SOURCE - Bertrand Y. (blog) - 28 décembre 2015
«Une encyclique sur l’écologie!» : ainsi se sont gaussés, à la publication de ce long texte de près de 200 pages, certains de ceux qui à force de critiquer ont perdu l’esprit catholique de profonde déférence envers le Vicaire du Christ. Il est vrai que cela paraît une première dans ce genre de documents où les papes se cantonnent habituellement aux domaines de la foi, de la morale ou de la défense de la liberté de l’Eglise contre ses injustes persécuteurs.
Mais le dernier pape traditionnel, Pie XII, avait déjà dérogé à cette coutume en abordant près d’une demi-douzaine de fois la question temporelle de la paix sociale et entre les nations. Ce grand pape est aussi réputé par l’étendue des sujets temporels ou profanes de toutes sortes abordés dans ses allocutions quasi quotidiennes adressées, à toutes les catégories d’associations professionnelles qu’il recevait, non sans une science certaine des problèmes propres à chacune d’entre elles, en même temps qu’avec l’élévation du regard de la foi.
Il faut reconnaître qu’on retrouve globalement quelque chose de cela dans «Laudato si». Il y a, dans les première et troisième parties, une analyse précise, complète et pertinente de la pollution de la planète, de ses conséquences graves pour la vie humaine et de ses origines dans les comportements humains. On trouve, dans la deuxième partie, des jugements qui sont de belles considérations à la lumière surnaturelle de l’exégèse ou, dans la sixième partie, des recommandations conformes à la morale naturelle, c.à.d. de bon sens. Ceux plus philosophiques de la quatrième partie, principes d’une vaste stratégie, n’en sont pas dépourvus. La fin de l’encyclique est une belle profession de foi (Trinité, Notre Dame, vision béatifique), compte tenu que, dans l’esprit du pape, cette lettre n’était probablement pas destinée qu’à tous les évêques et fidèles catholiques mais aussi, voire surtout, à tous les responsables politiques du monde entier, chrétiens ou non, étant donné la diffusion médiatique dont il bénéficie, surtout sur un sujet politiquement correct.
On peut en revanche rester sceptique, quant à leur réalisme, à propos des considérations d’ordre politique ou tactique de la cinquième partie (insistance sur le dialogue à tous les niveaux et tous azimuts). Comme on peut rester aussi sur sa faim, dans les recommandations de la sixième partie, quant à l’absence d’insistance sur l’esprit spécifiquement catholique de renoncement ou de sacrifice, opposé au mercantilisme effréné, d’origine surtout protestante, qui a engendré la révolution industrielle et tous ses avatars dont un esprit de jouissance débridé. Il est pourtant et probablement l’une des raisons profondes, donc des plus importantes, de la situation actuelle et catastrophique de la planète. Il y a là, à nos yeux, une grosse lacune qui pourrait rendre vain ce beau déploiement d’efforts en faveur du bien commun universel... Et qui nous ramène à une autre crise au moins aussi grave que l’écologique et qui est, elle, ecclésiologique.
Le dernier synode dans l’Eglise catholique en fut symptomatique. Il a été, en effet, le terrain d’affrontements entre ce qui étonnamment reste encore, après 50 ans de laxisme généralisé, de tenants de la morale traditionnelle sur l’indissolubilité du mariage et les tenants de la politique du poisson crevé qui, en réalité, ne tiennent plus rien mais ne font que suivre l’évolution générale des mœurs vers toujours plus de facilité ou toujours moins d’exigences («être à l’écoute du monde d’aujourd’hui », disent-ils...). Le pape lui-même a semblé malheureusement cautionner ces derniers, juste avant le synode, en simplifiant considérablement, voire en bâclant, la procédure d’annulation (éventuelle) des mariages, ce qui est une manière bien jésuite, en sauvant une apparence d’orthodoxie, de résoudre le problème des « divorcés remariés »... Sans doute était il animé d’une intention miséricordieuse en étant convaincu de la nullité réelle de beaucoup de mariages actuels, faute de connaissance suffisante de toutes ses composantes essentielles, établies une fois pour toutes par Dieu lors de la création de l’homme. Mais cela rappelle la déroute analogue et incroyable parmi les prêtres, au lendemain de Vatican II, qui par milliers furent réduits par Paul VI à l’état laïc pour à peu près le seul motif qu’ils en faisaient la demande!
