SOURCE - DICI - 5 décembre 2014
Au retour de son voyage de trois jours en Turquie (28, 29 et 30 novembre), le pape François a donné une conférence de presse dans l’avion aux journalistes qui l’accompagnaient. Jean-Marie Guénois du Figaro a transcrit les réponses du pape aux questions que n’ont pas manqué de susciter certains de ses propos et de ses gestes, au cours de cette visite.
Au retour de son voyage de trois jours en Turquie (28, 29 et 30 novembre), le pape François a donné une conférence de presse dans l’avion aux journalistes qui l’accompagnaient. Jean-Marie Guénois du Figaro a transcrit les réponses du pape aux questions que n’ont pas manqué de susciter certains de ses propos et de ses gestes, au cours de cette visite.
Sur la persécution des chrétiens par les djihadistes
Le vendredi 28, à son arrivée à Ankara, le pape a souhaité devant le président Recep Tayyip Erdogan que les croyants de toutes les religions puissent opposer la solidarité au « fanatisme », au « fondamentalisme » et aux « phobies irrationnelles », déclarant que dans les conflits en cours à la frontière méridionale de la Turquie, en Syrie et en Irak, « on enregistre la violation des lois humanitaires les plus élémentaires à l’égard des prisonniers et de groupes ethniques entiers », et déplorant que « de graves persécutions ont eu lieu et se poursuivent encore aujourd’hui à l’encontre de groupes minoritaires, en particulier – mais pas seulement – les chrétiens et les yézidis ». « Des centaines de milliers de personnes ont été contraintes à abandonner leurs maisons et leur patrie pour pouvoir sauver leur vie et rester fidèles à leur credo » ; le pape faisait allusion aux exactions de l’organisation dite ‘Etat islamique’, en particulier la persécution des chrétiens et des minorités religieuses lancée par les djihadistes en Irak, avant l’été.
Avant que le souverain pontife ne prenne la parole, le président Erdogan a, pour sa part, assuré qu’il partageait sa vision contre le terrorisme et le pouvoir de l’argent… depuis le monumental palais qu’il vient de se faire construire. Il a aussi dénoncé « l’islamophobie » croissante dans le monde, mettant en cause les « mauvaises politiques » en Occident ayant provoqué la naissance des groupes fondamentalistes. Le président turc a également dénoncé le « terrorisme d’Etat » du président syrien Bachar el-Assad, son voisin, et déploré, sur son propre sol, « le terrorisme kurde ».
Le 30 novembre, dans l’avion du retour, le pape a affirmé que, face aux atrocités commises par les islamistes, « tant et tant de musulmans disent mais ‘nous ne sommes pas cela, le Coran est un livre de paix, un livre prophétique de paix’ », et d’en conclure : « Cela n’est donc pas l’islamisme. Je comprends cela », révélant aux journalistes : « J’ai dit au président (Erdogan) qu’il serait beau que tous les leaders musulmans, leaders politiques, leaders religieux, leaders académiques, disent clairement, condamnent clairement ces actes. Cette parole des leaders, de tous ces leaders, aiderait la majorité des peuples musulmans, vraiment. Nous avons tous besoin d’une condamnation mondiale de la part de tous les musulmans. Que ceux qui ont l’identité musulmane disent ‘l’islam ce ne sont pas les terroristes ! le Coran ce n’est pas cela !’ »
Quand on sait que le président Erdogan fait preuve d’une grande duplicité à l’égard de ses partenaires internationaux dans la lutte contre les terroristes de Daech, le soi-disant ‘Etat islamique’, on peut imaginer sans peine l’attention qu’il porte à cette demande du pape. En effet, la Turquie accueille une bonne part des réfugiés syriens, mais elle laisse aussi transiter par son territoire nombre de combattants islamistes qui se rendent en Irak ou en Syrie.
