SOURCE - DICI - 20 novembre 2015
Peu de temps après les attentats
terroristes qui ont frappé Paris dans la soirée du 13 novembre 2015, le Père Federico Lombardi, porte-parole du
Saint-Siège, a dénoncé « cette nouvelle manifestation de folle violence
terroriste et de haine ». « Au Vatican, nous suivons les terribles
informations venues de Paris », a-t-il affirmé dans une déclaration
publiée au cœur de la nuit. « Il s’agit, a-t-il poursuivi, d’une attaque
contre la paix de toute l’humanité, qui exige une réaction décidée et solidaire
de la part de tous pour s’opposer à la diffusion de la haine meurtrière sous
toutes ses formes ».
Dans un communiqué
publié quelques heures après les attaques sanglantes, Mgr Georges Pontier, président de la
Conférence des évêques de France, dénonce cette série d’attentats « d’une
barbarie inégalée. Avec les catholiques de France, j’exprime ma profonde
douleur devant cette extrême violence qui a retiré la vie à tant de personnes
et blessé tant d’autres. Mes pensées et mes prières vont aux victimes, à leurs
proches, aux forces de l’ordre, aux soignants et à nos gouvernants sur lesquels
pèse une lourde responsabilité. En ces heures difficiles nous leur faisons
confiance ».
Le dimanche 15
novembre, lors de la prière de l’Angélus, place Saint-Pierre, le pape François
a fait part de sa profonde douleur et réaffirmé que « la voie de la
violence et de la haine » ne résoudrait pas les problèmes de l’humanité.
« On ne peut utiliser le nom de Dieu pour justifier cette voie, c’est un
blasphème ! », s’est-il exclamé. « Tant de barbarie nous laisse
effarés, a poursuivi le pape, et nous fait nous demander comment le cœur de
l’homme peut concevoir et réaliser des choses aussi horribles, qui ont
bouleversé non seulement la France mais aussi le monde entier ». Et
d’expliquer que la religion [musulmane en l’occurrence] n’a rien à voir dans de
pareilles actions.
Plus réaliste, le
communiqué de l’abbé Christian
Bouchacourt, supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pie
X, affirmait le 16 novembre qu’une « telle attaque mérite sans aucun doute
une prompte réponse politique, policière, militaire de la part des autorités
publiques françaises. Mais cela sera-t-il suffisant pour rétablir durablement
l’ordre, la paix et la sécurité en France ? Nous affirmons le contraire.
En effet, le pape Pie XI dans sa belle encyclique Quas primas sur
le Christ-Roi, voyant au début du XXe siècle les nuages s’accumuler au-dessus
du monde, proclamait : ‘Non seulement ce déchaînement de malheurs a envahi
l’univers parce que la plupart des hommes ont banni Jésus-Christ et sa foi très
sainte de leurs coutumes et de leur vie particulière comme de la société
familiale et de l’Etat, mais encore l’espoir d’une paix durable entre les
peuples ne brillera jamais tant que les individus et les Etats s’obstineront à
rejeter l’autorité de notre Sauveur.’
« Seul le
Christ, Prince de la paix, est en mesure de restaurer au cœur de la société
humaine le règne de la justice, de l’amour et de la paix, brisé par le péché et
par le rejet, public comme privé, de la Loi de Dieu. C’est pourquoi nous devons
travailler chaque jour à établir « la paix du Christ par le règne du
Christ », c’est-à-dire l’union féconde de la Foi et de la Patrie, de
l’Eglise et de l’Etat. Ces tragiques événements sont la conséquence dramatique
du divorce consommé il y a plus de deux cents ans entre la France et l’Eglise,
et qui a conduit nos gouvernants à rejeter le Christ hors de la société,
faisant glisser notre pays vers une lente apostasie. »
A Alep (Syrie), Mgr Georges Abou Khazen, vicaire
apostolique des catholiques latins, a dénoncé le prétendu ‘Etat islamique’, qui
a revendiqué ces attentats sanglants, rappelant que ses combattants « sont
financés, armés et entraînés par de grandes puissances pour de purs intérêts
économiques et politiques ». Dans un entretien accordé à l’agence
d’information vaticane Fides, il rappelle qu’en Syrie, « depuis des
années, nous subissons des massacres et nous vivons dans la terreur ».
