Le précédent numéro de DICI (n°331 du 26/02/16)
publiait des extraits de la conférence que Mgr Alfonso de Galarreta a
donnée à Bailly, le 17 janvier 2016. Avec beaucoup de prudence, le prélat
argentin évoquait la possibilité d’une reconnaissance unilatérale de la
Fraternité Saint-Pie X par le pape François. Il déclarait : « Je pense
que le pape va aller dans le sens d’une reconnaissance unilatérale de la
Fraternité, et plutôt par la voie des faits que par une voie de droit ou
légale, canonique », et il tenait à préciser : « Dans ce cas
hypothétique, – je vous donne mon opinion sur des conjectures, n’est-ce
pas ? – dans ce cas-là je pense qu’on aura les grâces nécessaires pour
persévérer et pour faire le bien que nous devons faire dans la Sainte
Eglise ».
Les commentaires dans la presse
n’ont pas toujours eu cette prudence. Le Temps du 2 mars
titrait : « Fraternité Saint-Pie-X : vers le grand pardon »,
sans même un point d’interrogation. Selon le quotidien genevois, « Pour
l’un des évêques de la Fraternité, Mgr Alfonso de Galarreta, argentin,
l’affaire est entendue », et d’ajouter : « On est tout près de
la rémission totale », et plus loin : « Le feu est donc au
vert »… On peut toutefois relever dans cet article une déclaration du P. Albert
Longchamp s.j. qui exprime, sinon une retenue, du moins une inquiétude sur
cette hypothétique reconnaissance, présentée comme certaine et imminente. Le
religieux suisse se demande « si le pape mesure bien les répercussions
éventuelles d’une reconnaissance pour le Valais, alors même que ce mouvement
fondamentaliste (sic) convainc de plus en plus de fidèles ». De plus en
plus de fidèles… Dont acte.
Plus réservée, La Croix du
26 février s’est contentée d’intituler des citations extraites de la conférence
de Mgr de Galarreta : « La FSSPX croit possible une reconnaissance
unilatérale par le pape ».
Dans l’édition italienne de
Zenit, datée du 28 février, Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission
Ecclesia Dei, donnait le point de vue romain sur l’état des relations entre la
Fraternité Saint-Pie X et le Vatican. Il déclarait : « la Fraternité
Saint-Pie X est encore dans une situation irrégulière, parce qu’elle n’a pas
reçu la reconnaissance canonique par le Saint-Siège. Tant que la Fraternité n’a
pas de statut canonique dans l’Eglise, ses ministres n’exercent pas de manière
légitime le ministère ni la célébration des sacrements », et tenait à
rappeler « ce qui est nécessaire pour être en pleine communion avec le
Siège apostolique, à savoir l’intégrité du Credo catholique, le lien des
sacrements et l’acceptation du magistère suprême de l’Eglise. »
Le Nouvelliste du 5 mars
titrait en Une : « Il faudra des années pour un retour d’Ecône dans
l’Eglise ». Le quotidien valaisan rapportait les propos de Mgr Bernard
Fellay, recueillis au téléphone, mais le titre les déformait, car le Supérieur
général ne disait pas que la Fraternité Saint-Pie X était hors de l’Eglise, il
déclarait : « A mon avis, ce n’est pas pour demain. Cela peut encore
prendre des années », ajoutant : « Dans cette affaire, il ne
faut pas de précipitation. Vous savez, ce sont des choses qui durent depuis
l’an 2000 et qui font peu à peu leur chemin. Mais cela prend du temps ». Et de
préciser au Nouvelliste : « ‘Il y a beaucoup de blessures, et il
faut les panser avant de pouvoir discuter sereinement’, ajoute Mgr Fellay. Il
se dit cependant ouvert à la discussion avec le Vatican. Mais pas aux
concessions. ‘Quand il s’agit de la foi, il n’est pas question de concessions.
Il faut avoir une position claire et il faut l’unité. Cela peut prendre encore
plusieurs années’, ajoute encore Mgr Fellay. »
Face à ces titres en décalage
avec le contenu des articles, au lieu d’offrir au lecteur de nouveaux
commentaires, nous préférons lui donner les moyens de se faire une idée juste,
c’est pourquoi nous publierons la transcription intégrale de la conférence de
Mgr de Galarreta à Bailly, dans le prochain numéro de Nouvelles de Chrétienté (n°158
– mars/avril 2016). Et nous interrogerons bientôt Mgr Fellay sur l’état précis
des relations entre la Fraternité Saint-Pie X et Rome.
(Sources : Le Temps/La
Croix/ Zenit/Nouvelliste – DICI n°332 du 11/03/16)