SOURCE - Nicolas Bonnal - Les 4 Vérités - 29 octobre 2015
Le déclin du christianisme est une vieille lune en Occident: Montesquieu se moque du pape, « vieille idole qu’on encense par habitude » (cela n’a pas changé) ; Swift se demande lui en 1707 par quoi on pourra le remplacer (le christianisme) ! Il survivra pourtant, mais le penseur athée Feuerbach déclare que c’est à titre de copie, d’apparence de christianisme.
Plus près de nous, le cardinal Ratzinger déclare à Philippe de Villiers, à propos de l’aggiornamento de Vatican II :
« C’est le vide qui s’est propagé, le désert spirituel. On a perdu bien souvent la dignité et le mystère du sacré. On a dépouillé les églises de leurs splendeurs. Beaucoup de clercs ont réduit la liturgie au langage et aux gestes de la vie de tous les jours par le moyen de salutations, de signes d’amitié. »
On a une liturgie en show. Je suis convaincu, ajoutait-il, que la crise de l’Église que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie ».
Et le cardinal Ratzinger d’ajouter :
« En refusant de reconnaître ses racines chrétiennes, l’Europe se refuse à elle-même. Elle se renie.»
Dans son livre traumatisant (on dirait cent chroniques de BVoltaire, mises bout à bout sur la France comme elle déraille), profond et bouleversant à la fois, Villiers insiste sur les responsabilités eschatologiques et économiques de nos pieuses élites catholiques et cathodiques. Le ridicule Etchegaray rencontre le renommé Trichet. Et notre trublion de conclure :
« Je n’en peux plus de cette cérémonie où on récite l’évangile des droits de l’homme et où on s’incline devant le Veau d’or. Je décroche. La logorrhée continue quelques instants sur la parousie monétaire, le cardinal évoque le sentiment naissant d’une humanité neuve. »
Les idées chrétiennes devenues folles, devenues molles et lâches. Convenues. Au début de son bouquet pamphlétaire de souvenirs, Villiers rappelle quelles grenouilles de bénitier nous ont mis là :
« Les évangélistes du marché qui avaient concocté la parabole de « Vive la crise ! » étaient des chrétiens, des démocrates-chrétiens — Delors, Camdessus, Lamy, Lagayette, Peyrelevade. Ils iraient bientôt coloniser les instances internationales — FMI et Banque mondiale. Ils étaient en mission, ils allaient partir évangéliser, au nom de l’économie œcuménique mondialisée, toutes les nations. Ce sont eux qui, dès 1983, en prêchant pour la liberté des marchés et des capitaux, firent sauter les verrous étatiques. »
Ce sont les jeux sans frontières du christianisme libéral en attendant la main tendue aux islamistes de tout poil et aux réfugiés de toute nationalité : donner sa patrie pour mériter sa place au paradis (à moins qu’il ne faille aussi la donner celle-là, quel purgatoire cette bonté moderne!).
Et pendant que son évêque crache sur la Vendée trop catho, Villiers termine par un éloge répété de la Russie et de son orthodoxie. J’attends les cosaques et le Saint-Esprit, disait l’autre il y a un siècle.
Nicolas Bonnal