Avant que le souverain pontife ne prenne la parole, le président Erdogan a, pour sa part, assuré qu’il partageait sa vision contre le terrorisme et le pouvoir de l’argent… depuis le monumental palais qu’il vient de se faire construire. Il a aussi dénoncé « l’islamophobie » croissante dans le monde, mettant en cause les « mauvaises politiques » en Occident ayant provoqué la naissance des groupes fondamentalistes. Le président turc a également dénoncé le « terrorisme d’Etat » du président syrien Bachar el-Assad, son voisin, et déploré, sur son propre sol, « le terrorisme kurde ».
Le 30 novembre, dans l’avion du retour, le pape a affirmé que, face aux atrocités commises par les islamistes, « tant et tant de musulmans disent mais ‘nous ne sommes pas cela, le Coran est un livre de paix, un livre prophétique de paix’ », et d’en conclure : « Cela n’est donc pas l’islamisme. Je comprends cela », révélant aux journalistes : « J’ai dit au président (Erdogan) qu’il serait beau que tous les leaders musulmans, leaders politiques, leaders religieux, leaders académiques, disent clairement, condamnent clairement ces actes. Cette parole des leaders, de tous ces leaders, aiderait la majorité des peuples musulmans, vraiment. Nous avons tous besoin d’une condamnation mondiale de la part de tous les musulmans. Que ceux qui ont l’identité musulmane disent ‘l’islam ce ne sont pas les terroristes ! le Coran ce n’est pas cela !’ »
Quand on sait que le président Erdogan fait preuve d’une grande duplicité à l’égard de ses partenaires internationaux dans la lutte contre les terroristes de Daech, le soi-disant ‘Etat islamique’, on peut imaginer sans peine l’attention qu’il porte à cette demande du pape. En effet, la Turquie accueille une bonne part des réfugiés syriens, mais elle laisse aussi transiter par son territoire nombre de combattants islamistes qui se rendent en Irak ou en Syrie.
Sur la prière à la Mosquée bleue d’Istanbul
Le samedi 29, visitant avec le grand mufti la Mosquée bleue d’Istanbul, le pape « a croisé très visiblement les doigts, incliné longuement la tête en fermant profondément les yeux, deux à trois minutes, pour prier à l’évidence. Et pour… signifier qu’il priait. Et ce en direction du mihrab, cette niche cernée de deux colonnes, qui indique la qibla, donc la direction de la ka’ba de la Mecque », rapporte Jean-Marie Guénois qui ajoute : « Quelques instants après cette prière spectaculaire, samedi matin, le Père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, s’est empressé de préciser qu’il s’agissait, en fait, d’une ‘adoration silencieuse’. Le pape, selon Lombardi, ayant d’ailleurs confié à son hôte musulman, ‘nous devons adorer Dieu’ ».
Mais dans l’avion du retour, François expliqua qu’il avait bien prié, se justifiant en ces termes : « Je suis allé en Turquie en pèlerin et non en touriste. La raison majeure était de vivre la fête de saint André avec le patriarche Bartholomée. Je suis donc venu pour un motif religieux. Quand je suis allé dans la mosquée, il n’était pas question pour moi de dire, et maintenant ‘je suis un touriste’. Toute cette visite était religieuse. Et j’ai vu cette merveille ! Quand le mufti m’a expliqué les éléments de la mosquée avec tant d’attention et de respect, expliquant la place de Marie dans le Coran, de Jean-Baptiste, j’ai alors ressenti le besoin de prier. J’ai demandé ‘est ce que je peux prier un peu ?’. Il m’a dit, oui. J’ai prié pour la Turquie, pour la paix, pour le mufti, pour tous, pour moi qui en ai besoin, j’ai vraiment prié. J’ai surtout prié pour la paix : ‘mais Seigneur, arrêtons là les guerres’. Ce fut un moment de prière sincère. »