Le constat sur la nullité de nombreux mariages, pas totalement invraisemblable et terrible, aurait dû alors amener aussi à ceux sur la catéchèse et la prédication habituelles et non moins désastreuses dans l’Eglise depuis un demi siècle: plus de péché originel et personnel, plus d’Enfer et de Purgatoire, plus de confession et de pénitence etc. ou «tout le monde il est beau, il est gentil»! Car cela fait certainement partie de ses causes et pas des moindres. Et amener par conséquent à prôner le retour aux bonnes vieilles méthodes qui ont été capables de former sans discontinuer pendant des siècles des générations de vrais chrétiens auxquelles faisait horreur l’idée même de divorce, entre autres. Comme celui à l’ancienne liturgie d’avant Vatican II puisque, la liturgie étant l’expression naturelle de la foi ou en harmonie avec elle en y disposant et en la réconfortant, celle d’après Vatican II étant au diapason de son vide catéchétique, elle est aussi et sans aucun doute une cause majeure de cette situation catastrophique.
Or force est de constater aussi le grand silence officiel, dans toutes les instances dirigeantes de l’Eglise, sur de telles mesures qui supposent leur mea culpa... Donc même grave lacune que dans les remèdes au problème écologique!
Il y a cependant une lueur d’espoir (en plus de l’espérance surnaturelle dont doit être animé le chrétien même quand il ne semble plus y avoir de raisons humaines d’espérer) face à cette si préjudiciable cécité intellectuelle. Elle réside dans le geste papal d’ouverture on ne peut plus public et tout autant surprenant envers la F.S.S.P.X, à l’occasion de l’année jubilaire qui vient d’être inaugurée, en accordant à ses prêtres, motu proprio et sans le faire dépendre de l’autorisation des évêques, le pouvoir ordinaire de confesser. Encore une manière bien jésuite ou habile de les reconnaître comme vraiment catholiques, avec leur doctrine et les moyens exclusivement traditionnels qu’ils utilisent, en se jouant de la résistance, à leur reconnaissance en bonne et due forme, de la part de la majorité des évêques, qui ont peur d’achever de vider leurs églises, comme d’une minorité bruyante de prêtres, au sein de cette Fraternité elle-même, qui ont peur de faire du bien et de donner le coup de grâce à cette «Eglise conciliaire» moribonde!
B.Y.
«Une encyclique sur l’écologie!» : ainsi se sont gaussés, à la publication de ce long texte de près de 200 pages, certains de ceux qui à force de critiquer ont perdu l’esprit catholique de profonde déférence envers le Vicaire du Christ. Il est vrai que cela paraît une première dans ce genre de documents où les papes se cantonnent habituellement aux domaines de la foi, de la morale ou de la défense de la liberté de l’Eglise contre ses injustes persécuteurs.
Mais le dernier pape traditionnel, Pie XII, avait déjà dérogé à cette coutume en abordant près d’une demi-douzaine de fois la question temporelle de la paix sociale et entre les nations. Ce grand pape est aussi réputé par l’étendue des sujets temporels ou profanes de toutes sortes abordés dans ses allocutions quasi quotidiennes adressées, à toutes les catégories d’associations professionnelles qu’il recevait, non sans une science certaine des problèmes propres à chacune d’entre elles, en même temps qu’avec l’élévation du regard de la foi.
Il faut reconnaître qu’on retrouve globalement quelque chose de cela dans «Laudato si». Il y a, dans les première et troisième parties, une analyse précise, complète et pertinente de la pollution de la planète, de ses conséquences graves pour la vie humaine et de ses origines dans les comportements humains. On trouve, dans la deuxième partie, des jugements qui sont de belles considérations à la lumière surnaturelle de l’exégèse ou, dans la sixième partie, des recommandations conformes à la morale naturelle, c.à.d. de bon sens. Ceux plus philosophiques de la quatrième partie, principes d’une vaste stratégie, n’en sont pas dépourvus. La fin de l’encyclique est une belle profession de foi (Trinité, Notre Dame, vision béatifique), compte tenu que, dans l’esprit du pape, cette lettre n’était probablement pas destinée qu’à tous les évêques et fidèles catholiques mais aussi, voire surtout, à tous les responsables politiques du monde entier, chrétiens ou non, étant donné la diffusion médiatique dont il bénéficie, surtout sur un sujet politiquement correct.