C’est pourquoi, précise-t-il, « il faut retrouver l’unité et surtout
arrêter de fournir financements, armes et entraînement à des groupes
terroristes qui opèrent au Proche-Orient et maintenant aussi en Europe »,
ajoutant : « Nous exprimons nos condoléances et notre solidarité aux
victimes des massacres de Paris et à toute l’Europe. Le terrorisme constitue
une idéologie qui n’épargne personne. Le peuple syrien comprend très bien la
situation d’angoisse dans laquelle, aujourd’hui, se trouvent les citoyens
européens ».
Le 29 octobre, dans
un entretien à l’agence Apic, le Père Samir Khalil Samir s.j. (sur la photo), déclarait avec force
: « Quand Daech, l’Etat islamique, brûle, enfermé dans une cage, le pilote
jordanien Muadh al Kasasbeh,
abattu près de Raqqa, en Syrie, ou décapite 21 chrétiens coptes en Libye, on ne
peut pas dire que cela n’a rien à voir avec l’islam, en affirmant que l’islam
veut dire paix et non-violence. C’est un mensonge ! »
Professeur
d’islamologie et spécialiste de la pensée arabe, le jésuite relevait que la
violence est omniprésente dans l’islam, que ce soit dans le Coran lui-même ou
dans le khabar ou les hadith, qui recueillent les
traditions relatives aux actes et aux paroles de Mahomet et de ses compagnons.
« On trouve tout ce que l’on veut dans la tradition, et on prend ce qui
arrange, selon les circonstances. Tout ce que font les extrémistes trouve sa
justification dans une sourate du Coran, dans le khabar ou les hadith.
Il s’agit seulement de choisir un passage, pour justifier tel ou tel acte.
Chaque groupe de djihadistes dispose de son propre mufti, qui édicte ses fatwas,
des décrets religieux fondés sur les Ecritures ». Et pour justifier
l’extermination du kâfir, le mécréant ou l’infidèle, les textes
fondateurs de l’islam ne manquent pas. La violence est présente dans de
nombreuses sourates du Coran. Ainsi la sourate 5, 33-37 : « Voici
quelle sera la récompense de ceux qui combattent Dieu et son apôtre,… vous les
mettrez à mort ou vous leur ferez subir le supplice de la croix ; vous
leur couperez les mains et les pieds alternés ; ils seront chassés de leur
pays ».
En Syrie et en Irak,
note le P. Samir Khalil Samir, les partis Baath (« Parti de la
résurrection arabe et socialiste », fondé par Michel Aflak, un chrétien
orthodoxe syrien) au pouvoir, prônant une idéologie socialiste, panarabe et
laïque, avaient freiné ces mouvements d’islamisation. Maintenant, les
terroristes de Daech, l’Etat islamique, qui reçoivent des soutiens financiers
et politiques de la part des monarchies du Golfe et de la Turquie, prétendent
installer un califat sunnite dans la région. « Si l’argent vient
principalement de l’Arabie saoudite et du Qatar, les armes viennent
essentiellement des pays occidentaux, car on n’en fabrique pas dans les pays
arabes ! » Les mouvements islamistes veulent faire tomber le
président Bachar al-Assad, notamment parce qu’il est alaouite, une branche du
chiisme, minoritaire en Syrie.
« Même si
c’étaient des dictatures, les gouvernements baathistes, en Syrie comme en Irak,
étaient neutres face aux religions. Les chrétiens, s’ils ne se mêlaient pas de
politique, pouvaient vivre tranquillement et pratiquer leur religion. Ce n’est
pas le cas avec les djihadistes, qui ne laissent aux chrétiens que ce
‘choix’ : payer la jizya, un impôt de capitation pour les non
musulmans, se convertir à l’islam, ou partir ! Sinon, c’est la
mort… » Alors qu’ils étaient, il y a encore quelques années, 9% de la
population en Syrie et 2% de la population en Irak, les chrétiens partent en masse.
« Pour le
moment, l’espoir vient des Russes, qui semblent bien plus efficaces que les
Occidentaux pour chasser les terroristes, qu’ils appartiennent à Daech ou à
al-Nosra, la branche locale d’al-Qaïda. Tous ces djihadistes, dont la plupart
viennent de l’étranger, ne sont en rien des ‘modérés’. Sur le terrain, il n’y a
pas de ‘rebelles modérés’, comme voudraient nous le faire croire certains
gouvernements occidentaux ! »
(Sources :
apic/imedia/cef/lpl/fides – DICI n°325 du 20/11/15)