SOURCE - Nicolas Fulvi - Disputationes Theologicae - 29 septembre 2015
Pèlerinage des prêtres de la Communauté Saint Grégoire le Grand à la Sainte-Baume |
M. l’abbé, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Abbé Jean Pierre Gaillard : Je suis né en France, dans la région du massif central; après mon service militaire, je me suis posé sérieusement la question de la vocation et je suis rentré au séminaire de Wigratzbad où j’ai reçu une partie de ma formation. En juillet 2006, avant que l’Institut du Bon Pasteur ne soit érigé, je suis arrivé à Bordeaux où j’ai participé à la restauration de l’église Saint Eloi. Au mois de septembre de cette même année, j’étais présent lors de la fondation de cet Institut, dont je partageais l’idéal fondateur initial. J’ai été ordonné prêtre le 22 septembre 2007 par le Cardinal Castrillon Hoyos. En 2008, j’ai commencé mon apostolat dans l’école catholique de la paroisse où je suis resté jusqu’à la fin de l’année scolaire 2015.
Après les événements bien connus de 2012-2013 et ladite « élection », à cause des procédés employés j’ai pris mes distances mais j’ai choisi de continuer à préserver le bien commun de l’école en poursuivant mes fonctions de direction. Cependant, le temps a révélé qu’il n’était plus possible de rester dans cette situation, surtout en raison de la position que j’assumais ouvertement. J’ai alors évalué ce que je pouvais faire. Après un temps de réflexion, de prière et des signes clairs de la Providence j’ai compris que s’obstiner dans cette voie n’était pas la volonté de Dieu. J’ai donc fait le choix de rejoindre la Communauté Saint Grégoire le Grand.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a déterminé à faire ce choix?
Depuis un certain temps, je m’interrogeais sur les issues du chemin pris par l’IBP, mais j’attendais d’y voir plus clair. Par la suite, j’ai été notamment indigné par le constat du silence sur des problèmes majeurs en échange de concessions - je pense entre autres à la grave question de la communion aux "divorcés remariés". On ne voyait plus la détermination à dénoncer publiquement les problèmes, pas même sur un sujet aussi évident que celui de la famille. Ce renoncement à toute critique publique par rapport aux questions cruciales actuelles (ce qui était l’idéal de l’IBP), s’accompagnait de dureté de positions dans les discussions privées et même de sévérité vis-à-vis des fidèles qui exprimaient la moindre critique sur ce changement de cap. J’ai même été involontairement témoin de l’instrumentalisation de l’absolution sacramentelle.
Il n’était plus possible de cautionner une pareille attitude. Il était grand temps de faire le choix que la Providence m’indiquait. Je voyais qu’à la Communauté Saint Grégoire il n’y avait pas cette duplicité de langage et en toute franchise c’est peut-être cela qui m’a touché le plus.
Pourriez-vous nous parler de la vie quotidienne à la Communauté Saint Grégoire le Grand?
Dès mon arrivée ici à Camerino, j’ai d’abord trouvé les bienfaits de la vie en communauté. Horaires réguliers, prière et offices en commun, repas fraternels au cours desquels nous pouvons échanger ouvertement, discuter sur la vie de l’Eglise et, plus en général, sur la situation actuelle. Cela permet de réfléchir entre prêtres sur les problèmes majeurs de la société et surtout de se soutenir réciproquement. La journée se découpe en temps d’approfondissement, de lecture et de petits travaux manuels inhérents à toute fondation. Mes confrères disent déjà que je suis bon “bricoleur”….
Nous sommes à la campagne (et à la montagne même…), ce qui favorise la contemplation et la vie de prière. Je découvre également petit à petit les apostolats que nous avons dans les régions environnantes. En même temps, notre présence ici demeure un point de repère : des fidèles viennent assister aux offices et des prêtres des alentours viennent de temps en temps nous rencontrer pour comprendre en quoi consiste notre modeste témoignage.
Pensez-vous que d’autres prêtres pourraient vous suivre?
Veritas liberabit vos. Lorsqu’on n’agit pas en vérité on est prisonnier, lorsqu’on agit droitement selon sa conscience là on est libre. J’ai confiance que la force de la vérité et la grâce agissent toujours. Certes, nous avons tous nos moments d’hésitation, c’est un peu naturel, mais la tendance à ne pas s’engager peut être aussi une tentation du Malin. En tant que prêtres, par notre caractère sacerdotal, nous avons tous une grave responsabilité…
Plusieurs confrères m’ont avoué qu’ils se posent sérieusement des questions. Pour vaincre notre “peur de s’exposer” il faut penser que le bien commun de l’Eglise dépend aussi des choix personnels de chacun d’entre nous… Agir c’est aussi faire preuve de charité.
Un mot final pour nos lecteurs Monsieur l’Abbé
Il faut prier pour diriger l’action : nous sommes tenus d’agir, mais il faut avant beaucoup prier et spécialement le chapelet. Défendons la vérité surtout et les fondements de la société, témoignons ouvertement pour la famille et l’enseignement catholique. Car Notre Dame a promis aux enfants de Fatima que - après les épreuves - son Cœur Immaculé triomphera… et ce triomphe arrivera par la récitation du Rosaire.
Nicolas Fulvi