réactions de cardinaux et d’évêques exaspérés par ce qui s’apparente à un déballage indécent, on pourrait voir dans ce synode l’expression d’un profond malaise qui affecte l’identité catholique. Alors que les fidèles se soucient comme d’une guigne dans leur chambre à coucher de l’enseignement moral de l’Église, certains prélats s’interrogent sur une doctrine qu’ils ont davantage traînée comme un boulet que portée fièrement comme une bannière, les exposant à l’hostilité du monde… Le présent article voudrait revenir sur certaines positions et attitudes tenues et entendues. Le ton est volontiers caustique. Il est vrai qu’à certains moments, on a plus eu l’impression d’une réunion de cafétéria abordant des sujets sensibles que d’un vénérable concile antique ou médiéval traitant respectueusement la doctrine ou la discipline de l’Église… Une drôle de réunion qui rassemblerait, en quelque sorte, des grands-parents se culpabilisant de ne pas avoir écoutés et des ados troublés, mais rêvant d’être entendus.
Une conception erronée de la miséricorde.
On dit qu’il y aussi la miséricorde qui permettrait de dépasser le légalisme et de trouver des solutions. Soit. Mais encore faut-il définir la miséricorde, car, là aussi, une vision humaine – pour ne pas dire profane – peut conduire à un contresens. La miséricorde est supérieure à la justice, mais encore faut-il l’entendre non comme une négation du péché – acception profane -, mais comme le fait que le péché est impuissant au regard de Dieu. En droit, l’homme pêcheur ne mérite plus l’amitié divine, mais par la miséricorde Dieu n’abandonne pas le pêcheur à son sort et lui donne la possibilité de quitter son péché. Dieu voudra toujours sauver sa créature. Or, l’usage courant du terme miséricorde tend plutôt à admettre que le péché n’est pas grave, qu’il peut être accepté. Pas combattu et effacé. Or, la miséricorde c’est ce soutien divin qui permet à l’homme d’échapper au péché et à ses conséquences.
Le danger d’un érotisme catholique.On veut dépasser un langage trop rigide, qui ne serait fait que d’interdits. On voudrait – en un mot – « positiver » le sexe. Une telle attitude est fréquente dans le monde contemporain (à titre d’exemple, les campagnes réitérés relatives à l’avortement ne traduisent-elles pas, indirectement, une culpabilité chez les femmes qui le pratiquent; cette culpabilité demeure un obstacle, en un sens, à sa banalisation). Mais n’est-ce pas un peu facile ? Une telle tentative ne confondrait-elle pas au ridicule oubliant que la sexualité a été affectée par le péché originel ? La sexualité reste fragile. Et elle le restera toujours. Y compris dans le mariage. Plutôt que projeter une illusoire réconciliation entre le christianisme et le péché (tentative qui sera fatalement vouée à l’échec), l’idée d’une atténuation qui évite de fâcher, ne serait-il pas tout simplement utile de parler de péché et de rappeler que nous disposons de moyens pour le combattre (confession, mais aussi vie spirituelle soutenue) ? Le risque est d’oublier cette dimension tragique du chrétien qui navigue entre ce Royaume d’en-haut et les basses réalités charnelles de ce monde éphémère. De gommer la Croix. Un christianisme sans Croix, ce n’est plus le christianisme mais une vague philosophie du bien-être aussi molle que consensuelle. Et puis il est un peu bizarre de s’étendre aussi longuement sur la vie sexuelle, surtout quand on prétend que l’Église serait obsédée. Quand une institution parle de cul si crûment, c’est qu’elle va un peu mal… Cela signifie que l’on oublie le Ciel. Léautaud n’avait-il pas écrit que le sexe, c’était l’amour à portée des caniches ?
La niaiserie compassionnelle.