Commentaire : La sincérité est une chose, la vérité en est une autre. Le pape priait pour la Turquie, la paix, le mufti, pour lui-même… mais qui priait-il dans cette mosquée en direction du mihrab, qui indique la qibla, la direction de la ka’ba de la Mecque ? Jésus dont les musulmans nient la divinité ? La Trinité que les musulmans rejettent absolument ? Bien sûr, dans « l’esprit d’Assise », on prétendra que le pape et le mufti ne priaient pas ensemble, qu’ils étaient ensemble dans la Mosquée bleue pour prier… Mais qu’en pense Asia Bibi condamnée à mort au Pakistan pour sa foi ? Et que dire aux trois enfants de Shazad et Shama, ce couple de catholiques pakistanais brûlés vifs dans un four à briques en haine du christianisme ? (voir DICI n°305 du 21/11/14)
Mais dans l’avion du retour, François expliqua qu’il avait bien prié, se justifiant en ces termes : « Je suis allé en Turquie en pèlerin et non en touriste. La raison majeure était de vivre la fête de saint André avec le patriarche Bartholomée. Je suis donc venu pour un motif religieux. Quand je suis allé dans la mosquée, il n’était pas question pour moi de dire, et maintenant ‘je suis un touriste’. Toute cette visite était religieuse. Et j’ai vu cette merveille ! Quand le mufti m’a expliqué les éléments de la mosquée avec tant d’attention et de respect, expliquant la place de Marie dans le Coran, de Jean-Baptiste, j’ai alors ressenti le besoin de prier. J’ai demandé ‘est ce que je peux prier un peu ?’. Il m’a dit, oui. J’ai prié pour la Turquie, pour la paix, pour le mufti, pour tous, pour moi qui en ai besoin, j’ai vraiment prié. J’ai surtout prié pour la paix : ‘mais Seigneur, arrêtons là les guerres’. Ce fut un moment de prière sincère. »
Commentaire : La sincérité est une chose, la vérité en est une autre. Le pape priait pour la Turquie, la paix, le mufti, pour lui-même… mais qui priait-il dans cette mosquée en direction du mihrab, qui indique la qibla, la direction de la ka’ba de la Mecque ? Jésus dont les musulmans nient la divinité ? La Trinité que les musulmans rejettent absolument ? Bien sûr, dans « l’esprit d’Assise », on prétendra que le pape et le mufti ne priaient pas ensemble, qu’ils étaient ensemble dans la Mosquée bleue pour prier… Mais qu’en pense Asia Bibi condamnée à mort au Pakistan pour sa foi ? Et que dire aux trois enfants de Shazad et Shama, ce couple de catholiques pakistanais brûlés vifs dans un four à briques en haine du christianisme ? (voir DICI n°305 du 21/11/14)
Sur la demande de bénédiction au patriarche Bartholomée
Le 29 novembre 2014 en fin d’après-midi, au siège du patriarcat de Constantinople, à Istanbul, le pape François et le patriarche orthodoxe Bartholomée 1er ont présidé ensemble une prière œcuménique. Au cours de cette prière, dans l’église patriarcale Saint-Georges du Phanar, le pape s’est abaissé devant le patriarche en lui demandant une « faveur » : « Bénissez-moi et bénissez l’Eglise de Rome ». Le patriarche a hésité un moment devant le pape qui baissait la tête, il l’a alors embrassé. Puis le pape a glissé quelque chose à l’oreille du patriarche qui l’a alors baisé sur le haut du crâne, sur sa calotte blanche. Les journalistes y ont vu un « geste inédit », mais le vaticaniste Sandro Magister rappelle très justement : « Le moment le plus nouveau et original de la rencontre avec le patriarche œcuménique de Constantinople n’a certes pas été quand le pape François s’est incliné devant Bartholomée, demandant de prier pour lui. C’est un geste habituel, pour Jorge Mario Bergoglio. Il le fait avec tout le monde. Il l’a fait plusieurs fois avec les foules, depuis sa toute première apparition sur la Place Saint-Pierre. Il l’a fait le 1er juin dernier au stade olympique de Rome, comble de milliers de catholiques et de protestants. Il l’a fait en 2006 au Luna Park de Buenos Aires en se mettant à genoux sur une scène afin de recevoir les bénédictions d’un leader protestant pentecôtiste.
