SOURCE - Non nobis - Le Forum Catholique - 18 novembre 2014
Avrillé a publié récemment sur son site une note sur les dominicains installés depuis un an à Steffeshausen (Belgique).
Avrillé a publié récemment sur son site une note sur les dominicains installés depuis un an à Steffeshausen (Belgique).
Puisqu'il s'agit d'une affaire dominicaine, il est nécessaire de se souvenir de la situation juridique des dominicains dits "de la Tradition". Et pour cela, il faut considérer la naissance de cette branche dominicaine.
À la différence des autres communautés (Bénédictins, Capucins) qui sont nés de l'initiative d'un père ancien (Dom Gérard, le père Eugène), les dominicains ne sont tels que par l'intervention très audacieuse de Mgr Lefebvre.
Certes, le père Guérard des Lauriers, O. P., a donné l'habit aux quatre premiers frères (décembre 1977 pour le père Marie-Dominique, novembre 1978 pour le père Innocent-Marie). Mais ce sont les vœux qui font le religieux. Toute la réalité dominicaine de la communauté d'Avrillé, et de celle de Steffeshausen par conséquent, tient au fait que Mgr Lefebvre a reçu les vœux du frère Innocent-Marie le 27 avril 1981. Il le fit non en tant que supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, mais en tant qu'évêque de la sainte Eglise.
Monseigneur Lefebvre n'a pas agit seulement comme « témoin » de ces vœux. Il les a reçus en tant que successeur des Apôtres. Ce n'est pas le bon propos d'être dominicain qui fait le dominicain, ni sa conscience ou sa persuasion, mais bien la réception de son vœu par la sainte Eglise.
Le fondement canonique du geste de Mgr Lefebvre est la « juridiction de suppléance » des évêques de la Tradition, notion aussi délicate à manier que nécessaire à invoquer dans la présente crise de l'Eglise. Il s'agit d'une autorité épiscopale extérieure qui veille à l'intégrité de la vie religieuse pour suppléer à la hiérarchie infidèle à sa mission. D'autres communautés y recourent pour le bon déroulement de leur vie religieuse. Quant aux dominicains d'Avrillé ils y ont eu recours pour leur existence même.
Il faut bien avouer qu'il y a quelque chose d'atypique dans ce geste de Mgr Lefebvre. Du reste, le révérend père de Chivré, O. P., et d'autres religieux attachés à la tradition dominicaine, ont nié alors la légitimité d'un tel acte. Ce qui fragilise beaucoup la « dominicanéité » tant d'Avrillé que de Steffeshausen.
Or ce qu'un évêque a fait un autre ne peut pas le défaire. Un évêque de la Tradition n'aurait pas l'autorité pour décider un jour que les Dominicains d'Avrillé ne sont plus dominicains. En revanche, un autre évêque peut très bien bénir une autre initiative, une autre branche dominicaine par exemple, la recevoir au nom de l'Eglise. Mgr de Galarreta n'est pas moins évêque que Mgr Lefebvre. Il peut fort bien prendre sur lui de permettre une autre fondation. C'est à lui de juger des motifs de cette initiative (par exemple si les griefs accumulés contre Avrillé sont suffisants) et de peser les inconvénients éventuels d'une telle œuvre dans la petite famille de la Tradition.