Au regard de certains témoignages entendus et rapportés au synode, on éprouve pas seulement un malaise, mais quelquefois une franche rigolade. Parce que l’écoute serait à la mode, le refus de juger également, on donne la parole pour entendre des « séquences de vie », parfois riches mais quelquefois scabreuses, le tout sous le regard d’évêques étonnés ou complaisants. C’est le moment « vis ma vie » du synode. Cela rappelle ainsi ces émissions ou tel invite brisé confie ses souffrances à un public. Cette séquence « émotion » permet à l’auditoire de se donner bonne conscience. Sans qu’au final les choses changent: le loubard largué restera toujours un loubard largué, le licencié pour cause de faillite sera toujours licencié… Mais bon, l’Église écoute. On est rassuré. Ouf ! Le synode a révélé quelques cas parfois dignes de la télé réalité. Tel couple raconte ému le témoignage d’une famille gay-friendly. Un autre raconte ses déboires adultérins qui – Dieu merci – n’empêchent pas comme dans un sitcom que tout aille bien à la fin. Un autre se lance dans la surnaturalisation de l’acte sexuel (le mariage est un « sacrement sexuel ») : il ne manque plus que les sex-toys… J’avoue avoir sursauté, car on est bien loin de la théologie du corps sérieuse et un peu plus fine défendue par Saint-Jean Paul II. Pardonnez-moi, mais quand on fait l’amour, on fait justement… l’amour. On ne récite pas son chapelet ou communie ! Un peu comme si je dissertais sur la joie de faire ses courses ou d’aller a la station-service : je ne pense pas faire mon chemin de croix ou faire un pèlerinage… Il serait bienvenu de ne pas verser dans une sorte de kamasutra catholique. Le Ciel n’est pas le septième ciel !
Les notions galvaudées.
Le festival ne serait pas complet si n’avaient été relevés ces contresens flagrants sur certaines notions et concepts. Nous l’avons déjà vu pour la miséricorde (Cf. supra). On est un peu inquiet quand on constate que de belles réalités sont lamentablement tronquées. Le développement du dogme, ce magnifique instrument qui prouve la vérité du catholicisme, est conçu comme une manière pour l’Église de renier de qu’elle a toujours dit sous prétexte d’approfondissement. Or, en saine théologie, le développement du dogme est nécessairement homogène et organique (comme le dit Saint Vincent de Lérins, Père de l’Eglise, dans son Commonitorium, le progrès est possible, mais « à condition que ce progrès soit réellement un progrès pour la foi et non un changement… (Un progrès) dans le même sens, selon le même dogme et la même pensée »). L’Église n’enseigne pas de vérités nouvelles, mais nous permet de mieux comprendre, au fil des âges, la Révélation. Le progrès est non un progrès d’affirmation, mais d’explicitation. En un mot, on passe de l’implicite à l’explicite, et non d’une affirmation allant en un sens (« les divorcés remariés ne peuvent communier ») à l’affirmation radicalement contraire et antithétique (« les divorcés remariés peuvent communier »). Le développement du dogme, c’est le cardinal Newman pas Hegel ! Il y a tout simplement approfondissement d’une vérité – on parle judicieusement d’explicitation – et non son travestissement ou sa négation. Dans le cas des divorcés remariés, le développement consisterait à passer de l’affirmation : « les divorcés remariés ne peuvent communier » à celle: « les divorcés remariés ne peuvent communier, mais doivent être respectés et accueillis sans méconnaissance de leur situation, avec la prudence requise ». Dans la vision « kasperienne », le développement du dogme devient une dialectique ou le futur s’oppose au passé grâce à la notion vague de « paradigme » et la notion également attrape-tout de « pastorale » (aujourd’hui, on évoque aussi l’« accompagnement »). En gros, dans cette élucubration d’un octogénaire en mal de renommée, se payant comme il l’a toujours rêvé un pape émérite, la pastorale devient un peu une doctrine au rabais qui permet justement de raboter une doctrine un peu trop lourde a porter… Cela permet de défendre une chose et son contraire en disant que l’on confirme un principe que l’on contredit dans la pratique!
Bref, n’en jetez pas ! Messeigneurs, au lieu de vous transformer en psychothérapeutes donnez-nous des prêtres, beaucoup de saints prêtres qui seraient prêts à nous confesser et à remettre les pauvres pécheurs que nous sommes dans le droit chemin ! Nous en avons tant besoin.