« Le moment fort de la rencontre entre Pierre et André, comme tous deux aiment à s’appeler symboliquement, a été plutôt l’échange des promesses d’unité entre les Eglises, au terme de la ‘divine liturgie’ célébrée dans l’église de Saint-Georges du Phanar le jour de la fête du saint Apôtre André. » Et Magister de rectifier l’appréciation irénique de son confrère Andrea Tornielli : « De la lecture conjointe des discours de François et de Bartholomée, le blog ultra-bergoglien Vatican Insider a tout de suite déduit que ‘pour l’actuel successeur de Pierre le rétablissement de la pleine communion entre chrétiens catholiques et orthodoxes serait dès maintenant possible, sans poser aux frères orthodoxes de pré-conditions de caractère théologique ou juridictionnel’. Mais la réalité est bien différente. Le chemin vers l’unité entre catholiques et orthodoxes continue d’être difficile et son principal problème non résolu se trouve dans la primauté du successeur de Pierre. C’est une primauté à équilibrer avec la ‘synodalité’, comme l’a rappelé Bartholomée et comme l’Eglise catholique elle-même l’accepte. Mais le rappel – bien que nécessaire – à ‘l’expérience du premier millénaire’, alors qu’Occident et Orient n’étaient pas divisés, ne suffit pas pour esquisser les formes dans lesquelles un pareil équilibre puisse prendre forme afin d’être réciproquement accepté (pour lesorthodoxes, durant cette période, la juridiction de l’évêque de Rome ne s’étendait que sur l’Occident, ndlr). Depuis des années une commission mixte de théologiens catholiques et orthodoxes s’échine sur la question, sans avancées substantielles. Les Eglises orthodoxes sont elles-mêmes divisées, ne se contentant même pas du type de primauté que la tradition assigne au patriarche œcuménique de Constantinople et que Bartholomée a de nouveau revendiqué dans son échange de messages avec le pape. »
(Sources : Apic/IMedia/Figaro/Espressonline – DICI n°306 du 05/12/14)
« Le moment fort de la rencontre entre Pierre et André, comme tous deux aiment à s’appeler symboliquement, a été plutôt l’échange des promesses d’unité entre les Eglises, au terme de la ‘divine liturgie’ célébrée dans l’église de Saint-Georges du Phanar le jour de la fête du saint Apôtre André. » Et Magister de rectifier l’appréciation irénique de son confrère Andrea Tornielli : « De la lecture conjointe des discours de François et de Bartholomée, le blog ultra-bergoglien Vatican Insider a tout de suite déduit que ‘pour l’actuel successeur de Pierre le rétablissement de la pleine communion entre chrétiens catholiques et orthodoxes serait dès maintenant possible, sans poser aux frères orthodoxes de pré-conditions de caractère théologique ou juridictionnel’. Mais la réalité est bien différente. Le chemin vers l’unité entre catholiques et orthodoxes continue d’être difficile et son principal problème non résolu se trouve dans la primauté du successeur de Pierre. C’est une primauté à équilibrer avec la ‘synodalité’, comme l’a rappelé Bartholomée et comme l’Eglise catholique elle-même l’accepte. Mais le rappel – bien que nécessaire – à ‘l’expérience du premier millénaire’, alors qu’Occident et Orient n’étaient pas divisés, ne suffit pas pour esquisser les formes dans lesquelles un pareil équilibre puisse prendre forme afin d’être réciproquement accepté (pour lesorthodoxes, durant cette période, la juridiction de l’évêque de Rome ne s’étendait que sur l’Occident, ndlr). Depuis des années une commission mixte de théologiens catholiques et orthodoxes s’échine sur la question, sans avancées substantielles. Les Eglises orthodoxes sont elles-mêmes divisées, ne se contentant même pas du type de primauté que la tradition assigne au patriarche œcuménique de Constantinople et que Bartholomée a de nouveau revendiqué dans son échange de messages avec le pape. »
(Sources : Apic/IMedia/Figaro/Espressonline – DICI n°306 du 05/12/14)