SOURCE - L'Appel de Chartres - octobre 2014
Or, dans ces années 80, avec de bons amis, avec les communautés traditionnelles en cours de constitution partout en France et ailleurs, avec des prêtres solides et forts dans leurs convictions et leur foi, nous sentions que nous devions sortir de nos chapelles et affirmer aux yeux de tous que nous souhaitions participer à l’instauration dans notre société du règne social de Notre Seigneur. Chargé d’une histoire multi séculaire, le pèlerinage de Chartres était le plus emblématique des pèlerinages en France ; le choix fut vite fait.
J’ai rejoint la petite équipe des organisateurs au deuxième pèlerinage, et nous avons mis toute notre énergie, nos forces et notre savoir-faire pour permettre au pèlerinage de grandir le plus harmonieusement possible. D’année en année notre organisation prenait un tour plus professionnel permettant de satisfaire un pèlerinage grandissant. A cette occasion, il s’est créé des liens très forts avec tous les membres de l’organisation et c’est un bonheur de vivre ces instants si intenses, avant et pendant le pèlerinage, en communion dans l’action. Mais je retiens que tout ce qui nous anime et nous soude dépasse largement l’aspect matériel de notre action et trouve sa source et sa force dans l’accomplissement de nos convictions et engagements spirituels personnels. C’est une façon de vivre l’affirmation «Dieu premier servi».
Aujourd’hui, malheureusement, nous devons regretter que de nombreux amis des premières années ont rejoint la maison du Père ; ils nous manquent et manquent au pèlerinage qu’ils ont si bien servi ; chaque année, ils nous accompagnent en pensée sur la route de Notre Dame de Beauce ; ils ont été des phares, des valeurs et ont laissé leur marque.
Patrice Rochet, vous venez d’effectuer votre 31ème pèlerinage, vous êtes donc un ancien. Pouvez-vous nous expliquer quelle a été votre motivation pour vous lancer dans cette aventure.C’est une bien longue histoire et je vais essayer d’être le plus synthétique possible. D’abord je suis parti de l’idée que j’avais beaucoup reçu, dans les écoles religieuses, les paroisses, chez les scouts, par les prêtres qui m’ont enseigné, et que je me devais de rendre, dans la mesure de mes moyens, une partie de ce que j’avais reçu.
Or, dans ces années 80, avec de bons amis, avec les communautés traditionnelles en cours de constitution partout en France et ailleurs, avec des prêtres solides et forts dans leurs convictions et leur foi, nous sentions que nous devions sortir de nos chapelles et affirmer aux yeux de tous que nous souhaitions participer à l’instauration dans notre société du règne social de Notre Seigneur. Chargé d’une histoire multi séculaire, le pèlerinage de Chartres était le plus emblématique des pèlerinages en France ; le choix fut vite fait.
J’ai rejoint la petite équipe des organisateurs au deuxième pèlerinage, et nous avons mis toute notre énergie, nos forces et notre savoir-faire pour permettre au pèlerinage de grandir le plus harmonieusement possible. D’année en année notre organisation prenait un tour plus professionnel permettant de satisfaire un pèlerinage grandissant. A cette occasion, il s’est créé des liens très forts avec tous les membres de l’organisation et c’est un bonheur de vivre ces instants si intenses, avant et pendant le pèlerinage, en communion dans l’action. Mais je retiens que tout ce qui nous anime et nous soude dépasse largement l’aspect matériel de notre action et trouve sa source et sa force dans l’accomplissement de nos convictions et engagements spirituels personnels. C’est une façon de vivre l’affirmation «Dieu premier servi».
Aujourd’hui, malheureusement, nous devons regretter que de nombreux amis des premières années ont rejoint la maison du Père ; ils nous manquent et manquent au pèlerinage qu’ils ont si bien servi ; chaque année, ils nous accompagnent en pensée sur la route de Notre Dame de Beauce ; ils ont été des phares, des valeurs et ont laissé leur marque.
Vous avez donc accompli plus de 3 000 km à pied sur les routes de Chartres ?
Non, car dès le début, j’ai été en charge du transport des sacs. Ce n’était pas les grands semi-remorques que nous utilisons maintenant. Au tout début, nous étions moins nombreux qu’aujourd’hui, et nous circulions avec les véhicules de nos entreprises ou de ceux de sociétés amies. Les pèlerins déposaient leurs sacs en tas près des camions et les grands gaillards de mon équipe les chargeaient dans les véhicules. Que de bons souvenirs attachés à cette sympathique équipe ! Mais aussi quel souvenir durable de sacrés maux de dos…
J’ai ensuite été en charge des transports pèlerins qui comprenait aussi l’accueil aux gares et l’animation des aires de repos pour les pèlerins fatigués. A l’époque il n’y avait pas les moyens radios et téléphoniques que nous connaissons aujourd’hui. Je courrais donc après mes cars et mes navettes durant les trois jours pour les diriger là où il y avait des nécessités. Je réalisais donc plusieurs centaines de kilomètres durant les trois jours.
