SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - 27 février 2016
Comme dans toute société humaine, la Fraternité Saint-Pie X n’a jamais empêché ses membres d’adopter des idées personnelles, voire de ferrailler en privé sur des questions diverses n’engageant pas la foi. En même temps, comme toute société religieuse hiérarchique, elle ne peut se permettre les prises de position répétées allant publiquement à l’encontre de la ligne générale de la FSSPX, qui est celle qui est établie habituellement par le conseil général (le supérieur général et ses deux assistants) et occasionnellement par le chapitre général (40 membres).
La question des relations avec Rome du fait de la genèse de la FSSPX a déchaîné les passions, entraîné les évictions. Mgr Lefebvre - afin d’éviter l’anarchie qui est l’apanage des protestants - a demandé à ceux qui ne voyaient plus l’intérêt de son combat (défense de la liturgie et de la doctrine traditionnelles) de prendre leurs distances. De même qu’il a exigé de ceux qui extrapolaient les jugements en doutant des promesses faites à Pierre de gagner d’autres horizons. C’est une histoire pénible mais bien compréhensible du fait de l’âpreté de la situation et de la nécessité de tenir un discours clair (d’un côté comme de l’autre). Aussi, la question des relations entre la FSSPX et le Saint-Siège relève-t-elle de la Maison générale. C’était déjà ainsi il y a bien des années.
Que des opinions s’expriment est une chose, mais elles ne peuvent constituer des « écoles » à juxtaposer, d’autant plus qu’il est tentant d’imaginer que la Fraternité serait un triumvirat d’évêques (cf. ce texte de 2008). En l’occurrence, Mgr de Galarreta propose une vision très proche des récents discours américains du supérieur général et on peut le penser missionné, dans la mesure où il apporte beaucoup de détails sur les pourparlers entre la Maison Générale et Rome, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Une lettre interne des évêques auxiliaires de la FSSPX exprimant des mises en garde privées à l’encontre de la Maison Générale avait fuité en 2012 et elle avait eu un effet catastrophique car elle visait à faire pression sur les esprits extérieurs et à faire penser à une opposition, en transformant de façon malhonnête des jugements privés en prises de position publiques. Avec le temps, cet acte de piratage a eu pour conséquence de rendre la situation assez claire pour les évêques : l’un d’eux a multiplié les critiques publiques pour aboutir à son éviction, les deux autres ont multiplié les marques de leur attachement à leurs supérieurs, conformément au vœu de leur fondateur : « je vous conjure de demeurer attachés à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, de demeurer profondément unis entre vous, soumis à son Supérieur Général, dans la foi catholique de toujours ».