SOURCE - Le Figaro - 16 octobre 2014
Des catholiques traditionalistes ont perdu jeudi le procès en diffamation qu'ils avaient intenté contre un reportage en caméra cachée de l'émission Les Infiltrés, intitulée À l'extrême droite du Père. Quatre journalistes, dont le présentateur David Pujadas et le fondateur de l'agence Capa Hervé Chabalier, ont ainsi été relaxés par le tribunal correctionnel de Paris.
Des catholiques traditionalistes ont perdu jeudi le procès en diffamation qu'ils avaient intenté contre un reportage en caméra cachée de l'émission Les Infiltrés, intitulée À l'extrême droite du Père. Quatre journalistes, dont le présentateur David Pujadas et le fondateur de l'agence Capa Hervé Chabalier, ont ainsi été relaxés par le tribunal correctionnel de Paris.
Le reportage diffusé par France 2 en avril 2010 montre un groupuscule d'extrême droite, Dies Irae, dirigé par un ancien militant du Front national, et fait un lien avec le milieu catholique traditionaliste, représenté à Bordeaux par l'Institut du Bon pasteur, dirigé par l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de l'église intégriste Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris. Les propos visés ont été jugés soit non diffamatoires, soit diffamatoires mais le tribunal a reconnu la "bonne foi" des journalistes, a expliqué la présidente Anne-Marie Sauteraud. "Fier" de cette émission, son présentateur David Pujadas avait expliqué à la barre le 11 septembre que la caméra cachée permettait de "faire la différence entre le discours officiel et la réalité des faits", pour "rendre compte d'une réalité qui est cachée". Pour le journaliste, cette émission a "une utilité publique". "L'infiltration est quasi aussi ancienne que le journalisme", avait-il poursuivi, citant en exemple Albert Londres. Dans des "cas exceptionnels, la fin justifie les moyens", avait estimé M. Pujadas.
Dénoncer ce que montre ce reportage "fait partie de mon devoir de journaliste", "de citoyen", avait renchéri le fondateur de l'agence Capa, Hervé Chabalier. Le rédacteur en chef et le journaliste "infiltré" avaient tous deux évoqué les menaces de mort dont ils ont fait l'objet après l'émission. Dans l'esprit des enfants de l'école privée Saint-Projet à Bordeaux, que l'on voit tenir des propos haineux, "le fascisme, c'est fun", avait expliqué le journaliste qui s'était "infiltré", évoquant un climat "détestable, effrayant".
En soutane, l'abbé Laguérie a accusé le journaliste d'"amalgame", de mensonge et avait assuré qu'il ne connaissait rien de Dies Irae avant l'émission. Reconnaissant un "lien moral" avec l'école, il avait expliqué qu'il ne l'avait pas fondée, condamnant "fermement" les propos antisémites tenus dans les couloirs de l'établissement.