Abbé Ch. Bouchacourt, fsspx - Le Chardonnet (Bulletin de St Nicolas du Chardonnet) - décembre 2001
C’est dans la loi naturelle que l’on trouve les principes de la moralité d’une action. Celle-ci n’est bonne que par rapport à cette loi que Dieu a établie de façon universelle pour tout homme quels que soient son âge, sa race, sa condition sociale. Les dix commandements de Dieu s’appliquent à tous. Nous comprenons donc qu’une action est jugée bonne ou mauvaise non point par rapport à nous-mêmes mais par rapport à des critères objectifs dont les principes se trouvent en Dieu seul qui a déterminé de façon définitive le bien et le mal. Ces deux notions du bien et du mal sont objectives et non subjectives, cela va contre le rationalisme, le naturalisme et l’immanentisme actuel.
Il est en effet fréquent de rencontrer des personnes convaincues de la perversité du divorce, du concubinage, de l’avortement ou de la contraception, etc. mais qui les excusent « dans certains cas » et cela, même dans nos milieux ; c’est la morale de situation ! C’est ainsi que le Père Guy Gilbert, le cardinal Martini, le redoutable Mgr Gaillot acceptent « dans certains cas » l’utilisation des contraceptifs ou des préservatifs par respect pour l’autre..! Pour eux l’action serait juste quand il y a une intention droite et une réponse sincère à la situation. C’est au nom de ce faux principe que des parents, des prêtres même encouragent le concubinage temporaire afin que les jeunes gens apprennent à se connaître avant de s’engager définitivement. L’avortement, crime abominable dans l’absolu, devient «tolérable dans certains cas » par exemple lorsqu’une anomalie est découverte au cours d’une échographie. Cette morale de situation fait résider la vérité et la moralité non point en Dieu et dans les principes qu’Il a établis mais en chacun. Ainsi tout dépendra de la sincérité de la personne. La morale n’est plus objective mais subjective et donc variable.
Les conséquences pratiques sont alors nombreuses et calamiteuses non seulement dam le domaine de l’agir mais aussi pour la Vie spirituelle. Prenons quelques exemples nous avons appris dans le catéchisme que l’on ne pouvait s’approcher de la sainte Table qu’à la condition d’être en état de grâce et qu’il fallait se confesser avant de communier au cas où l’on aurait conscience d’avoir commis un péché mortel. Au nom de la morale de situation, le désir ardent de communier primera sur l’obligalion de se confesser. Il n’y aurait donc plus de sacrilège à communier alors que l’âme n’y est pas disposée. Ce qui prime ce sont les sentiments de la personne. Il n’est pas rare aussi de rencontrer des parents se réjouir que leurs enfants non mariés à l’Eglise soient au moins passés à la mairie. Ils se rassurent en pensant qu’ils ont fait déjà une démarche personnelle et oublient que ces jeunes gens vivent dans le péché car il faut le rappeler, pour un baptisé, il n’y a de vrai mariage que celui qui se contracte en présence du prêtre et de deux témoins. Toute autre situation n’est qu’un concubinage plus ou moins déguisé qui éloigne les personnes concernées des sacrements.
A la base de toutes ces erreurs il y a un sentimentalisme ravageur qui tue la vérité et le dogme. La théologie catholique ne trouve plus son origine en Dieu c’est la loi du coeur et des sentiments qui les supplante. L’Eglise conciliaire est animée de ces mêmes faux principes dans le dialogue œcuménique qu’elle mène tambour battant. Le but de ces actions n’est pas de convertir ceux qui vivent dans une autre religion mais de dialoguer afin de découvrir tout ce qui nous unit et de taire ce qui nous fâche. Il faudra découvrir le plus petit dénominateur commun qui réunit les hommes dans ces religions diverses. L’unité prime sur la vérité ! On se demande alors ce qui a poussé les martyrs à verser leur sang et pourquoi tant de missionnaires sont partis mourir loin de chez eux pour apporter la vraie foi aux païens.
L’attitude des prêtres actuels par rapport au baptême est tout aussi erronée. Ils diffèreront le baptême d’un petit enfant de plus de trois ans sous prétexte qu’il doit avoir conscience lui-même de l’engagement qu’il prendra en recevant la grâce baptismale. Il faut respecter sa conscience et l’aider à découvrir les sentiments religieux qu’il a au fond de lui-même cela pourra demander de nombreuses annees... Ils en arrivent de façon implicite àla négation du péché originel et ànier la nécessité de la grâce sanctifiante pour gagner le paradis.
Je vous le disais, on trouve aussi dans nos milieux ces erreurs quant au combat pour la messe traditionnelle. On acceptera d’assister à une nouvelle messe, d’y communier, sous prétexte que le prêtre qui la célèbre est pieux, qu’il a revêtu une belle chasuble et qu’il chante le Gloria en latin. C’est oublier que cette messe reste intrinsèquement mauvaise et qu’elle s’éloigne « dans l’ensemble comme dans le détail » des principes de la théologie catholique. On ne va pas à la messe et on ne communie pas pour faire plaisir au prêtre et à l’assistance mais pour honorer Dieu et obtenir sa grâce.
Le manque de formation doctrinale est à l’origine de toutes Ces erreurs dans lesquelles se fourvoient tant de catholiques. Dans le combat que nous menons, ce ne sont pas les sentiments seuls qui doivent nous guider mais les principes immuables ancrés en Dieu. Sans cela notre pensée et nos actions seront faussées au nom de ces bons sentiments, de ces atermoiements et de ces lâchetés qui nous conduiront à l’erreur et au mal. Vérité ne rime pas avec sincérité. Il ne faut pas oublier que la vérité catholique et la morale qui en découle sont exigeantes que l’Église catholique a pour mission de former une élite, c’est à dire des saints. Elle rencontrera toujours, et cela jusqu’à la fin des temps, l’opposition du Malin qui cherchera par tous les moyens à infléchir les âmes. La morale de situation, le sentimentalisme font partie de ses armes.
Que la fête de la Toussaint nous incite à contempler l’héroïsme de tous ces saints qui ont mené le bon combat et à remercier Dieu pour les merveilles que sa grâce a réalisées en eux et qu’Il réalisera en nous si nous sommes fidèles.
Abbé Christian BOUCHACOURT