On peut en revanche rester sceptique, quant à leur réalisme, à propos des considérations d’ordre politique ou tactique de la cinquième partie (insistance sur le dialogue à tous les niveaux et tous azimuts). Comme on peut rester aussi sur sa faim, dans les recommandations de la sixième partie, quant à l’absence d’insistance sur l’esprit spécifiquement catholique de renoncement ou de sacrifice, opposé au mercantilisme effréné, d’origine surtout protestante, qui a engendré la révolution industrielle et tous ses avatars dont un esprit de jouissance débridé. Il est pourtant et probablement l’une des raisons profondes, donc des plus importantes, de la situation actuelle et catastrophique de la planète. Il y a là, à nos yeux, une grosse lacune qui pourrait rendre vain ce beau déploiement d’efforts en faveur du bien commun universel... Et qui nous ramène à une autre crise au moins aussi grave que l’écologique et qui est, elle, ecclésiologique.
Le dernier synode dans l’Eglise catholique en fut symptomatique. Il a été, en effet, le terrain d’affrontements entre ce qui étonnamment reste encore, après 50 ans de laxisme généralisé, de tenants de la morale traditionnelle sur l’indissolubilité du mariage et les tenants de la politique du poisson crevé qui, en réalité, ne tiennent plus rien mais ne font que suivre l’évolution générale des mœurs vers toujours plus de facilité ou toujours moins d’exigences («être à l’écoute du monde d’aujourd’hui », disent-ils...). Le pape lui-même a semblé malheureusement cautionner ces derniers, juste avant le synode, en simplifiant considérablement, voire en bâclant, la procédure d’annulation (éventuelle) des mariages, ce qui est une manière bien jésuite, en sauvant une apparence d’orthodoxie, de résoudre le problème des « divorcés remariés »... Sans doute était il animé d’une intention miséricordieuse en étant convaincu de la nullité réelle de beaucoup de mariages actuels, faute de connaissance suffisante de toutes ses composantes essentielles, établies une fois pour toutes par Dieu lors de la création de l’homme. Mais cela rappelle la déroute analogue et incroyable parmi les prêtres, au lendemain de Vatican II, qui par milliers furent réduits par Paul VI à l’état laïc pour à peu près le seul motif qu’ils en faisaient la demande!
Le constat sur la nullité de nombreux mariages, pas totalement invraisemblable et terrible, aurait dû alors amener aussi à ceux sur la catéchèse et la prédication habituelles et non moins désastreuses dans l’Eglise depuis un demi siècle: plus de péché originel et personnel, plus d’Enfer et de Purgatoire, plus de confession et de pénitence etc. ou «tout le monde il est beau, il est gentil»! Car cela fait certainement partie de ses causes et pas des moindres. Et amener par conséquent à prôner le retour aux bonnes vieilles méthodes qui ont été capables de former sans discontinuer pendant des siècles des générations de vrais chrétiens auxquelles faisait horreur l’idée même de divorce, entre autres. Comme celui à l’ancienne liturgie d’avant Vatican II puisque, la liturgie étant l’expression naturelle de la foi ou en harmonie avec elle en y disposant et en la réconfortant, celle d’après Vatican II étant au diapason de son vide catéchétique, elle est aussi et sans aucun doute une cause majeure de cette situation catastrophique.
Or force est de constater aussi le grand silence officiel, dans toutes les instances dirigeantes de l’Eglise, sur de telles mesures qui supposent leur mea culpa... Donc même grave lacune que dans les remèdes au problème écologique!
Il y a cependant une lueur d’espoir (en plus de l’espérance surnaturelle dont doit être animé le chrétien même quand il ne semble plus y avoir de raisons humaines d’espérer) face à cette si préjudiciable cécité intellectuelle. Elle réside dans le geste papal d’ouverture on ne peut plus public et tout autant surprenant envers la F.S.S.P.X, à l’occasion de l’année jubilaire qui vient d’être inaugurée, en accordant à ses prêtres, motu proprio et sans le faire dépendre de l’autorisation des évêques, le pouvoir ordinaire de confesser. Encore une manière bien jésuite ou habile de les reconnaître comme vraiment catholiques, avec leur doctrine et les moyens exclusivement traditionnels qu’ils utilisent, en se jouant de la résistance, à leur reconnaissance en bonne et due forme, de la part de la majorité des évêques, qui ont peur d’achever de vider leurs églises, comme d’une minorité bruyante de prêtres, au sein de cette Fraternité elle-même, qui ont peur de faire du bien et de donner le coup de grâce à cette «Eglise conciliaire» moribonde!
B.Y.