SOURCE - Anne-Charlotte Pannier - La Voix du Nord - 4 avril 2015
Alors que l’école hors contrat nichée dans la zone d’activité de La Houssoye va fêter ses vingt-cinq ans, ses 124 élèves préparent les fêtes de Pâques depuis des semaines. L’occasion de faire le point sur cette école catholique traditionaliste qui a investi, en 2010, 400 000 € pour créer de nouveaux locaux.
Alors que l’école hors contrat nichée dans la zone d’activité de La Houssoye va fêter ses vingt-cinq ans, ses 124 élèves préparent les fêtes de Pâques depuis des semaines. L’occasion de faire le point sur cette école catholique traditionaliste qui a investi, en 2010, 400 000 € pour créer de nouveaux locaux.
1 Cette école, c’est quoi ?
Créée en 1989 à la demande de quelques familles, Notre-Dame-de-Fatima est arrivée à La Chapelle en 1992. Les particularités de cette école : un directeur en soutane et des élèves en uniforme (une vareuse rouge et un pantalon ou une jupe bleu marine), le vouvoiement de rigueur. C’est une école hors-contrat, c’est-à-dire non conventionnée avec l’État et non subventionnée. Résultat: «Nous vivons des frais de scolarité (190 € par mois), des dons de nos bienfaiteurs et des différents lotos et ventes organisés par les familles», résume le directeur, l’abbé de Dainville. Les papas sont aussi mis à contribution pour effectuer des travaux. Malgré cela, «chaque mois, c’est un vrai miracle si on s’en sort financièrement», lâche le directeur dans un sourire. C’est une école, aussi, où la religion est omniprésente, avec deux prières quotidiennes et une messe hebdomadaire le vendredi. En latin. Une école à part que certains voient d’un mauvais œil. «Nous ne sommes pas une secte», rassure le directeur. L’école organise d’ailleurs des journées portes ouvertes.
2 Un agrandissement pourquoi ?
Si l’école a songé à déménager – l’environnement, avec le développement de la zone d’activité de La Houssoye, a beaucoup évolué – cela aurait été trop onéreux. Décision a donc été prise en 2010 d’agrandir l’école (deux classes et une partie administration). L’école propose aujourd’hui des classes qui vont de la maternelle au collège, mixtes uniquement jusqu’à la cinquième. « Nous le justifions par un décalage de maturité. L’objectif est de garder l’esprit de l’enfance le plus longtemps possible.»
3 Qui fréquente cette école ?
Des familles catholiques, mais aussi des enfants en difficultés avec le système et beaucoup de familles de militaires. Les autres viennent de la métropole lilloise, des Weppes et de Dunkerque. « ertaines choisissent de déménager pour venir vivre à côté de l’école.» Des familles nombreuses pour la plupart, qui comptent cinq ou six enfants. «Certaines aisées, d’autres plus modestes», reconnaît le directeur. Alors que l’école va fêter ses 25 ans, le nouveau directeur est heureux de voir «les premiers enfants de nos anciens élèves revenir dans les salles de classe.»
Des familles qui sont aussi souvent en quête d’une pédagogie particulière. Ici, sept institutrices et treize professeurs issus de formations diverses : mais tous «compétents et qui adhèrent au projet de l’école». Pas plus de 20 enfants par classe, et même plutôt 15 en général. On apprend l’histoire chronologique, la méthode syllabique, l’accent est mis sur le calcul mental, les analyses grammaticales, le latin est étudié dès la 6e. «Nous prenons ce qu’il y a d’excellent dans chaque élève. Ici les enfants ne sont pas des numéros.» Après la 3e, la plupart poursuivent leur scolarité à Saint-Jude ou au collège de Marcq.
L’école vue par le diocèse
L’abbé Bruno Mary, vicaire épiscopal, rappelle que cette école ne dépend pas de l’enseignement catholique diocésain. Cela étant, «elle est reconnue, tout comme ses chanoines. Cette école n’est pas en rupture avec Rome». Contrairement aux Lefebvristes, qui ont été excommuniés et qui sont considérés, eux, comme des intégristes. L’Abbé Bruno Mary rappelle que cette école a fait «des choix pédagogiques des années 1950.» Ce qu’il en pense? «Ils rendent service à un type de population. Nous avons des rapports normaux et on se respecte.» Finalement, les points de désaccords entre l’école et le diocèse concernent la forme plus que le fond, «la manière de célébrer (le latin notamment) et la manière de vivre notre foi dans la société d’aujourd’hui».
Pâques, un moment fort
«C’est un moment que nous préparons depuis le début du Carême.» Ici, les enfants sont encouragés à faire «de petits efforts, comme se priver de chocolat, ne plus dire de gros mots». Au niveau du collège, «nous méditons sur les Évangiles du jour». La semaine Sainte a été marquée par la fête du sacerdoce et la classe s’est terminée vendredi à 12 h. «Les enfants et leurs familles étaient invités à participer au chemin de Croix.» Dimanche, comme chaque semaine, 200 fidèles assisteront à la messe, dans la chapelle. «Une messe en latin, c’est devenu rare et donc forcément ça attire.»
Un nouveau directeur
L’abbé de Dainville, 31 ans, fait partie de la jeune communauté de l’institut du Christ Roi. «On suit les méthodes d’enseignement doux inspirées par Saint-François de Sales, un évêque du XVIIe, un missionnaire de l’amour, qui disait on avance mieux par amour que par force.» L’abbé de Dainville a su dès l’âge de 15 ans qu’il s’engagerait dans la religion. Ordonné prêtre à 25 ans, il a été nommé directeur en septembre et succède à l’abbé Hilaire Marchadier.