SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - 8 décembre 2014
Certains propos proférés sont parfois excessifs. Dire que la Manif pour tous se limite à de la musique techno sur des chars, c'est comme dire que Civitas se résume à des jeunes de groupuscules d'extrême droite et des femmes voilées. Il me semble avéré que le galop d'essai qu'a constitué l'affaire des théâtres et du "Piss Christ" a été essentiel dans la préparation du grand mouvement contre le mariage pour tous l'année suivante. On y trouvait déjà les mêmes acteurs: Alain Escada, Frigide Barjot, l'épiscopat français en la personne du cardinal Vingt-Trois. Or ces figures ont toutes trois été dépassées par le mouvement d'ampleur qui s'en est suivi. Il est vrai qu'à la rentrée 2012 s'est tenue une réunion où seuls les deux premiers souhaitaient lancer des manifestations. Mais dire que sans eux il ne serait rien passé me semble constituer un raccourci qui sous-estime la colère qui montait. Avec des si, on mettrait Paris en bouteille.
Certains propos proférés sont parfois excessifs. Dire que la Manif pour tous se limite à de la musique techno sur des chars, c'est comme dire que Civitas se résume à des jeunes de groupuscules d'extrême droite et des femmes voilées. Il me semble avéré que le galop d'essai qu'a constitué l'affaire des théâtres et du "Piss Christ" a été essentiel dans la préparation du grand mouvement contre le mariage pour tous l'année suivante. On y trouvait déjà les mêmes acteurs: Alain Escada, Frigide Barjot, l'épiscopat français en la personne du cardinal Vingt-Trois. Or ces figures ont toutes trois été dépassées par le mouvement d'ampleur qui s'en est suivi. Il est vrai qu'à la rentrée 2012 s'est tenue une réunion où seuls les deux premiers souhaitaient lancer des manifestations. Mais dire que sans eux il ne serait rien passé me semble constituer un raccourci qui sous-estime la colère qui montait. Avec des si, on mettrait Paris en bouteille.
Il y a certainement eu une émulation, les mouvements et les pétitions de l'affaire des théâtres servant de matrice générale. Au printemps 2013, les premiers acteurs ont été dépassés par l'ampleur du mouvement alors même que la Manif pour tous avait été présente tous les soirs devant l’Assemblée et que Civitas avait été sur le qui-vive tous les soirs au Sénat. Le dernier soir du vote au Sénat, Alain Escada a pris le micro devant le Palais du Luxembourg tandis que de l’autre côté du jardin, la Manif pour tous se terminait. Il a lancé: «Je vous invite à rejoindre la Manif de l’autre côté ». Ce soir-là, l'histoire a changé et les jeunesses réunies ont donné naissance au premier affrontement devant les grilles d'un haut-lieu de la Nation. Elles n’ont plus daigné se séparer. Bon nombre de ces jeunes ont intégré les rangs du Printemps français et des Veilleurs et cela a engendré la grande manifestation du 31 mars avenue de la Grande Armée qui s’est clôturée par l’investissement des Champs Elysées. Or, ce jour-là, après quelques hésitations, Civitas n’avait justement pas lancé de contre-manifestation. Dans les semaines qui suivirent, Frigide Barjot était plus ou moins mise au ban du mouvement dont elle avait assuré jusque là l’animation et a dû se résigner à fonder une autre organisation qui n’a jamais décollé. Civitas a tenté de reprendre la justification d'un mouvement distinct mais qui était un peu dissonante par rapport au mot d'ordre du Sénat. De fait, les foules qu’elle avait pu réunir le 17 novembre 2012 ou le 13 janvier 2013 ne furent plus égalées.
La Manif pour tous, débarrassée de Barjot, et forte dans ses rangs des jeunes désireux de ne pas se limiter aux drapeaux roses bonbon, a eu ses plus grands succès au cours de ce printemps 2013. Elle les doit, me semble-t-il, au fait que des prélats, contrairement aux lois sur l’avortement, n’ont pas hésité à sortir, avec la croix pectorale et la calotte sur la tête, dans la rue. Le monde catholique avait besoin de se sentir mené. Il ne fallait pas se leurrer et ne pas imaginer que les évêques viendraient rejoindreCivitas qui de temps à autre s’attachait à épingler de façon globale et frontale leur laxisme. En revanche, ce fut une vraie victoire de les faire sortir par étapes dans la rue. Les limites de ce mouvement sont probablement dues au fait que ces évêques restaient minoritaires. On imagine l’ampleur du mouvement si tout l’épiscopat avait pris la tête de la marche ! L’autre limite est due au fait que certains ont pu avoir peur de se dire catholique en revendiquant systématiquement l’a-confessionnalité comme si cela ne crevait pas les yeux que c’étaient les réseaux catholiques qui avaient fonctionné (paroisses, AFC) en suivant les pas des organisations tradies. Il ne s’agissait pas de faire de cette marche une procession mais en arborant systématiquement la photo d’un imam ou d’un rabbin alors que la marche était truffée de membres du clergé catholique, on sentait parfois de la pusillanimité. Est-ce que tout le monde a été indemne de ce syndrome ? C’est un avis personnel, mais du côté de Civitas, la conférence de presse, sur un sujet apparenté, qui réunissait des imams, des associations musulmanes aux côtés d’Alain Escada et de l’abbé de Tanoüarn, ne m’a semblé très porteuse pour y voir clair.
Bref, plutôt que de tout opposer, il me semble intéressant de voir ce qui résulte de l'émulation de ces dernières années.