SOURCE - Luc Chatel - Midi Libre - 27 novembre 2014
Le journaliste Luc Chatel est ce jeudi à Montpellier (Hérault), pour évoquer les nouveaux réseaux intégristes catholiques.
Le journaliste Luc Chatel est ce jeudi à Montpellier (Hérault), pour évoquer les nouveaux réseaux intégristes catholiques.
Comment avez-vous été amené à vous intéresser à Civitas, et à écrire ce livre : “Civitas & les nouveaux fous de Dieu” ?
J'ai fait une véritable enquête journalistique. J'avais été surpris comme bien d'autres par la mobilisation au moment de la Manif pour Tous et surtout par la visibilité des intégristes catholiques au début de ce mouvement. Je précise que je dissocie clairement Civitas de la Manif pour Tous qui a d'ailleurs rapidement mis de la distance avec ce mouvement.
Comment expliquez vous la perçée de tels mouvements aujourd'hui ?
L'arrivée de Alain Esacada à la tête de Civitas a ouvert, dès 2011, une série d'opérations de terrain très bien planifiées, avec une stratégie de spectacularisation autour de pièces données à Avignon, puis à Paris, aux théâtres du Châtelet et du Rond-Point (Golgota Picnic). C'est à partir de cette époque que Civitas a mis en avant le thème du blasphème et de la christianophobie.
Il y a également une forte présence sur internet ?
Aucun mouvement politique n'est aussi présent sur internet que les catholiques identitaires. C'est ainsi qu'un mouvement comme Civitas, qui ne compte pas plus de 500 adhérents, peut avoir une telle audience. On le voit aussi avec l'extrême droite, Alain Soral et d'autres. Parmi les dix blogs les plus visités, tous styles confondus, figure notamment Le Salon Beige qui fait partie de cette mouvance. Cette présence leur a permis de franchir les portes des médias alors qu'ils ne sont pas du tout représentatifs des catholiques.
Justement, quelles sont leurs relations avec le Vatican ?
Civitas entretient des liens étroits avec les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X. Ils ne s'en cachent d'ailleurs pas. Ratzinger (le pape Benoît XVI, NDLR) avait tenté un rapprochement avec les lefebvristes, ce n'est pas le cas du pape François qui est devenu leur bête noire. Le successeur de Mgr Lefebvre, Mgr Fellay a des mots très durs à l'égard du pape qui donne sur les grands sujets de société des signes qui sont à l'opposée de leurs positions schismatiques.
Civitas a-t-il aussi un objectif politique ?
Oui, ils l'ont prouvé en étant présents lors des dernières mucipales, par exemple à Reims où le numéro deux de Civitas Jean-Claude Philippot figurait en troisième place sur la liste du candidat FN, dont il était le directeur de campagne, ou Jean-Louis Robin qui était tête de liste du FN à Saint-Malo (...) Je pense qu'ils sont le produit de l'inquiétude et de la perte de repères qui entraîne les gens vers une forme rassurante de repli. Et l'attitude de l'ensemble de l'échiquier politique leur donne une justification. Sans parler du discours d'un Nicolas Sarkozy actuellement... Pourtant je pense qu'ils ont vocation à retourner dans l'oubli, sauf si les crispations sociétales leur donnent l'occasion de se relancer...
Soirée-débat (20 h) à Montpellier, au cinéma Utopia. Avec en première partie le documentaire Nos fiançailles (portrait de jeunes intégristes catholiques) puis conférence de Luc Chatel (ancien rédacteur en chef de Témoignage Chrétien) et Anne-Yvonne Le Dain (député PS de l'Hérault) qui demande l'interdiction de Civitas.