La situation du mariage, aussi bien
naturel que chrétien, est aujourd’hui assez dramatique. Les « unions
libres », les naissances hors mariage, les adultères, les divorces ne
cessent d’augmenter, au grand dam des enfants, qui en sont les premières
victimes, au détriment de la société, qui a besoin de familles unies, au
préjudice des personnes qui s’engagent inconsidérément dans ces pratiques.
Nous avons pleinement conscience
qu’entrer dans le mariage, fonder une famille, représente un engagement
complexe et durable, et que les personnes mariées peuvent rencontrer au cours
de leur existence des difficultés réelles et variées : ce sont ces
« tribulations dans leur chair » dont parlait saint Paul avec un
grand réalisme (1 Co 7, 28). Le péché originel, qui a, sans la détruire, altéré
la nature humaine, a particulièrement atteint les puissances génératives de
l’homme : d’où la fréquence et la violence des tentations en ce qui
concerne les relations entre les hommes et les femmes. De plus, les conditions
de la vie moderne favorisent malheureusement les tentations, les infidélités et
les ruptures. Il est donc évidemment nécessaire que la pastorale tienne compte
de ces difficultés, aussi bien celles qui sont universelles et permanentes que
celles qui découlent de la vie moderne.
Mais on ne peut qu’être effrayé
en voyant comment cette question du mariage, qui demande sans doute aujourd’hui
des nuances et des approfondissements, mais dont la substance doctrinale, sacramentelle
et pastorale est clairement définie, a été traitée dans les derniers mois.
Certaines déclarations venant de
personnes constituées en dignité ecclésiastique ont prétendu remettre en cause
« à la hussarde » des certitudes fermement enracinées dans la
Révélation divine. Des propositions ont été faites, qui n’auraient d’autre
effet que de ruiner à la base la notion même du mariage monogame, stable et
indissoluble.
Il faut le dire également :
les deux Motu proprio du Pape régnant nous semblent gros de dangers immenses.
Rendre plus simples, plus rapides, moins coûteuses les procédures devant les
officialités ne pose en soi aucun problème. Mais supprimer le très sage
garde-fou que constitue la double sentence conforme en matière de
reconnaissance de nullité, alors que ces procès sont souvent complexes, que de
fortes passions y sont engagées, et que les preuves sont parfois difficiles à
apprécier, nous paraît une erreur qui risque d’entraîner la dissolution de
mariages pleinement valides, sans respect pour le sacrement.
Prions pour que le Saint-Esprit
éclaire sur ce point le Pape et les évêques afin que, fortifiés dans la foi,
ils aient le courage de défendre le mariage naturel et chrétien.