Il y eut des anecdotes nombreuses que je ne peux détailler faute de place : détournements de cars par des pèlerins audacieux ; prise d’assaut de plusieurs cars par des jeunes laissant sur le terrain, en pleine chaleur, des pèlerins âgés qui n’avaient pas eu la rapidité nécessaire pour monter à temps ; ramassage de pèlerins sur une aire de repos de l’autre pèlerinage (Chartres – Paris)… Et combien d’autres encore !
Ces dernières années, j’ai eu la charge du service de l’accueil du clergé, prêtres, séminaristes et religieuses. Ce fut l’occasion de contacts très fructueux et j’ai mis toute mon énergie et mon coeur à les servir. J’espère avoir satisfait le plus grand nombre.
J’ai ensuite été en charge des transports pèlerins qui comprenait aussi l’accueil aux gares et l’animation des aires de repos pour les pèlerins fatigués. A l’époque il n’y avait pas les moyens radios et téléphoniques que nous connaissons aujourd’hui. Je courrais donc après mes cars et mes navettes durant les trois jours pour les diriger là où il y avait des nécessités. Je réalisais donc plusieurs centaines de kilomètres durant les trois jours.
Il y eut des anecdotes nombreuses que je ne peux détailler faute de place : détournements de cars par des pèlerins audacieux ; prise d’assaut de plusieurs cars par des jeunes laissant sur le terrain, en pleine chaleur, des pèlerins âgés qui n’avaient pas eu la rapidité nécessaire pour monter à temps ; ramassage de pèlerins sur une aire de repos de l’autre pèlerinage (Chartres – Paris)… Et combien d’autres encore !
Ces dernières années, j’ai eu la charge du service de l’accueil du clergé, prêtres, séminaristes et religieuses. Ce fut l’occasion de contacts très fructueux et j’ai mis toute mon énergie et mon coeur à les servir. J’espère avoir satisfait le plus grand nombre.
Sans doute durant ces années vous avez éprouvé certaines émotions. Pouvez-vous nous confier quelques souvenirs ?
Je dois dire, comme beaucoup le pensent d’ailleurs, que la simple existence et la pérennité de notre pèlerinage est déjà constitutif d’une grande émotion. Si nous avions pensé en 1983 que notre ambition prendrait ainsi corps nous aurions peut-être péché par excès d’optimisme.
Mais voir le samedi matin, les régions sortir en rangs serrés de la cathédrale de Paris, toutes bannières dressées, quel effet saisissant! Voir aussi le soir, au bivouac, arriver les pèlerins, souvent douloureux, marqués par cette longue marche constituée de redoutables côtes, de mauvais chemins, de haltes trop rapides, sous une pluie continue ou, au contraire, par une épouvantable chaleur, cela créé un sentiment d’admiration qui nous fait oublier notre propre fatigue.
Voir la colonne, le lundi, gravir les derniers raidillons et voir apparaître à l’horizon dans le bleu du ciel les fines flèches de Notre Dame de Chartres ; voir enfin ces enfants, pleins d’énergie, volontaires et joyeux malgré la fatigue et les mauvaises nuits, grimper dans Chartres la dernière côte en chantant à pleine voix des chants à la Vierge, les yeux remplis d’une joie intense à la vue du portail de la cathédrale, tant désirée et tant attendue, tout ceci est constitutif d’une grande émotion.
Voilà quelques exemples de scènes qui touchent profondément et durablement le coeur de ceux qui en sont les témoins ou les acteurs. Cela laisse au fond des coeurs et des âmes un grand souvenir, un trésor et le désir de recommencer l’année prochaine.
Souvenons-nous alors des larmes versées par le Cardinal Mayer, venu du Vatican pour célébrer la messe de clôture, et qui fut bouleversé par la visite, au dernier bivouac, du chapitre enfants ; ses paroles sont révélatrices de ce que nous voulions faire avec ce pélé « Mon Dieu, je ne savais que cela fut encore possible ».
Mais dans le registre des émotions il y a comme partout des hiérarchies et j’ai deux derniers témoignages à cet égard.
Je me souviens comme si c’était hier de ce lundi de Pentecôte de l’année 1985 où, pour la première fois, les portes de la cathédrale de Chartres nous furent ouvertes. Avant, la messe était célébrée sur le parvis, portes fermées. Mon Dieu, quelle joie que de pénétrer dans cette magnifique cathédrale, plusieurs fois centenaire et objet de telles ferveurs dans la longue suite des siècles ! Je crois que ce jour-là nous avons tout donné : les chants malgré les gorges serrées, les bannières dressées très haut, mais aussi les larmes qui coulaient sur les joues douloureuses des pèlerins, larmes de joie, bien sûr, qui nous faisaient oublier un instant que nous avions souffert en Eglise.
La deuxième circonstance qui m’a profondément marqué s’est déroulée lors de la 27ème édition de notre pèlerinage. Cette année-là nous avions demandé à l’évêque de Chartres de célébrer la messe de clôture. Il ne pouvait s’y résoudre mais a tenu à prononcer le sermon. Il a souhaité par contre que la messe puisse être célébrée par le Chanoine Aubert, Recteur de la cathédrale, qui m’avait reçu avec beaucoup d’amabilité à deux reprises lors de réunions préparatoires. J’ai été très touché par l’émotion avec laquelle le Chanoine Aubert a célébré dans le rite ancien, et il suffit de revoir la photo prise au moment de l’élévation pour saisir l’intensité du mystère qui se déroulait sous nos yeux, au moment où il offrait au Créateur le sacrifice de notre rédemption.
Mais voir le samedi matin, les régions sortir en rangs serrés de la cathédrale de Paris, toutes bannières dressées, quel effet saisissant! Voir aussi le soir, au bivouac, arriver les pèlerins, souvent douloureux, marqués par cette longue marche constituée de redoutables côtes, de mauvais chemins, de haltes trop rapides, sous une pluie continue ou, au contraire, par une épouvantable chaleur, cela créé un sentiment d’admiration qui nous fait oublier notre propre fatigue.
Voir la colonne, le lundi, gravir les derniers raidillons et voir apparaître à l’horizon dans le bleu du ciel les fines flèches de Notre Dame de Chartres ; voir enfin ces enfants, pleins d’énergie, volontaires et joyeux malgré la fatigue et les mauvaises nuits, grimper dans Chartres la dernière côte en chantant à pleine voix des chants à la Vierge, les yeux remplis d’une joie intense à la vue du portail de la cathédrale, tant désirée et tant attendue, tout ceci est constitutif d’une grande émotion.
Voilà quelques exemples de scènes qui touchent profondément et durablement le coeur de ceux qui en sont les témoins ou les acteurs. Cela laisse au fond des coeurs et des âmes un grand souvenir, un trésor et le désir de recommencer l’année prochaine.
Souvenons-nous alors des larmes versées par le Cardinal Mayer, venu du Vatican pour célébrer la messe de clôture, et qui fut bouleversé par la visite, au dernier bivouac, du chapitre enfants ; ses paroles sont révélatrices de ce que nous voulions faire avec ce pélé « Mon Dieu, je ne savais que cela fut encore possible ».
Mais dans le registre des émotions il y a comme partout des hiérarchies et j’ai deux derniers témoignages à cet égard.
Je me souviens comme si c’était hier de ce lundi de Pentecôte de l’année 1985 où, pour la première fois, les portes de la cathédrale de Chartres nous furent ouvertes. Avant, la messe était célébrée sur le parvis, portes fermées. Mon Dieu, quelle joie que de pénétrer dans cette magnifique cathédrale, plusieurs fois centenaire et objet de telles ferveurs dans la longue suite des siècles ! Je crois que ce jour-là nous avons tout donné : les chants malgré les gorges serrées, les bannières dressées très haut, mais aussi les larmes qui coulaient sur les joues douloureuses des pèlerins, larmes de joie, bien sûr, qui nous faisaient oublier un instant que nous avions souffert en Eglise.
La deuxième circonstance qui m’a profondément marqué s’est déroulée lors de la 27ème édition de notre pèlerinage. Cette année-là nous avions demandé à l’évêque de Chartres de célébrer la messe de clôture. Il ne pouvait s’y résoudre mais a tenu à prononcer le sermon. Il a souhaité par contre que la messe puisse être célébrée par le Chanoine Aubert, Recteur de la cathédrale, qui m’avait reçu avec beaucoup d’amabilité à deux reprises lors de réunions préparatoires. J’ai été très touché par l’émotion avec laquelle le Chanoine Aubert a célébré dans le rite ancien, et il suffit de revoir la photo prise au moment de l’élévation pour saisir l’intensité du mystère qui se déroulait sous nos yeux, au moment où il offrait au Créateur le sacrifice de notre rédemption.
Un dernier mot ?
J’ai fait partie du Comité du Pèlerinage pendant plusieurs années ; je laisse maintenant la place à de plus jeunes ; la relève doit être assurée. Je pense avoir été très favorisé par les missions qui m’ont été confiées par différents Présidents durant ces 31 pèlerinages et plus particulièrement, pour la dernière mission, par les trois Aumôniers Généraux que j’ai servis à leur demande : l’abbé Pozzetto, l’abbé Lecocq et l’abbé Coëffet. C’est une grâce de pouvoir exprimer par l’action toute l’aspiration qui est en soi et de combler ainsi le désir de servir.
Servir, en effet, car nous ne sommes pas propriétaire de notre mission, elle nous est confiée et nous sommes seulement des serviteurs comme le disait notre Pape Benoit XVI le soir de son élection, « Serviteur dans la vigne du Seigneur» serviteur, rien d’autre mais bon serviteur.
Servir, en effet, car nous ne sommes pas propriétaire de notre mission, elle nous est confiée et nous sommes seulement des serviteurs comme le disait notre Pape Benoit XVI le soir de son élection, « Serviteur dans la vigne du Seigneur» serviteur, rien d’autre mais bon serviteur.